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Kant: "Qu'Est Ce Que Les Lumières ?"

Publié le 29/07/2010

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kant

 

INTRODUCTION Ce texte est extrait d’un opuscule d’une dizaine de pages intitulé « Was ist Aufklärung ? « (= Qu’est-ce que les Lumières ?), écrit par Kant en 1784. A cette date, nous ne sommes pas encore à l’âge des Lumières, mais seulement dans une époque d’accession aux Lumières. Les penseurs de cette époque, dont Kant fait partie, ont marqué leur domaine du savoir et de l’art par leurs questions et leurs critiques fondées sur la « raison éclairée « de l’être humain et sur l’idée de liberté. Les valeurs essentielles qu’ils ont défendues lors de débats publics, ouverts et contradictoires sont la tolérance, la liberté, l’égalité et l’humanité. Kant est un des grands penseurs des Lumières. Il est allemand et procède à l’examen de la raison humaine, et notamment du rapport entre la raison et l’éthique morale, par une approche didactique (soucieuse d’enseignement) et une vulgarisation (se mettre à la portée de tous). Dans son texte argumentatif, Kant utilise une démarche claire et méthodique. Dans une 1ère partie, il définit les lumières, puis cherche les causes de la minorité : paresse et lâcheté. Nous commenterons sa thèse selon laquelle peu d’hommes sont capables de devenir majeures et préfèrent par paresse ou lâcheté rester dépendant. Dans une deuxième partie, nous tenterons d’analyser les obstacles qui ne favorisent pas le recours à la raison de chaque individu. Enfin, nous essaierons d’ouvrir le débat sur l’introduction à la philosophie proposée par l’auteur. DEVELOPPEMENT 1ere partie Selon Kant, les Lumières « C’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable «. Les hommes sont eux-mêmes responsables de leur assujettissement. L’auteur affirme par l’usage de possessif « son «, « ton « que chaque homme dispose d’un entendement. C’est un constat partagé avec Descartes, à savoir que tous les hommes ont à disposition la même raison. L’utilisation du vocabulaire de l’absence « incapacité «, « manque «, indique entre autre que l’homme n’use pas de sa capacité à raisonner. Cette responsabilité est renforcée par la formule insistante « il « + « lui-même «, qui souligne et désigne le coupable. Les mineurs sont donc responsables. Ils sont même majoritairement responsables de la situation de soumission dans laquelle ils se trouvent puisque c’est à eux de se servir de leur propre entendement pour se libérer du joug des tuteurs Kant entend par minorité l’incapacité de l’homme à raisonner par lui-même. L’homme qui reste dans sa minorité est l’homme qui se complaît à se soumettre aux décisions, choix et opinions d’autorités qu’il considère comme supérieures, c’est l’homme qui se facilite l’existence en ne prenant pas la peine de réfléchir aux choses puisque l’on réfléchit à sa place. C’est par paresse et lâcheté si les hommes tolèrent que l’on décide pour eux, pensant que cela les préservera de toute inquiétude. La minorité apparaît dans l’opposition des mots « homme « et « autrui «. Les termes « direction d’autrui « nous renvoie au rapport de dépendance. Kant réfute la cause selon laquelle la nature serait un obstacle à l’entendement. Le lecteur ne peut se réfugier derrière des prétextes. La liberté n’est donc pas à conquérir contre un ennemi extérieur, mais contre soi-même. 2ème partie Kant a mis en évidence le fait que les mineurs étaient coupables. Cependant, il énonce clairement que les tuteurs sont condamnables dans la mesure où ils profitent de la soumission des mineurs dans le but de leur imposer leurs choix, opinions et décisions. La soumission apparaît dans les termes « à ma place «, « tient lieu «, « pour moi «. C’est en faisant croire à la difficulté qu’engendre