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Jean-Pierre Léaud, ou le triomphe d'un anti-héros

Publié le 04/12/2018

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Doinel, le temps de l’insouciance et des glorieuses années de la nouvelle vague paraissait décidément bien enfui - la mort de François Truffaut allait le confirmer bientôt tragiquement. En 1984, l’apparition de Léaud dans Détective de Jean-Luc Godard n’en fut que plus marquante. « Truffaut est mon père, et Godard, mon oncle », avait-il déclaré. De fait, le metteur en scène de la Chinoise rappelait opportunément que Léaud restait l’un des acteurs français les plus originaux et qu’il pouvait être un précieux recours pour le jeune cinéma. Ses rôles les plus récents en ont apporté la preuve. Si la Naissance de l’amour de Philippe Garrel ne lui offre pas un véritable changement de cap, les Keufs de Josiane Balasko, où il incarne un irrésistible personnage de policier hystérique, illustre bien sa capacité à remettre radicalement en cause son image. Certains films reposent même entièrement sur sa personnalité, comme le remarquable J’ai engagé un tueur d’Aki Kaurismâki (1990) : à la limite du mutisme, errant à travers un Londres blafard, Jean-Pierre Léaud sert admirablement le comique désespéré du récit en incarnant un personnage sombre et pathé

«Jean-Pierre Léaud est, selon moi, le meilleur acteur de sa génération et il serait injuste d’oublier qu’Antoine Doinel n’est pour lui qu’un des personnages qu’il a joués », soulignait François Truffaut. Or, de jeunes cinéastes ont ces dernières années donné l’occasion à Jean-Pierre Léaud de rappeler l’étendue de son registre. S’il est demeuré le même « comédien halluciné », l’acteur fétiche de la nouvelle vague n’en a pas moins su déjouer l’attente du spectateur et se délivrer de rôles trop contraignants, ainsi qu ’en témoigne Pour rire !, comédie de Lucas Belvaux, sortie sur les écrans en 1997.

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