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hygiène, histoire de l'

Publié le 10/04/2013

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histoire
1 PRÉSENTATION

hygiène, histoire de l', histoire de la propreté publique et individuelle des hommes à travers les âges.

Au cours des siècles, la propreté a tour à tour été considérée comme une vertu ou, au contraire, comme un vice lorsque sa pratique devient excessive. Le soin du corps, de ce qui le vêt, de ce qui le montre, a toujours été l’objet d’attentions, variables selon les époques et les civilisations. Au croisement d’un besoin privé et d’une politique publique, l’histoire de l’hygiène dépend beaucoup de l’histoire de la maîtrise de l’eau, élément primordial pour le nettoyage du corps comme des objets.

2 L'HYGIÈNE PUBLIQUE
2.1 Eau propre et eaux usées

Très tôt, les édiles des premières citées comprennent l’importance de l’approvisionnement en eau qu’ils cherchent à conquérir malgré la construction systématique des villes près des fleuves et points d’eau. L’essor urbain des cités grecques ou romaines nécessite des structures propres pour faire face aux besoins toujours plus importants en eau. D’imposants aqueducs sont alors construits, mais leur entretien (curetage et réparation des fuites) devient trop lourd pour les provinces — notamment gauloises — qui les abandonnent le plus souvent.

Au Moyen Âge, les édiles se préoccupent de l’assainissement urbain, mais les décisions publiques sont peu suivies d’effets car les charges en incombent encore aux riverains. Le plus souvent, les ordures s’entassent dans les rues non pavées, et les eaux usées sont le plus souvent jetées par la fenêtre. À Paris, on vidange ses ordures dans la Seine, là même où l’on puise l’eau potable.

Les premières mesures prophylactiques datent des xive-xve siècles, lorsque l’on décide, entre autres, de ne plus jeter le sang des saignées dans la Seine. Au xvie siècle, deux égouts traversent la capitale à ciel ouvert, mais ils débordent à la moindre pluie, inondant les rues boueuses et malodorantes. L’alimentation en eau provient de quelques rares fontaines, de puits creusés dans les cours des maisons ou aux coins des rues ; mais cette eau est souvent souillée par les infiltrations et on ne la consomme que lorsque celle du fleuve est imbuvable.

C’est seulement avec l’affirmation de l’autorité de l’État que les politiques de salubrité publique prennent plus d’ampleur. Pourtant, l’adduction d’eau, très coûteuse, progresse lentement et le nettoyage des rues par arrosage n’est vraiment régulier qu’à partir du milieu du xviie siècle. Leur pavage n’empêche pas l’invasion de détritus, de rigoles méphitiques où s’amassent tous les résidus urbains.

2.2 Nouvelles politiques de salubrité publique

C’est au xviiie siècle que l’hygiène publique progresse réellement avec à la fois la fondation du Conseil d’hygiène et de salubrité de Paris chargé de contrôler la voirie, les marchés et les logements et avec la création de la Société royale de médecine en 1778. Puis, à partir du xixe siècle, médecins et pouvoirs publics, convaincus de l’influence de l’hygiène sur la santé, encouragent pour la première fois le développement généralisé des pratiques de propreté.

En décembre 1848 sont fondés les Conseils départementaux d’hygiène, s’intéressant tant à l’installation et l’entretien des égouts qu’à l’alimentation en eau potable. Partout, les hygiénistes veillent à faire prendre des mesures pour le filtrage de l’eau et la séparation des eaux usées et des eaux propres. Les nouvelles épidémies de choléra (1830-1840) déclenchent les premières mesures sanitaires concernant l’habitat dont on critique l’exiguïté, le manque d’aération et de propreté.