l’utilisation de l’entendement que les tuteurs gardent une emprise sur ces hommes dont « la minorité est presque devenue une nature «. L’auteur oppose 2 minorités : la minorité naturelle, liée à l’âge (père/tuteur) et la minorité éternelle contre nature (vie durant/depuis longtemps). L’usage de l’exclamatif et de l’interrogation a pour but d’impliquer le lecteur et de le vexer. L’ironie atteint son paroxysme lorsque Kant fait allusion à l’argent. Demeurer mineur au-delà de l’enfance est un choix. La véritable liberté, à laquelle tout homme est destiné et qui le fera seule devenir lui-même, est la responsabilité. C’est le fruit d’un difficile exercice. La responsabilité demande aussi du courage. Courage de discuter et de prendre la parole, courage de raisonner et de rechercher par soi-même vérité et justice. « Il est si commode d’être sous tutelle. Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur, qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc. ..., je n’ai vraiment pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail fastidieux «. Pour sortir de l’insoumission ou de la dépendance, pour quitter la tutelle bienheureuse de l’enfance comme la liberté sauvage de l’indépendance, pour accéder à la liberté - responsabilité, une certaine discipline et un dur travail de développement des facultés intellectuelles et physiques sont nécessaires. Kant fustige une certaine forme d’éducation contraire l’esprit des Lumières. La stratégie des tuteurs repose sur la stupidité « rendre stupide « et la peur. 2 métaphores filées vexantes pour l’homme sont mises en place pour accentuer le constat. L’individu y est dévalorisé, considéré comme un animal, du bétail, enfermé dans un parc, arrêté dans son souci de liberté par les dangers menaçants « oser «, « danger «, « menacer « et la peur de l’accident. Kant attire notre attention sur la gravité de la minorité à vouloir s’aliéner, être servile et se complaire dans sa minorité. Les ¾ du texte accusent l’homme. Cependant, l’auteur apporte des nuances et met l’accent sur la difficulté du passage à la majorité. Sortir de sa minorité est une tâche difficile qui exige courage et volonté. Nous ne pensons pas par nous-mêmes parce qu’il est plus aisé de suivre les opinions des autres. Il est important de comprendre que l’esclavage d’esprit est plus confortable que la liberté et que pour cette raison, il est facile aux tyrans, que Kant appelle « tuteurs «, de régner sur les esprits. Et comme tous sont habitués à ne pas penser mais à suivre, il ne peut que leur être très difficile (dans un premier temps), de se lancer dans l’aventure de la pensée. Si l’entendement est bien un don naturel, il n’existe que si l’on s’en sert bien, et avec obstination. Cette démarche difficile de passage à la majorité est avant tout un travail de transformation sur soi-même, sur son propre esprit. L’union des forces et le groupe peuvent faciliter cette démarche. Ce texte est optimiste, car Kant croit en l’homme et lui donne des moyens pour progresser. 3ème partie La liberté est considérée comme une fin et un moyen afin d’accéder à l’autonomie. Un homme éclairé est un homme qui pense par lui-même et vit selon sa propre raison, non ce que lui disent des maîtres, politiques, savants ou médecins. Il est adulte. Idéalement, la philosophie se situe au point de renversement et de passage de la tutelle à la maturité de l’âge « majeur «, dont chacun sait qu’il n’a pas de fin. Le « penser par soi-même « refuse la passivité. Il ne faut accepter aucun savoir, aucun dogme, aucune doctrine, aucun avis, sans l’examiner par soi-même, simplement parce qu’ils seraient admis par une personne que nous estimons, fût-elle fort sage. Il ne faut pas, non plus, se soumettre à l’opinion commune et à la seule autorité des convenances et de la