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Jean-Paul SARTRE: « si Dieu n'existait pas, tout serait permis »

Publié le 03/04/2005

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Dostoïevski avait écrit : « si Dieu n'existait pas, tout serait permis ». C'est là le point de départ de l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n'avons ni derrière nous ni devant nous, dans le domaine numineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait. Jean-Paul SARTRE

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« avec la religion ou tout du moins l'idée d'un Dieu.

Pascal identifiait ainsi dans ses Pensées un Dieu des philosophes. Or, ce dieu pour tous se caractérisait par son éternité et sa perfection.

Platon, dans l'antiquité, voyait dans leroyaume divin l'opposé du monde sensible : éternel, immuable et unique.

De même, Descartes dans ses médiationsmétaphysiques identifiaient la figure de Dieu comme étant infini : non limité dans l'espace mais aussi non soumis autemps.

C'est d'ailleurs Dieu qui est garant pour le philosophe français de nos idées, connaissances du mondeextérieur, parce qu'il a mis en nous des idées innées telles que l'infini.

De fait, la déclaration nietzschéenneannonçant la mort de Dieu réfuterait l'essence même de la divinité.

Mais il ne faut pas prendre « dieu est mort »dans le sens réelle et physique de la mort.

La mort de Dieu se joue sur un plan morale.

Cette annonce n'a rien d'uneprophétie ; il s'agit plutôt d'un constat : les valeurs chrétiennes qui régissaient toute la société ont perdu de leurforce et commencent à disparaître.

Or, la mort de dieu est surtout la fin de valeurs fixées par l'église.

Sartre prendacte de cette mort constatée par Nietzsche, il en fait même tout le point de départ de son analyse sur la liberté.

Ils'agit dans ce texte de comprendre ce que la religion faisait pesait sur nos actions.

Pourquoi la mort de Dieu aurait-une incidence sur la liberté et l'existence humaine ? Pourquoi devenons responsable sans le Dieu ? N'est-ce pasplutôt le contraire, si aucun enfer nous attend, ne pouvons-nous pas faire tout ce que nous voulons sans peur deconséquence, dans l'inconscience totale ? La mort de dieu : la disparition de la morale 1.

La mort de Dieu : disparition de la peur de l'enfer - La première phrase du texte reprend une citation d'un personnage de Doestoïvski qui attribue à l'absence de Dieuune conséquences radicale.

Cette phrase est construite selon un schéma « si…alors », avec une hypothèse – lanon-existence de Dieu- et une conclusion – « tout est permis ».

Il y a donc un lien logique entre ces deux faits queSartre n'explique pas du tout.

Pourquoi l'absence de Dieu nous permettrait de lever tous les interdits ? Tout d'abord, il faut souligner l'incroyable influence des dogmes religions et particulièrement catholiques sur l'histoirede notre civilisation occidentale et sur la tradition philosophique française et européenne.

La religion catholique nousenseigne ainsi que la vie sur terre, la vie humaine n'est qu'un moment de notre existence, puisque l'âme estconsidérée comme immortelle.

Il y a après la mort un au-delà qui peut être un enfer ou un paradis, retour dans lademeure divine.

Cependant, l'accès à cet au-delà est soumis à notre comportement ici bas, dans le monde sensible.C'est bien la peur de l'enfer qui nous pousse à confesser les pêchés aux personnes religieuses.

Il y aurait donc enaffirmant la non-existence de Dieu, une conséquence première qui est que les gens n'auraient plus peur de mal secomporter et feraient donc ce qu'ils veulent.

Nietzsche identifie déjà ce danger dans Ainsi parlait Zarathoustra .

Il évoque ainsi ce qu'il nomme « les derniers hommes » qui ont bien pris en compte la mort de Dieu mais qui en tire lesmauvaises conséquences, qui mèneront à la ruine de l'espèce humaine.

Il n'y a plus d'interdiction. 2.

L'absence de Dieu : la disparition des lois morales préétablies - Dans un second temps, hormis cette thèse sombre sur l'identification de la conduite morale à la seule peur del'enfer, il faut bien comprendre que pendant longtemps, ce sont les religions qui ont fourni les morales et valeurs quifondent notre société.

Qu'est-ce qu'une morale ? C'est un ensemble de règles qui nous indiquent comment bienvivre.

Remarquons ainsi que nos règles aujourd'hui tiennent encore des lois morales imposées par le catholicisme :monogamie, mariage, etc… Remettre en cause l'existence de Dieu, c'est détruire du même coup tout le fondementde notre morale, enlever aux règles et aux lois leur nécessité.

Nietzsche reconnaît la crise que la mort de Dieureprésente pour les considérations morales établies (dévalorisation des valeurs supérieures).

Il écrit ainsi dans Le crépuscule des idoles : « En renonçant à la foi chrétienne, on se dépouille du droit à la morale chrétienne.

Celle-ci ne va absolument pas de soi (…).

Le christianisme est un système, une vision des choses totale et où tout se tient. Si l'on en soustrait un concept fondamental, la foi en Dieu, on brise également le tout du même coup.

» 3.

Il n'y a pas de valeurs qui régissent l'action humaine De fait, plus aucun système de valeur ou de règles ne peuvent guider l'action humaine.

C'est en ce sens que l'auteurparle d'un homme « délaissé », qui ne peut « s'accrocher » à quoique ce soit.

Puisqu'il n'y a pas de Dieu, il ne fautpas chercher à l'extérieur des aides, des conseils pour agir dans le monde.

Pourquoi par contre, Sartre affirme qu'iln'y en a pas non plus à l'intérieur de l'homme ? Il signifie juste que Dieu n'a pas mis dans l'homme des règles moralesqu'il lui faudrait retrouver.

L'homme ne trouvera rien en lui-même de déjà établi pour diriger son action.

Il ne peuts'accrocher à aucune aide.

Il faut bien comprendre ici que quand Sartre nous dit « tout est permis », il n'insiste pasles gens à faire n'importe quoi.

Il fait seulement remarquer qu'il n'y a aucune interdiction inscrite dans la nature etque donc il revient à l'homme lui-même de décider, de réfléchir et non de se laisser guider.

Il semble d'ailleurs queSartre ne soit pas particulièrement heureux de cette absence de Dieu, cela rend les choses beaucoup pluscompliquées pour les hommes.

Il écrit toujours dans le même ouvrage : « L'existentialiste, au contraire, pense qu'ilest très gênant que Dieu n'existe pas, car avec lui disparaît toute possibilité de trouver des valeurs dans un cielintelligible ; il ne peut plus y avoir de bien a priori » Sartre identifie cette disparition de systèmes rigides de morales au fondement de l'existentialisme. Nous sommes absolument libres 1.

Essence et existence. »

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