Les premiers grands chantiers pour l’adduction d’eau datent du début du xixe siècle : le canal de l’Ourcq destiné à alimenter Paris en eau potable est achevé en 1822. Si les premiers trottoirs apparaissent en 1782 à Paris, il faut surtout attendre les travaux d’Haussmann pour voir disparaître les ruelles boueuses et les immeubles vétustes. Les rues de Paris sont enfin bordées de caniveaux remplaçant la mare stagnante qui se formait au milieu des ruelles. Grâce à l’ingénieur Eugène Belgrand, le réseau d’égout parisien se modernise et s’étend, mais sa mise en place et le branchement des immeubles au réseau restent lent. L’eau courante qui arrive enfin aux premiers robinets monte encore rarement les étages, et il faut le plus souvent se rendre au rez-de-chaussée pour la puiser. Si l’on compte encore 30 000 puits à Paris en 1871, les deux tiers sont contaminés ou inutilisables.

Hors de Paris, la situation est diverse : les quartiers neufs sont souvent mieux entretenus (ordures balayées, fosses vidangées) que les quartiers anciens où l’on jette encore parfois les eaux ménagères par la fenêtre au cri de « Gare l’eau «. À la campagne, si l’air est plus pur, la maison est souvent sale, d’autant plus que les hommes partagent fréquemment le territoire des animaux. Là, ce sont le plus souvent les médecins, relayés par les municipalités, qui luttent pour l’installation de lavoirs, de fontaines communales, d’abattoirs municipaux, de services de voiries, de fosses d’aisances et de services d’enlèvement des ordures.

L’avènement de la microbiologie et la mise en évidence des micro-organismes pathogènes donnent un fondement à la nécessité de propreté et de désinfection des objets et des corps. La perception du nettoiement en est modifiée : l’eau devient également un moyen de lutte contre le danger potentiel du microbe et son utilisation se démultiplie, car il ne faut plus seulement laver, mais aseptiser. La stérilisation de l’eau (verdunisation par addition de petites quantités de chlore) est mise au point durant la Première Guerre mondiale. L’amélioration de sa qualité et sa surveillance constante permet un réel recul des maladies infectieuses.

La forte poussée urbanistique du xxe siècle augmente les problèmes sanitaires et nécessite un considérable développement des réseaux d’égouts. Mais jusqu’en 1954 par exemple, la commune de Saint-Rémy-de-Provence ne connaît pas de tout-à-l’égout, et une cuve traînée par un cheval est encore chargée de collecter tous les matins les seaux que les particuliers déposent devant leurs portes.

Puis, entre 1960 et 1980, 8 000 stations d’épuration sont construites en France. Les rues de Paris sont constamment nettoyées, les ordures enlevées quotidiennement et les récriminations ne concernent plus que l’envahissement des trottoirs par les matières fécales canines.

2.3 Uriner et déféquer

Qu’on ne s’y trompe pas, de tout temps — et jusqu’à une époque très récente —, c’est d’abord la nature qui accueille les excréments humains. En ville, c’est le seau, la rue, la rivière ou le fleuve qui les recueille.

Au Moyen Âge, dans les châteaux médiévaux comme dans les monastères, on installe les premières necessaria, mais la disparition des forteresses dès le xive siècle supprime également les latrines des habitations. Les puissants adoptent alors la chaise percée, réservée à l’usage personnel de leur propriétaire et souvent richement parée. Au xvie siècle se popularise le pot de chambre en faïence (appelé encore bourdaloue ou thomas).

La chaise de nécessité devient de plus en plus à la mode, mais les gens du peuple, à l’image du roi Henri IV, utilisent toujours la rue comme latrines publique. De même, les personnes de qualités ne respectent pas plus les jardins que les appartements de la cour : uriner dans les cheminées ou dans les angles des appartements du Palais royal est pratique courante. On se soulage n’importe où, ce qui scandalise la princesse Palatine lors de son séjour à la cour : « Tout l’univers est rempli de chieurs et les rues de Fontainebleau de merde, car ils font des étrons gros comme vous, Madame «, écrit-elle à l’Électrice de Hanovre au xviie siècle.

