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Grand oral du bac : La bataille de Stalingrad - Le rétablissement soviétique

Publié le 18/11/2018

Extrait du document

EN FINIR AVEC L'ARMEE ROUGE

 

Engagée par l'Allemagne le 22 juin 1941, la guerre contre l'URSS n'a pas donné les effets escomptés par Hitler. Après une progression victorieuse à travers l'Ukraine, la Wehrmacht a dû s'arrêter devant Moscou au début du mois de décembre 1941. Le rétablissement des armées soviétiques - après la déroute des premiers mois -, les épouvantables conditions de l'hiver russe et l'immensité du pays n'inclinent pas les généraux de Hitler à l'optimisme. Pour autant, ce dernier veut en finir avec l'Armée rouge avant de reporter ses efforts contre l'Angleterre. Ce sera l'objectif recherché au printemps 1942. Après avoir achevé la conquête de l'Ukraine en mai, puis celle de la Crimée en juillet Hitler regarde en direction du Caucase et de Stalingrad. L'ancienne Tsaritsyne verrouille la route des champs de pétrole de Bakou et de Batoum. En raison de sa position stratégique et de son importance économique, Stalingrad devient un enjeu majeur aux yeux de Hitler. Pour les Russes, conserver la ville n'est pas moins crucial. Sa perte couperait le dernier lien entre l'URSS et le Caucase.

LES PLANS DE HITLER

La directive n° 41

• En Russie, la plupart des généraux engagés dans l'opération Barbarossa depuis juin 1941 estiment que les pertes subies par l'armée allemande pendant l'hiver 1941-1942 lui interdisent de reprendre des attaques de grande envergure. Ils pensent que la Wehrmacht doit au contraire resserrer son front, reconstituer des réserves, inciter les Russes à l'offensive et leur infliger des défaites successives par des contre-attaques judicieuses.

• Pour sa part, Hitler est partisan de produire un effort massif afin d'atteindre en 1942 le but dont l'hiver russe l'a privé en 1941 : l'anéantissement de l'Armée rouge. Selon lui, la destruction de l'armée soviétique et le rejet des Russes au-delà de l'Oural sont indispensables. Ces objectifs doivent permettre au IIIe Reich de retrouver les forces nécessaires pour parer aux projets de débarquement en Europe occidentale qui mûrissent dans les états-majors anglo-américains. Il faut donc en finir rapidement avec l'Armée rouge, la dernière « épée continentale » des Alliés.

Le 5 avril 1942, Hitler signe la directive n° 41. Celle-ci vise à établir un immense front défensif de Stalingrad à Voronej, dans le dessein d'isoler le Caucase pour en assurer la conquête.

UN PLAN IRRÉALISTE

Il n'échappe pas aux généraux de Hitler que ce plan ne tient pas compte de la disproportion des visées et des moyens. Ainsi, seules 85 divisions tiennent les 2 000 km de front défensif qui séparent Voronej de la Carélie. Mais Hitler réaffirme que l'ennemi est épuisé et qu'il « a consommé cet hiver les masses qui lui étaient nécessaires pour les opérations ultérieures ».

STALINGRAD, UNE VILLE INDUSTRIELLE

 

• Située légèrement en altitude (entre 100 et 280 m), Stalingrad s'étend sur plus de 60 km2 sur la rive droite de la Volga.

• La cité, qui compte quelque 600 000 habitants en 1942, est la première ville industrielle de l'URSS. Elle se trouve en effet au centre d'un dense réseau de voies ferrées et abrite d'immenses usines comme Barricade, Octobre rouge et la plus grande usine de tracteurs de l'URSS (qui produit depuis 1941 les chars T-34 de l'Armée rouge, supérieurs aux panzers). Plus qu'une ville, Stalingrad est une longue usine sur la Volga. C’est surtout un nœud de communications important entre les réserves de pétrole du Caucase et le reste de l'Union soviétique.

Directive n° 41 de Hitler sur la campagne d'été Prise de Sébastopol par les Allemands Début de l'offensive contre Stalingrad Assaut allemand contre les faubourgs de Stalingrad Contre-offensive soviétique Échec de Manstein à dégager la  VI' armée de Paulus Offre de reddition rejetée par Paulus Reddition du groupement Sud Capitulation du général Paulus

« UNE NOUVEW FORME DE GUERRE • Au sujet de la bataille de Stalingrad, l'un des protagonistes, le général Doer, a écrit : «L'époque où l'on dirigeait les opérations sur une grande échelle paraissait révolue.

La guerre avait abandonné la steppe infinie pour les berges abruptes de la Volga, coupées de ravins, pour la zone industrielle de Stalingrad.