société. « Habitude, inclination, imitation « sont les trois racines du préjugé. Philosopher, c’est se servir de sa propre raison, douter, mettre en suspens, utiliser le « procédé critique qui consiste à remonter aux sources des affirmations et objections, et aux fondements sur lesquels elles reposent pour espérer atteindre la certitude «. Ou encore, user de sa propre raison c’est chercher à comprendre - à former l’idée ou le concept de..., à raisonner - chercher les preuves, à juger enfin - trancher ; par soi-même. Kant justifie la fin de la minorité morale de chacun et l’accès à la majorité du courageux qui brisera les tutelles, forgées et acceptées par lâch eté, paresse et convention. Devenir moralement majeur, c’est échapper aux préjugés qui forgent l’autorité infondée des tuteurs. Kant exhorte surtout chacun à briser par l’usage public de la raison tout ce qui conforte à vivre dans le conformisme et la soumission à des autorités extérieures. Les Lumières constituent donc la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle. Tutelle construite par lui-même, contre lui-même. La servitude de chacun résulte d’une insuffisance morale à raisonner. Etre libre, c’est penser « sans la conduite d’un autre «. CONCLUSION Le postulat de Kant, confirmé à la lecture des paragraphes suivants, est qu’il ne suffit pas qu’un homme ait la possibilité de dire et de croire n’importe quoi pour qu’il pense réellement par lui-même et soit sorti de la minorité. Il n’y a pas de liberté sans courage intellectuel. L’obscurantisme est le contraire des Lumières et le fondement de toutes les oppressions politiques et religieuses. Les ennemis des Lumières considèrent en effet que l’ordre social et la religion sont menacés si chacun vit selon son propre jugement. Ils veulent maintenir le despotisme, craignant le renversement de l’ordre établi. Or, les hommes des Lumières croient au progrès possible des connaissances, à la capacité de la raison à saper les conventions, les usages et les institutions qui contredisent la nature et la justice. Pour conclure, il s’agit peut être là d’une introduction à la philosophie, car « philosopher «, écrivait la marquise de Lambert en 1715, « c’est rendre à la raison toute sa dignité et la faire rentrer dans ses droits ; c’est secouer le joug de la tradition et de l’autorité «. PISTES DE REFLEXION : Tuteurs / mineurs à l’heure actuelle : - dirigeants politiques - conformisme télévisuel, sondage d’opinion, tyrannie de l’économie du marché - prêt-à-porter culturel  - retour à l’ordre moral Aujourd’hui fragilisé par le recul inexorable de la culture livresque et l’emprise grandissante d’une presse « qui vide les esprits «, l’usage public de notre raison devrait à tout moment être libre. En effet, seul cet usage peut répandre les Lumières parmi les hommes, selon Kant, c'est-à-dire émanciper l’esprit critique. La Minorité : La minorité dont il est question n’est pas juridique ; ce n’est pas cet état que l’on quitte une fois atteint l’âge fixé par la loi. C’est une sorte de minorité d’esprit et de volonté, qui consiste à déléguer à d’autres le soin de penser et de choisir ; par exemple en se fiant paresseusement à un maître à penser ou à un confesseur, plutôt que de faire usage de sa raison et de sa conscience. Même celui qui est résolu à penser par lui-même plutôt que par autrui est exposé à laisser par moments dormir son jugement et à retomber ainsi en enfance. L’émancipation n’est jamais définitive, ni acquise. On ne quitte en effet la minorité d’esprit qu’aussi longtemps seulement qu’on fait effort pour juger soi-même. C’est pourquoi Kant parle de sortir d’un état et non d’entrer dans un autre. L’échappée est toujours à refaire. La devise des Lumières est donc une tâche indéfinie qui, ayant un commencement, ne peut avoir de terme.

