Devoir de Philosophie

Heidegger: Mort et banalité quotidienne

Publié le 24/03/2005

Extrait du document

heidegger
L'analyse du « on meurt» nous dévoile sans équivoque la manière d'être, dans sa banalité quotidienne, de l'être pour la mort. Celle-ci est comprise, dans une semblable façon de parler, comme quelque chose d'indéterminé, qui sans doute surgira bien un jour de quelque part, mais qui pour vous-même, en attendant, est une réalité-non-encore-donnée, dont par conséquent la menace n'est pas à craindre. Le « on meurt » propage cette opinion que la mort concerne pour ainsi dire le «On ». L'explication de la réalité-humaine qui a cours dans les propos des gens déclare : « On meurt » parce qu'en disant «on meurt », chacun des autres et soi-même en même temps, «on » peut s'en faire accroire : oui, on meurt, mais chaque fois ce n'est justement pas moi; le «On» ce n'est personne. Le «fait de mourir» est ainsi ramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité-humaine, mais ne touche personne en propre. Si jamais l'équivoque a été le fait des parleries quotidiennes, c'est bien ici dans le parler sur la mort. Cette mort qui, sans suppléance possible, est essentiellement la mienne, la voici convertie en un événement qui relève du domaine public; c'est à « On » qu'elle arrive. Ce parler caractéristique s'exprime sur la mort comme sur un «cas» qui survient continuellement. Il la fait passer pour quelque chose qui toujours a déjà une «réalité effective »; il recouvre simultanément d'un voile son caractère de possibilité et les éléments qui en sont constitutifs : l'inconditionnel et l'indépassable. Par une telle ambiguïté, la réalité humaine, eu égard au pouvoir-être spécifique qui appartient au Soi absolument propre, se met en état de se perdre dans le «On ». Le «On» justifie et aggrave la tentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre. Cette façon d'esquiver la mort en la dissimulant exerce sur la banalité quotidienne une domination si tyrannique que, dans les rapports entre humains, les «proches » précisément font souvent croire encore au «mourant» qu'il s'en tirera; ils le ramènent dans la banalité quiète de son monde, du monde qui forme son Souci. Une pareille «assistance» entend bien «consoler» ainsi le « mourant». Elle veut le ramener dans la réalité-humaine, tout en l'aidant à jeter encore un voile opaque sur l'absolument propre et inconditionnelle possibilité de son être. La préoccupation du « On » est ainsi de procurer un apaisement permanent au sujet de la mort. Mais au fond, cet apaisement ne vaut pas seulement pour le « mourant », il vaut tout autant pour ceux qui le « consolent ». Et même en cas de décès, il faut encore que l'accident ne heurte ni ne trouble le sentiment des gens dans leur soucieuse insouciance. Il n'est pas rare que l'on voie dans la mort des autres un désagrément social quand ce n'est pas un manque de tact à l'abri duquel il faut mettre les gens. Heidegger
heidegger

« théologie de la mort »'8 et qui entend en dégager toute la signification existentielle. "L'analyse du « on meurt» nous dévoile sans équivoque la manière d'être, dans sa banalité quotidienne, de l'êtrepour la mort.

Celle-ci est comprise, dans une semblable façon de parler, comme quelque chose d'indéterminé, quisans doute surgira bien un jour de quelque part, mais qui pour vous-même, en attendant, est une réalité-non-encore-donnée, dont par conséquent la menace n'est pas à craindre.

Le « on meurt » propage cette opinion que lamort concerne pour ainsi dire le «On ».

L'explication de la réalité-humaine qui a cours dans les propos des gensdéclare : « On meurt » parce qu'en disant «on meurt », chacun des autres et soi-même en même temps, «on » peuts'en faire accroire : oui, on meurt, mais chaque fois ce n'est justement pas moi; le «On» ce n'est personne.

Le «faitde mourir» est ainsi ramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité-humaine, mais ne touchepersonne en propre.

Si jamais l'équivoque a été le fait des parleries quotidiennes, c'est bien ici dans le parler sur lamort.

Cette mort qui, sans suppléance possible, est essentiellement la mienne, la voici convertie en un événementqui relève du domaine public; c'est à « On » qu'elle arrive.

Ce parler caractéristique s'exprime sur la mort comme surun «cas» qui survient continuellement.

Il la fait passer pour quelque chose qui toujours a déjà une «réalité effective»; il recouvre simultanément d'un voile son caractère de possibilité et les éléments qui en sont constitutifs :l'inconditionnel et l'indépassable.

Par une telle ambiguïté, la réalité humaine, eu égard au pouvoir-être spécifique quiappartient au Soi absolument propre, se met en état de se perdre dans le «On ».