Elle faisait rage dans un univers lunaire, parsemé de carcasses de fer, de béton et de pierres.

[ ...

] Pour chaque maison, chaque chateau d'eau, chaque quai de gare, chaque mur, chaque cave, chaque morceau de ruine, il fallait livrer une bataille acharnée qui dépassait en violence toutes celles de la Première Guerre mondiale.

» • Dans cette nouvelle forme de guerre, les Soviétiques affichent une remarquable maitrise.

Disposant de troupes de choc dotées d'un armement varié -mitrailleuses lourdes et légères, mitraillettes, grenades, armes antichars -, ils multiplient les contre­ attaques et harcèlent sans relâche les hommes de la VI' armée du général Paulus.

commandées par les généraux Nikolaï Vatoutine et Konstantine Rokossovski qui, le lendemain, taillent en pièces la IV' armée roumaine.

• Le 22 novembre, les deux branches de la tenaille soviétique se referment à Kalatch, sur le Don.

L'opération est un succès :la VI' armée se trouve à présent encerclée dans un périmètre compris entre la Volga et le Don.

• Bien que la situation soit extrêmement périlleuse, les Allemands peuvent encore se sortir du piège, mais à la suite d'une réunion exceptionnelle du haut commandement allemand, le Reichsmarschall Giiring assure qu'il est en mesure de livrer 500 tonnes de vivres et de munitions par jour aux assiégés.

Hitler ordonne donc au général Paulus de tenir jusqu'à l'arrivée des secours.

l'OBSTINATION DE HITLER • Le commandant de la VI' armée, f-------------_, qui sait que les secours n'arriveront pas à temps, prépare une sortie brisera la surface gelée du fleuve, interdisant tout passage.

Vers la mi-novembre, seule une petite partie de Stalingrad est encore soviétique.

• Si l'avantage des Allemands sur le terrain est incontestable, la situation d'ensemble demeure précaire.

D'une part, la VI' armée allemande n'est pas parvenue à déloger la LV II' armée soviétique de ses positions sur la rive droite de la Volga.

D'autre part, la position de la VI' armée de Paulus devient chaque jour plus fragile : déployée en flèche avec des flancs insuffisamment protégés, elle risque à tout moment d'être coupée du gros des forces allemandes.

Paulus ne méconnaît pas ce risque.

Toutefois, lorsqu'il demande l'autorisation de se replier, Hitler lui ordonne fermement de conserver ses positions.

COFFENSM SOVitnQUE : 1t NOV.

-JO Dk.

1M2 L'ENCERCLEMENT DE LA VI' AIMtE ALLEMANDE • Dès le mois d'octobre, les forces soviétiques se sont mises en mouvement au nord du Don et à l'est du coude de la Volga, dans le dessein de lancer une grande offensive d'encerclement des forces du général Paulus.

L'opération reçoit le nom de code «Uranus».

• La manœuvre de prise en tenailles est des plus classiques, mais sa mise en place n'est pas exempte de difficultés.

La faible densité du réseau ferré ne facilite guère l'acheminement des troupes et du matériel vers la zone choisie.

Aussi les déplacements se font­ ils de nuit, à travers la steppe couverte de neige, vers les emplacements fixés en arrière du front.

Minutieusement réglés par les états-majors et exécutés avec la plus stricte discipline, les mouvements de l'Armée rouge échappent aux observateurs ennemis.

·Le 19 novembre, la Ill' armée roumaine est débordée par le groupe des armées soviétiques du Don avec 130 chars et 57 000 hommes.

Hitler intervient alors de nouveau, faisant savoir par un ordre personnel que Paulus doit « vaincre sur place ou mourir ».

·Afin de dégager la VI' armée et de rétablir la situation à l'avantage du Reich, Hitler crée un nouveau __ ..__ _ _ _,_groupe d'armées baptisé « Don » à la tête duquel il nomme le général Erich von Manstein.

• Celui-ci ouvre un nouveau front au sud du Don et au nord-est de Rostov, lançant, le 12 décembre, une attaque de dégagement destinée à rétablir la liaison avec la VI' armée encerclée.

Parvenus le 21 décembre à quelque 40 km de la ligne d'encerclement, les blindés du général Hoth, qui appartiennent au groupe d'armées du Don, se heurtent à un barrage d'artillerie qui les contraint à se replier, laissant derrière eux 25 000 hommes tués ou prisonniers.

• Quelques jours auparavant, le 16 décembre, la VIII' armée italienne a elle aussi été écrasée par une violente attaque soviétique sur le Don.

Tous les commandants allemands savent dès lors que la situation est désespérée.