Au xviiie siècle, le porteur d’aisances ambulantes, affublé d’un grand manteau et d’un seau, vient donner un peu d’intimité aux passants souhaitant se soulager. C’est seulement en 1769 que des architectes importent d’Angleterre les premiers water-closets, mais ces derniers s’imposent lentement, et tout le long du xixe siècle, les chaises percées et les pots de chambre gardent la faveur des Français. À partir de 1880, les hygiénistes recommandent les W.-C. modernes qui apparaissent alors dans certains immeubles sociaux et dans les maisons bourgeoises. C’est également au xixe siècle que des normes concernant la construction des fosses d’aisances sont établies et leurs vidanges rendues obligatoires.

Néanmoins, longtemps encore en ville, les arbres, angles de boutiques et portes cochères servent d’urinoirs publics. Les premières vespasiennes installées en 1839 mettent du temps à se populariser et à être utilisées — et encore elles ne sont destinées qu’aux hommes, les femmes doivent attendre le début du xxe siècle, pour que leurs jupes et jupons cessent de protéger leur intimité s’épanchant dans les recoins des rues.

Avec les années 1930, le W.-C. se popularise et s’impose progressivement dans toutes les habitations. Il lui faut un peu plus de temps pour gagner la campagne mais, aujourd’hui, fosses septiques et tout-à-l’égout équipent plus de 95 p. 100 des habitations.

3 L’HYGIÈNE CORPORELLE
3.1 Le bain
3.1.1 Bains publics comme lieux de détente

Dans la plupart des sociétés antiques, l’eau est sacralisée : l’ablution précède souvent toute initiation — tel le baptême chrétien — car l’eau a la vertu de purifier l’âme et de la régénérer, comme en témoignent les bains que prennent les Grecs après un deuil ou une calamité. Cependant, un bain de piété n’est pas un bain de propreté.

Selon les découvertes archéologiques, les premières installations de bains datent de 2 000 ans av. J.-C., mais la pratique du bain est attestée à la fin du ve siècle av. J.-C. en Grèce. Les bains sont d’abord liés à l’activité physique et la construction des thermes est toujours associée aux gymnases. Avec l’Empire romain, ils deviennent des lieux fastueux, mêlant marché, loisirs et débauche : les thermes de Caracalla à Rome peuvent accueillir 1 600 baigneurs et nécessitent 1 000 litres d’eau par jour et par personne.

Dans l’Église primitive, la netteté du corps est le reflet de la pureté de l’âme et, au viiie siècle, le pape Adrien recommande au clergé de chaque paroisse un bain hebdomadaire. Parallèlement, l’Église n’a de cesse de dénoncer l’usage du bain, du fait du relâchement des mœurs qui a cours dans les bains publics.

Malgré l’abandon des thermes, l’habitude des bains chauds se conserve et le riche Parisien du xiiie siècle dispose encore de vingt-six établissements d’étuves différents pour sa « toilette «. Mais ces établissements sont surtout des endroits où la moralité laisse à désirer, où l’on se baigne souvent à plusieurs, où l’on boit, mange, se fait raser, épiler, parfumer et masser. Bien évidemment, le manant ne connaît pas ces bains rituels aromatisés de parfums et d’herbes rares, et lui préfère l’eau du ruisseau.

Le plus souvent on se lave à l’eau claire non savonneuse. Si les médecins demeurent méfiants face à la toilette quotidienne, ils recommandent déjà les eaux thermales d’autant plus qu’elles appartiennent le plus souvent aux ordres religieux dont ils sont issus (Célestins de Vichy, Capucins d’Aix-la-Chapelle). Les plus riches disposent de bains privés dont on use pour honorer les invités lors de festivités, et où il n’est pas rare de manger. La baignoire est un baquet (ou une cuve) empli d’eau chaude que l’on recouvre d’un linge pour conserver sa chaleur.

A la suite des épidémies de pestes qui viennent donner créance aux prédications religieuses et médicales, les étuves publiques — devenues de réelles maisons de prostitutions — doivent fermer ; parallèlement, les bains privés sont en recul car on imagine que la dilatation des pores, par une toilette mouillée, affaiblit le corps et permet l’infiltration des maladies. Il est alors entendu que la crasse est un facteur de conservation. Si les chambres de bains sont encore attestées dans les maisons nobles, leur décoration est plus florissante que leur utilisation et, pour Henri IV, le bain n’est que prétexte à des rendez-vous galants.

Au xviie siècle, le bain réapparaît, mais toujours entouré de multiples précautions de peur que sa trop grande fréquence n’affaiblisse l’organisme. Certes, les bains rafraîchissants des périodes estivales ont un certain succès (pour ce faire, on revêt parfois pudiquement d’épaisses chemises de toile grises). De même, des bains publics réapparaissent à Paris, plus pour satisfaire le libertinage que la toilette. En fait, au xviie siècle, les appartements de bains sont dédaignés et on préfère la toilette sèche, l’« essuiement «, à l’eau du bain.

3.1.2 Bains privés et action hygiéniste

Les salles de bains deviennent à la mode sous Louis XVI, avec des cuves en cuivre et des baignoires sabot (et, dès 1770, les premières baignoires en tôle popularisent cette diffusion). Toutefois, on se baigne encore souvent dans les rivières, à la grande indignation de certains qui critiquent cette pratique qui s’effectue le plus souvent dans le plus simple appareil à côté des bateaux-lavoirs où se rassemblent les femmes. Puis, à la fin du siècle, des bateaux « toues « abritant les baigneurs des regards indiscrets s’installent au bord des rivières.

C’est seulement au xixe siècle que le bain devient une pratique hygiéniste : bain frais pour son action tonique, bain tiède procurant calme et bien être, bain chaud en thérapie. Le développement de l’adduction d’eau publique permet la multiplication des bains publics (125 à Paris en 1850). À la même date, 950 000 Parisiens prennent plus de deux millions de bains, soit une moyenne de 2,23 bains par habitant et par an.

Les bains médicamenteux connaissent une grande vogue avec l’apparition des premières stations thermales, précédant la mode des bains de mer (1820-1840). Alors que la douche n’est encore réservée qu’aux applications médicales, le bain devient un moment accordé à sa propreté, et non plus de détente et de loisir.

Jusque dans les années trente, de nombreuses municipalités subventionnent et créent des bains publics alors que dans les logements luxueux, la salle de bains est devenue aussi commune que la cuisine.

En 1962, 29 p. 100 des foyers disposent d’une baignoire ou d’une douche, 48 p. 100 en 1968, 85 p. 100 en 1990. Aujourd’hui 44 p. 100 des Français se lavent tous les jours et 50 p. 100 se lavent entièrement plusieurs fois par semaine, mais 26 p. 100 se baignent ou se douchent chaque jour. Et encore y a-t-il des nuances à apporter selon les catégories socioprofessionnelles, les régions et le sexe : 39 p. 100 des femmes prennent un bain ou une douche quotidienne contre 19 p. 100 des hommes.

3.2 Le soin du corps
3.2.1 Le soin des mains et du visage

Au Moyen Âge, des riches atours, seuls dépassent mains et visage qu’on lave quotidiennement pour répondre aux codes de bonnes conduites. Les bassins à laver les mains ne sont utilisés que dans les grandes réceptions pour faire honneur aux invités et il est rare que soit ajouté quelque ingrédient à l’eau fraîche.

Au xvie siècle, les manuels de savoir-vivre insistent sur l’ablution quotidienne des mains et du visage dont l’usage se répand et, si les premiers ustensiles pour la toilette des ongles sont apparus au xive siècle (forcettes devenant ciseaux au xvie siècle), ils demeurent encore des objets de luxe.