Le «On» justifie et aggrave latentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre.Cette façon d'esquiver la mort en la dissimulant exerce sur la banalité quotidienne une domination si tyrannique que,dans les rapports entre humains, les «proches » précisément font souvent croire encore au «mourant» qu'il s'entirera; ils le ramènent dans la banalité quiète de son monde, du monde qui forme son Souci.

Une pareille«assistance» entend bien «consoler» ainsi le « mourant».

Elle veut le ramener dans la réalité-humaine, tout enl'aidant à jeter encore un voile opaque sur l'absolument propre et inconditionnelle possibilité de son être.

Lapréoccupation du « On » est ainsi de procurer un apaisement permanent au sujet de la mort.

Mais au fond, cetapaisement ne vaut pas seulement pour le « mourant », il vaut tout autant pour ceux qui le « consolent ».

Et mêmeen cas de décès, il faut encore que l'accident ne heurte ni ne trouble le sentiment des gens dans leur soucieuseinsouciance.

Il n'est pas rare que l'on voie dans la mort des autres un désagrément social quand ce n'est pas unmanque de tact à l'abri duquel il faut mettre les gens." HEIDEGGER (Martin). Né à Messkirch (duché de Bade) en 1889.

Il fit ses études à Fribonrg-en-Brisgau, et fut le disciple de Husserl.

Professeur de philosophie à l'Université de Marbourg en 1923, il fut nommé recteur de l'Universitéde Fribourg en 1933, adhéra au parti national-socialiste, démissionna de ses fonctions universitaires en 1934, etdevint « professeur émérite » en 1952.

Il est le plus important philosophe allemand d'aujourd'hui.

La philosophie deHeidegger est une réflexion sur le problème de l'être, celui de la relation de l'homme à l'être et de l'être à l'homme.

«Je dois redire que mes tendances philosophiques ne peuvent pas être classées comme Existenz philosophie.

Laquestion qui me préoccupe n'est pas celle de l'existence de l'homme, c'est celle de l'être dans son ensemble en tantque tel.

» L'homme est le seul étant qui soit capable d'interrogation et qui ait une relation à l'être.

C'est la saisie del'étant comme étant qui est la saisie même de l'être.

Seul, l'étant qui est mise en question de 6on être, existe.«L'homme est un étant de déchirement.» Du fait qu'il est hé au monde, l'étant humain est souci.

Le souci a troisdimensions : la déréliction ou facticité, l'existence (à laquelle se rattachent l'interprétation et le projet), et l'être-auprès-de, à quoi se rattache la discursivité.

La déréliction est l'état de solitude et d'abandon de l'être humain jetédans le monde ; elle est« notre première et originelle situation dans l'étant en totalité.

» Par le souci, lacompréhension de l'être se forme dans le Dasein, c'est-à-dire dans « l'être de l'existant humain en tant qu'existencesingulière et concrète.

» Le Dasein est saisie de son propre être ; c'est un être-dans-le-monde, une existence qui,en tant que telle, comprend l'être.

Nous sommes déjà-là.

Un homme ne peut assister à sa propre naissance.

L'êtrede l'étant humain, c'est de s'extérioriser pour devenir soi-même, de s'ouvrir à l'autre.

« Exister, c'est être réel en seprojetant hors de soi-même et au-devant de soi-même.

» Les trois existentiaux, c'est-à-dire « les catégoriesrelatives à l'être de l'homme », sont : la rétrospection vers la situation originelle, le projet de soi dans l'ek-sistenceet la présence à l'autre.

Ce n'est que dans l'angoisse que nous avons une révélation pure de la situation originelle.L'angoisse, c'est l'état d'inquiétude qui résulte de « l'insécurité de l'existant humain sous la menace du Néant.

» Soitdéréliction, ek-sistenee et apérité ; le Dasein est virtuellement ouvert à tout étant.

Ainsi, en se rendant présent auxchoses, l'homme détermine la raison et le langage.

Pour Heidegger, les mots contiennent une vérité cachée.L'homme est l'étant qui a toujours son être pour enjeu, et son unité est dans une extériorisation ce soi sans cessereprise et dominée.

L'étant humain est ek-statique.

L'ek-stase est la situation de l'étant placé « en dehors » de lui-même.

Les trois ek-stases de la temporalité sont le passé, le futur et le présent.

Il est aussi temporalisation.

Latemporalité, c'est la solidarité du Dasein avec son passé et son pro-jet vers l'avenir par la préoccupation.

L'être secomprend par le temps et le temps par l'être.

L'authenticité, c'est l'assumation de la situation d'être-pour-la-mort.Le On est inauthentique.

« Le Soi de la banalité quotidienne, c'est le On se constituant dans et par lesinterprétations qui ont cours publiquement.

» L'homme pro-jette l'être des choses ; le dévoilement de l'étant (c'est-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles