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« Je dirai de l'argent ce qu'on disait de Caligula, qu'il n'y avait jamais eu un si bon esclave et un si méchant maître ». Mes Pensées, 1127 Montesquieu, Charles de Secondat, baron de ?

Publié le 04/01/2010

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esclave

 L'argent est le moyen ou l'instrument permettant d'acquérir des biens. Caligula était un empereur romain qui, atteint d'une grave maladie, tomba dans le despotisme et la mégalomanie. Quel peut être alors le rapport que dresse Montesquieu entre l'argent et Caligula ? A n'en pas douter, il s'agit d'une critique de l'argent mais surtout de ce qu'il représente et du culte que l'on peut lui vouer. Mais est-ce à dire alors que l'argent est aussi atteint par une forme de maladie ? En effet, le rapport entre l'esclavage et le bon maître peut se comprendre en deux sens. Au début de son règne, Caligula était juste jusqu'à sa maladie. En ce sens, on peut dire qu'il aurait été un bon esclave de Rome dans la conduite des affaires pour devenir par la suite un maître despote. Peu convaincante, on peut plutôt dire que l'homme est dans les cas un esclave mais qui se soumet volontairement à sa puissance, est docile face à lui alors qu'il n'a affaire qu'à un être assoiffé de son sang. Dès lors, il s'agit de question le sens, le fondement et la valeur de cette puissance de l'argent.

            Si l'argent est roi (1ère partie), il convient d'en étudier le fondement (2nd partie) pour établir justement son changement presque maladif c'est-à-dire son pouvoir usurpé (3ème partie).

 

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« l'icône des temps modernes ce qui n'est rien d'autre que le retour du « Veau d'or » biblique.c) Ainsi, l'argent est roi.

L'argent est ce moyen que les hommes ont trouvé afin de définir un étalon objectif entreles choses dans le but de rendre les échanges plus faciles que ce que le troc permet.

Ainsi le but de l'argent estl'achat donc la consommation.

L'argent n'est pas qu'un simple outil : il fait l'être ; notamment l'être social.

En effet,l'argent est ce avec quoi je peux consommer, acheter.

Néanmoins contrairement à ce que l'on pourrait penser,l'argent crée l'être en tant qu'il y a une identification voire une incarnation de l'argent et des biens acheté dans lapersonne.

Ainsi je suis ce que l'argent me permet ce qui définit aussi l'homme socialement.

Le moi n'est alors que lemoi-argent comme le montre Marx dans ses Manuscrits de 44 : « Ce qui grâce à l'argent est pour moi, ce que jepeux payer, c'est-à-dire ce que l'argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l'argent.

Lesqualités de l'argent sont mes qualités et mes forces essentiels — à moi son possesseur.

Ce que je suis et ce que jepeux n'est donc nullement déterminé par mon individualité.

Je suis laid, mais je peux m'acheter la plus belle femme.Donc je ne suis pas laid, car l'effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l'argent.

De par monindividualité, je suis perclus, mais l'argent me procure vingt-quatre pattes ; je ne suis donc pas perclus; je suis unhomme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l'argent est vénéré, donc aussi son possesseur,l'argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon, l'argent m'évite en outre la peine d'être malhonnête; onme présume donc honnête ; je suis sans esprit, mais l'argent est l'esprit réel de toutes choses, comment sonpossesseur pourrait-il ne pas avoir d'esprit ? De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède lapuissance sur les gens d'esprit n'est-il pas plus spirituel que l'homme d'esprit ? Moi qui par l'argent peux tout ce àquoi aspire un cœur humain, est-ce que je ne possède pas tous les pouvoirs humains ? Donc mon argent netransforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? » [1].

Et c'est en ce sens alors que l'on peut dire avec Zola dans L'Argent : « L'argent est devenu, pour beaucoup, la dignité de la vie : il rend libre, est l'hygiène, la propreté, la santé, presque l'intelligence.

» Transition : Ainsi l'argent est un maître parce qu'il a la capacité d'aliéner l'homme mais de manière volontaire.

En ce sens, il peuttout et veut tout jusqu'à l'avarice et la cupidité, c'est-à-dire la perte de soi, de sa liberté et de son autonomie.L'homme est alors un esclave.

On peut s'interroger alors sur le fondement de cette puissance.