 

kant

« l'homme sont mises en place pour accentuer le constat.

L'individu y est dévalorisé, considéré comme un animal, dubétail, enfermé dans un parc, arrêté dans son souci de liberté par les dangers menaçants « oser », « danger »,« menacer » et la peur de l'accident.

Kant attire notre attention sur la gravité de la minorité à vouloir s'aliéner, êtreservile et se complaire dans sa minorité. Les ¾ du texte accusent l'homme.

Cependant, l'auteur apporte des nuances et met l'accent sur la difficulté dupassage à la majorité.Sortir de sa minorité est une tâche difficile qui exige courage et volonté.

Nous ne pensons pas par nous-mêmesparce qu'il est plus aisé de suivre les opinions des autres.

Il est important de comprendre que l'esclavage d'esprit estplus confortable que la liberté et que pour cette raison, il est facile aux tyrans, que Kant appelle « tuteurs », derégner sur les esprits.

Et comme tous sont habitués à ne pas penser mais à suivre, il ne peut que leur être trèsdifficile (dans un premier temps), de se lancer dans l'aventure de la pensée. Si l'entendement est bien un don naturel, il n'existe que si l'on s'en sert bien, et avec obstination.

Cette démarchedifficile de passage à la majorité est avant tout un travail de transformation sur soi-même, sur son propre esprit.L'union des forces et le groupe peuvent faciliter cette démarche.Ce texte est optimiste, car Kant croit en l'homme et lui donne des moyens pour progresser. 3ème partie La liberté est considérée comme une fin et un moyen afin d'accéder à l'autonomie.Un homme éclairé est un homme qui pense par lui-même et vit selon sa propre raison, non ce que lui disent desmaîtres, politiques, savants ou médecins.

Il est adulte.Idéalement, la philosophie se situe au point de renversement et de passage de la tutelle à la maturité de l'âge« majeur », dont chacun sait qu'il n'a pas de fin.

Le « penser par soi-même » refuse la passivité.

Il ne faut accepteraucun savoir, aucun dogme, aucune doctrine, aucun avis, sans l'examiner par soi-même, simplement parce qu'ilsseraient admis par une personne que nous estimons, fût-elle fort sage.

Il ne faut pas, non plus, se soumettre àl'opinion commune et à la seule autorité des convenances et de la société.

« Habitude, inclination, imitation » sontles trois racines du préjugé.

Philosopher, c'est se servir de sa propre raison, douter, mettre en suspens, utiliser le« procédé critique qui consiste à remonter aux sources des affirmations et objections, et aux fondements surlesquels elles reposent pour espérer atteindre la certitude ».

Ou encore, user de sa propre raison c'est chercher àcomprendre - à former l'idée ou le concept de..., à raisonner - chercher les preuves, à juger enfin - trancher ; parsoi-même.Kant justifie la fin de la minorité morale de chacun et l'accès à la majorité du courageux qui brisera les tutelles,forgées et acceptées par lâcheté, paresse et convention.

Devenir moralement majeur, c'est échapper aux préjugésqui forgent l'autorité infondée des tuteurs.

Kant exhorte surtout chacun à briser par l'usage public de la raison toutce qui conforte à vivre dans le conformisme et la soumission à des autorités extérieures.

Les Lumières constituentdonc la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle.

Tutelle construite par lui-même, contre lui-même.

La servitude dechacun résulte d'une insuffisance morale à raisonner.

Etre libre, c'est penser « sans la conduite d'un autre ». CONCLUSION Le postulat de Kant, confirmé à la lecture des paragraphes suivants, est qu'il ne suffit pas qu'un homme ait lapossibilité de dire et de croire n'importe quoi pour qu'il pense réellement par lui-même et soit sorti de la minorité.

Iln'y a pas de liberté sans courage intellectuel. L'obscurantisme est le contraire des Lumières et le fondement de toutes les oppressions politiques et religieuses.

Lesennemis des Lumières considèrent en effet que l'ordre social et la religion sont menacés si chacun vit selon sonpropre jugement.

Ils veulent maintenir le despotisme, craignant le renversement de l'ordre établi.

Or, les hommes desLumières croient au progrès possible des connaissances, à la capacité de la raison à saper les conventions, lesusages et les institutions qui contredisent la nature et la justice. Pour conclure, il s'agit peut être là d'une introduction à la philosophie, car « philosopher », écrivait la marquise deLambert en 1715, « c'est rendre à la raison toute sa dignité et la faire rentrer dans ses droits ; c'est secouer le jougde la tradition et de l'autorité ». PISTES DE REFLEXION : Tuteurs / mineurs à l'heure actuelle :- dirigeants politiques- conformisme télévisuel, sondage d'opinion, tyrannie de l'économie du marché- prêt-à-porter culturel - retour à l'ordre moralAujourd'hui fragilisé par le recul inexorable de la culture livresque et l'emprise grandissante d'une presse « qui videles esprits », l'usage public de notre raison devrait à tout moment être libre.

En effet, seul cet usage peut répandreles Lumières parmi les hommes, selon Kant, c'est-à-dire émanciper l'esprit critique. La Minorité :La minorité dont il est question n'est pas juridique ; ce n'est pas cet état que l'on quitte une fois atteint l'âge fixé. »

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