Au xviie siècle, le raffinement apparent cache une profonde saleté. Le principe de l’« essuiement « est à son apogée et, plutôt que de les frotter sous l’eau, on s’essuie le visage et les mains avec un peu d’alcool et d’eau parfumée. La galanterie exige pourtant qu’on ait les mains nettes, mais le lave-mains qu’on présente aux convives est plus un rituel de distinction qu’une pratique de propreté. À la campagne où les mains servent souvent de couverts, on les lave au puits après le repas. Ce n’est qu’à la fin du xixe siècle que les prescriptions des hygiénistes et les efforts de l’éducation rendent l’hygiène quotidienne.

3.2.2 Les dents

Jusqu’au Moyen Âge, les dents sont rarement frottées mais, quand c’est le cas — dans les milieux nobiliaires —, elles sont nettoyées avec un cordon de soie (esguillette) ancêtre du fil dentaire. C’est au xive siècle qu’apparaissent les premiers cure-dents fabriqués. Quant à la brosse à dents, elle apparaît en Chine en 1498, mais il faut attendre le xviie siècle pour qu’elle soit introduite en Europe. Jusque-là, on se rince la bouche à l’eau ou avec une soupe de vin, voire de l’urine (son usage, attesté depuis le monde romain, disparaît au xvie siècle). Les mauvaises dentitions sont donc courantes.

Il faut attendre la Renaissance pour que l’hygiène buccale, afin d’éviter la fétidité de l’haleine et plus encore la perte prématurée des dents, se développe : les premières poudres dentifrices apparaissent ainsi que l’eau parfumée qui rafraîchit l’haleine. Cure-dents, cure-oreilles et cure-ongles se répandent ; toutefois, malgré ces quelques progrès, le sourire n’entre toujours pas dans l’éventail des recettes de séduction. C’est à partir du xviiie siècle que la brosse à dents se répand. Au xixe siècle, les hygiénistes recommandent les gargarismes et le frottage des dents à l’eau. On conseil le brossage après chaque repas, mais pendant l’enfance, les dents sont le plus souvent simplement rincées, ce qui donne des sourires laissant découvrir de nombreuses caries.

Aujourd’hui encore, les progrès dentaires sont insuffisants : 25 p. 100 des Français déclarent ne jamais se laver les dents, même si la multiplicité des produits est devenue impressionnante — brosses manuelles, brosses électriques, hydropulseurs, brossettes et fils dentaires, etc. Caries et parodontophaties touchent encore 95 p. 100 des Français.

3.2.3 Les cheveux

Au début du viie siècle, saint Colomban insiste dans ses monastères sur l’importance du nettoyage régulier des cheveux : c’est pourquoi, pour éviter la vermine et en simplifier l’entretien, les ecclésiastiques prennent l’habitude de se les raser. Mais, en dehors des congrégations religieuses, les cheveux sont peu soignés. Les chapeaux les enferment, couverts de parasites qui sont considérés comme un dérèglement des humeurs (lié à l’alimentation) plus que comme une preuve de saleté. Et face à la vermine quotidienne, l’épouillage familial n’est pas rare.

C’est pour cacher son crâne chauve qu’Henri III met la perruque à la mode au xvie siècle, mais le soin apporté aux perruques n’empêche pas les poux d’y proliférer. Si la mode des perruques s’estompe au xviiie siècle, il faut attendre le xixe siècle pour que l’on recommande de savonner fréquemment le cuir chevelu, au jaune d’œuf ou à l’huile d’amande douce. Comme ces recommandations sont peu suivies d’effets, on conseille surtout de couper les cheveux très courts pour éviter poux et teignes. Ce n’est que depuis quelques dizaines d’années que les cheveux sont lavés avec d’autant plus de soins que leur aspect est immédiatement visible.

