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Guy de Maupassant, Une vie: Dans cet extrait de son roman, intitulé Une vie, paru en 1883, Guy de Maupassant présente la comtesse Jeanne de Lamare au moment où elle se prépare à quitter la propriété familiale qu'elle doit vendre pour rembourser les dettes de son fils.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

maupassant

Alors, son déménagement la préoccupa, apportant une distraction triste dans sa vie morne et sans attentes.    Elle allait de pièce en pièce, cherchant les meubles qui lui rappelaient des événements, ces meubles amis qui font partie de notre vie, presque de notre être, connus depuis la jeunesse et auxquels sont attachés des souvenirs de joies ou de tristesses, des dates de nos heures douces ou sombres, qui ont vieilli, qui se sont usés à côté de nous, dont l'étoffe est crevée par places et la doublure déchirée, dont les articulations branlent, dont la couleur s'est effacée.    Elle les choisissait un à un, hésitant souvent, troublée comme avant de prendre des déterminations capitales, revenant à tout instant sur sa décision, balançant les mérites de deux fauteuils ou de quelque vieux secrétaire comparé à une ancienne table à ouvrage.    Elle ouvrait les tiroirs, cherchait à se rappeler des faits ; puis quand elle s'était bien dit : « Oui, je prendrai ceci «, on descendait l'objet dans la salle à manger.    Elle voulut garder tout le mobilier de sa chambre, son lit, ses tapisseries, sa pendule, tout.    Elle prit quelques sièges du salon, ceux dont elle avait aimé les dessins dès sa petite enfance : le renard et la cigogne, le renard et le corbeau, la cigale et la fourmi, et le héron mélancolique.    Puis, en rôdant par tous les coins de cette demeure qu'elle allait abandonner, elle monta, 20 un jour, dans le grenier.    Elle demeura saisie d'étonnement ; c'était un fouillis d'objets de toute nature, les uns brisés, les autres salis seulement, les autres montés là on ne sait pourquoi, parce qu'ils ne plaisaient plus, parce qu'ils avaient été remplacés. Elle apercevait mille bibelots connus jadis, et disparus tout à coup sans qu'elle y eût songé, des riens qu'elle avait maniés, ces vieux petits objets insignifiants qui avaient traîné quinze ans à côté d'elle, qu'elle avait vus chaque jour sans les remarquer et qui, tout à coup, retrouvés là, dans ce grenier, à côté d'autres plus anciens dont elle se rappelait parfaitement les places aux premiers temps de son arrivée, prenaient une importance soudaine de témoins oubliés, d'amis retrouvés. Ils lui faisaient l'effet de ces gens qu'on a fréquentés longtemps sans qu'il se soient 30 jamais révélés et qui soudain, un soir, à propos de rien, se mettent à bavarder sans fin, à raconter toute leur âme qu'on ne soupçonnait pas.    Guy de Maupassant, Une vie, 1883.   

question 1 Quelle leçon se dégage selon vous de la lecture du dernier paragraphe ? Indiquez la composition de l'ensemble du texte en la justifiant. (3 points) question 2 Relevez dans le second paragraphe les manifestations de la présence du narrateur. (2 points) question 3 En un développement organisé d'une vingtaine de lignes au moins, faites l'étude du dernier paragraphe. Vous pourrez, par exemple, porter votre attention sur les oppositions de termes, les réseaux lexicaux, la construction et le rythme des phrases. (5 points)

maupassant

« La folie de son frère Hervé l'affecte profondément et lui-même est gagné par des troubles nerveux, des migrainesatroces, hallucinations et insomnies.

Il s'épuise au travail et sombre également dans la folie.

Après avoir tenté demettre fin à ses jours, il est interné dans la clinique du Docteur Blanche à Passy où il meurt en 1893, à l'âge dequarante-trois an$. SON ŒUVRE Les premiers essais littéraires de Maupassant se font sous la férule exigeante de Flaubert.

A l'occasion chroniqueurdans les journaux, Maupassant soumet ses premiers poèmes et contes à son maître qui le corrige et lui donne desexercices.

Il fait la connaissance des principaux écrivains de son temps : Zola, Huysmans, Daudet...

Sa premièrenouvelle Boule de suif est incluse dans les Soirées de Médan qui passera pour le manifeste de l'école naturaliste. Ce succès éclatant détermine sa vocation de conteur : de 1880 à 1891, Maupassant publie environ trois centsnouvelles et six romans dont les plus célèbres sont : Une vie (1883), Bel Ami (1885), Pierre et Jean (1888), Fortcomme la Mort (1889)... Ses contes principaux : La Maison Tellier (1881), Mademoiselle Fifi (1882), Les Contes du jour et de la nuit (1885),Le Horla (1887). Dans la préface de Pierre et Jean, Maupassant dévoile ses conceptions littéraires : « Le romancier qui prétend nousdonner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d'événements qui paraîtraitexceptionnel.

Son but n'est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nousforcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements....

C'est une vision personnelle du mondequ'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre...

». question 1 Quelle leçon se dégage selon vous de la lecture du dernier paragraphe ? Indiquez la composition de l'ensemble dutexte en la justifiant.

13 points) Dans le dernier paragraphe de ce texte, l'étonnement du personnage nous permet, à notre tour, d'une part denous rendre compte de l'importance des objets dans notre vie, d'autre part de l'effet révélateur qu'uneséparation peut parfois avoir sur la vision que l'on avait des choses. Dans les deux premiers paragraphes, l'auteur montre que tout déménagement est, pour celui ou celle quil'effectue, un événement exceptionnel (« préoccupa », « allait », « cherchant », « rappelaient », « sontattachés »). Les paragraphes 3, 4, 5, 6 portent témoignage de la difficulté des choix à réaliser (« choisissait », « hésitant »,« troublée », « prendre des déterminations », « revenant », « balançant », « ouvrait », « cherchait », «descendait », « voulut garder », « prit »). Dans les paragraphes 7 et 8 la découverte d'un grenier est l'occasion d'une émouvante leçon de vie (« rôdant», « demeura saisie », « témoins », « amis », « bavarder », « raconter », « âme »). question 2 Relevez dans le second paragraphe les manifestations de la présence du narrateur.

(2 points) La présence du narrateur se retrouve dans le second paragraphe derrière un certain nombre de transformations depersonnes dans l'emploi des adjectifs possessifs et par le passage de l'article défini à l'article indéfini.

Le tableau ci- dessous indique les principales transformations opérées : situation vue par le narrateur dans le texte situation qui aurait été vue par la comtesse notre vienotre êtrela jeunessedes souvenirsdes datesnos heuresà côté de nous sa vieson êtresa jeunesseses souvenirsles datesses heuresà côté d'elle Dans le paragraphe précédent, le narrateur parle de la comtesse en employant l'adjectif possessif de troisièmepersonne du singulier : son, sa.

Dans tout le texte, lorsqu'il s'agit de rapporter ce que fait ou pense le personnage,Maupassant utilise le pronom personnel de troisième personne du singulier féminin : elle.

Dans ce paragraphe, ilpasse au pronom personnel de première personne du pluriel : nous, derrière lequel il se cache, pour s'introduire dansles propos tenus.. »

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