II – Le fondement de la puissance a) Ce fondement se retrouve dans la valeur du travail c'est-à-dire dans sa surestimation comme on peut le voirchez Max Weber dans l' Ethique protestante et l'esprit du capitalisme : « L'ascétisme protestant, agissant à l'intérieur du monde, s'opposa avec une grande efficacité à la jouissance spontanée des richesses et freina laconsommation, notamment celle des objets de luxe.

En revanche, il eut pour effet psychologique de débarrasser desinhibitions de l'éthique traditionaliste le désir d'acquérir.

Il a rompu les chaînes [qui entravaient] pareille tendance àacquérir, non seulement en la légalisant, mais aussi, comme nous l'avons exposé, en la considérant commedirectement voulue par Dieu.

Comme l'a dit expressément Barclay, le grand apologiste des quakers, et en accordavec les puritains, la lutte contre les tentations de la chair et la dépendance à l'égard des biens extérieurs ne visaitpoint l'acquisition rationnelle, mais un usage irrationnel des possessions.

[…] Ce que le XVIIe siècle, si vivant dupoint de vue religieux, a surtout légué à l'époque suivante, son héritière utilitariste, ce fut précisément une bonneconscience étonnante, disons même toute pharisaïque, en ce qui concerne l'acquisition de l'argent, dans la mesureoù celle-ci s'opérait par les voies légales.

Toute trace du deo placere vix potest avait disparu.

[…] Un éthos spécifiquement bourgeois de la besogne avait pris naissance.

Ayant conscience de se tenir dans la plénitude de lagrâce de Dieu, d'être manifestement une créature bénie, aussi longtemps qu'il demeurait dans les limites d'uneconduite formellement correcte, que sa conduite morale était irréprochable et que l'usage qu'il faisait de sesrichesses n'était en rien choquant, l'entrepreneur bourgeois pouvait veiller à ses intérêts pécuniaires; mieux, sondevoir était d'agir de la sorte.

En outre, la puissance de l'ascétisme religieux mettait à sa disposition des ouvrierssobres, consciencieux, d'une application peu commune, faisant corps avec une tâche considérée comme un butvoulu par Dieu ».

L'argent se définit alors comme une norme d'une société bourgeoise qui recherche alors à faire del'argent la marque de l'effort pour gagner un paradis futur.b) C'est dans ce cas que le pouvoir de l'argent vient de la norme sociale qui nous entoure et fonctionne comme surun théâtre.

L'asservissement est d'abord sociétal.

Et c'est bien ce que l'on peut voir chez Georges Simmel dans Les pauvres dans la mesure où l'aliénation par l'argent vient en fin de compte de la peur de l'assistance c'est-à-dire de la perte de la liberté, de l'indépendance et de l'autonomie ce qui n'est rien d'autre que la perte d'unereprésentation sociale.

C'est en ce sens alors que le culte de l'argent peut devenir ce que nous serions tentéd'appeler une maladie sociale : « Dans cette échelle de relations avec la collectivité, les pauvres occupent une position bien définie.

L'assistance, à laquelle la communauté s'est engagée dans son propre intérêt, mais que lepauvre n'a, dans la grande majorité des cas, aucun droit de réclamer, fait de celui-ci un objet de l'activité du groupeet de la place à distance du tout, qui parfois le fait vivre comme corpus vil à la merci du tout et qui parfois, à causede ceci, en fait son ennemi amer.

L'Etat exprime ceci en ôtant ceux qui reçoivent l'aumône publique de certainsdroits civils.

Néanmoins, cette séparation n'est pas une exclusion absolue, mais une relation très spécifique avec letout, qui serait très différent sans cet élément.

La collectivité, de laquelle le pauvre est une partie, entre dans unerelation avec lui, le confrontant, le traitant comme un objet.

[…]Dans les classes privilégiées, l'a priori économique,en dessous duquel la pauvreté commence, est établi de telle manière à ce que la pauvreté se manifeste trèsrarement et soit même exclue en principe.

L'acceptation de l'assistance exclut ainsi la personne assistée desprémices de son statut et fournit des preuves visibles que la personne assistée est formellement déclassée.

Avantque ceci n'arrive, les préjugés de classe sont suffisamment forts pour rendre la pauvreté pour ainsi dire invisible ; etavant cela, la pauvreté est une souffrance individuelle, sans conséquences sociales.

Toutes les suppositions sur. »

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