3.2.4 Soins de beauté

Au Moyen Âge, la beauté est codifiée par des soins compliqués qui évoquent une mode au teint pâle (fards blancs). Les croisades introduisent en France les premiers parfums, sous forme de peaux odoriférantes. Cependant, leur emploi n’explose qu’au xviie siècle : siècle du parfum et de la poudre parfumée qu’on met sur le visage et sur les cheveux, jusqu’à ce que jugé trop entêtant, il soit délaissé au siècle suivant.

Au xixe siècle, l’eau triomphe des cosmétiques, en même temps que la mode privilégie la candeur et le naturel. Il faut attendre que les modes s’accélèrent au xxe siècle pour que les produits cosmétiques se démultiplient afin de soigner non seulement le teint, mais plus encore la peau des agressions du temps. Quant aux parfums et aux déodorants, leur consommation ne masque plus uniquement la saleté mais succède dorénavant au bain ; après avoir été longtemps l’apanage des seules femmes, ils se diffusent de plus en plus dans la gent masculine.

4 L’HYGIÈNE DU VÊTEMENT

La plus ancienne description de lavage est extraite de l’Odyssée, quand Nausicaa et ses compagnes apportent le linge du palais à la rivière où elles rencontrent Ulysse. Lavé à la craie, fumé au soufre — pour ses vertus magiques et antiseptiques, en usage jusqu’au xviiie siècle —, le linge bénéficie de nombreuses techniques de blanchissages et d’assouplissement dès l’Antiquité. Spécialité des femmes, la lessive est longtemps foulée aux pieds afin de faire dessuinter la laine avec de l’urine humaine fermentée.

Au Moyen Âge, les couvents comportent toujours une buanderie où se transmettent les secrets du blanchissage. En supplantant la laine, l’usage des tissus de chanvre, de coton, soie et lin, entraîne des changements dans les méthodes de lavage : la lavandière remplace alors le foulonnier. Le linge est lavé avec soin pour en préserver la longévité, et seulement quelques fois l’an.

Le vêtement constitue alors le garant du savoir-vivre. Cette propreté ne concerne pourtant que ce qui est visible, lavé plus fréquemment. Le vêtement sert l’élégance plus que le confort, et le linge de corps (tunique de drap ou de laine, parfois doublée de satin) qui apparaît au xiiie siècle est un vêtement invisible que l’on lave et change rarement. Rappelons simplement l’usage de la fraise comme col ou, plus tard encore, celui du plastron à défaut de chemise, qui tous deux permettent une apparente netteté.

Au xvie siècle, comme la mode épouse mieux les formes du corps et que la fourrure et la laine sont considérées comme des repères à infection, les tissus légers et fins entrent au contact de la peau. Le linge de corps est plus courant et devient un élément essentiel de propreté apportant fraîcheur et bien être. La chemise, rendue visible, est changée plus fréquemment. Mais l’époque moderne est surtout le temps de la toilette sèche et les habits servent d’éponges aux corps rarement lavés. Si les frivolités vestimentaires du xviie siècle démarquent le noble du bourgeois et du paysan, ces atours extravagants sont seulement secoués de temps en temps pour les débarrasser de leurs poussières et parfumés pour les masquer de leurs odeurs désagréables. Seule la chemise, l’habit commun à toutes les classes, est parfois nettoyée.

Il faut attendre les années 1850 pour que les sous-vêtements en coton bon marché se diffusent et permettent de les nettoyer fréquemment et d’en changer souvent. Au xxe siècle, l’engouement pour la propreté développe les techniques et les offres ; peu à peu, avec l’électroménager qui prend son essor dans les années cinquante, le nettoyage du linge se simplifie : la machine à laver conquiert les foyers, jusqu’à devenir relativement fréquente dans les années soixante-dix. Quant au linge de corps, devenu d’un usage courant, 56 p. 100 des Français déclarent changer de sous-vêtement tous les jours (dont 94 p. 100 de femmes).

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