• Hitler, contre l'avis des généraux du quartier général, refuse d'envisager une percée vers l'ouest, qui briserait l'encerclement de la VI' armée.

Le Führer, qui a solennellement garanti à l'Allemagne la prise de Stalingrad, · ne veut pas entendre parler de retraite.

De fait.

les communiqués officiels relatifs à la situation sur le front de l'est laissent entendre que la ville est virtuellement occupée par la Wehrmacht.

• Le groupe d'armées du Don arrête sa retraite et s'établit solidement derrière la rivière Manytch.

Il tiendra là jusqu'à ce que se soit repliée l'armée du Caucase composée des restes de la IV' armée blindée de von Bock, du groupe d'armées A de von Kleist, du groupe blindé de Hoth et de ce qui reste de forces italiennes et roumaines.

• Les arrière-gardes de l'armée du Caucase font sauter routes, ponts et voies ferrées.

Faute de moyens, les Russes ne parviennent pas à entraver ce mouvement de repli ni à accrocher sérieusement les unités de l'armée du Caucase.

l' AGONIE DE STALINGRAD : 1• JANV .· 2 FÉVR.

1943 ON MANCE LES CHEVAUX • L'obstination de Hitler condamne irrémédiablement la VI' armée de Paulus.

Son sort dépend désormais d'un approvisionnement acheminé par pont aérien.

• Malgré les prouesses réalisées par les pilotes de la Luftwaffe, celui-ci se révèle nettement insuffisant.

Il est vrai que l'entreprise doit faire face à d'insurmontables difficultés, dues notamment aux rigueurs de l'hiver et aux attaques incessantes de l'adversaire.

La chasse russe est maîtresse du ciel.

De plus, une grande offensive soviétique sur le Don oblige le général Richthofen, chef de la IV' flotte, à reculer ses terrains d'envol : les appareils de la luftwaffe doivent alors parcourir 300 à 400 km supplémentaires.

Dans ces conditions, l'approvisionnement va diminuant.

Les rations sont de plus en plus minces.

Les soldats allemands sont réduits à manger les derniers chevaux.

• Le froid intense de l'hiver caucasien constitue une condition aggravante.

Partis à l'offensive en été, les soldats allemands ne disposent pas de véritables tenues d'hiver.

Les cas de gelures sont nombreux.

la dureté du sol ne permet plus d'enterrer les morts.

• Après le 24 janvier, le ravitaillement en vivres diminue encore, de nombreux conteneurs étant tombés chez l'ennemi.

lA BATAILLE FINALE • Le général Joukov, qui a planifié la contre-offensive soviétique, confie la mission d'anéantir la VI' armée au général Rokossovski.

Ce dernier dispose de 39 divisions d'infanterie, de 10 brigades d'infanterie motorisée et de marine, de 7 divisions aériennes, de 45 régiments de mortiers et d'artillerie de la RVGK -la réserve du haut commandement suprême -, de 10 régiments lance-fusées, de 5 brigades blindées, de 14 régiments blindés et de 17 régiments de PVO.

• Le 8 janvier, le général Voronov, délégué par Staline, somme le général Paulus de se rendre.

li lui promet de lui laisser la vie sauve, de ravitailler ses armées, de soigner les blessés et d'autoriser les prisonniers à conserver leur uniforme, leurs décorations et leurs objets personnels.

Dans le cas contraire, les restes de la VI' armée seront exterminés.

Le général Paulus ne juge pas bon de répondre.

• Le 10 janvier commencent les opérations de réduction systématique de la zone encerclée.

Six armées soviétiques se livrent à des attaques concentriques sur un adversaire de plus en plus affaibli -la ration de pain quotidienne est tombée à 50 g.

La puissance de feu soviétique est implacable.

• Le 12 janvier, une offensive soviétique lancée sur le cours supérieur du Don aboutit à l'écrasement de la Il' armée hongroise.

• Le 22 janvier, les Soviétiques présentent au général Paulus leur seconde offre de capitulation.

• Le 24 janvier, Paulus rend compte de la situation au haut commandement de l'armée de terre et à celui du groupe d'armées du Don : «Toute résistance supplémentaire est dénuée de sens.

La défaite est inévitable.

Afin de sauver encore ceux qui restent en vie, l'armée allemande demande l'autorisation immédiate de capituler.

» Hitler refuse.

• Le 25 janvier, les Allemands, dont la résistance demeure farouche, ne contrôlent plus qu'une zone d'à peine 100 km'.

• A la fin du mois de janvier, la poche de résistance allemande éclate sous les coups de boutoir soviétiques.

Le 31 janvier 1943, le groupement Sud, avec lequel se trouve Paulus, cesse toute résistance.

L'avant-veille, Hitler avait élevé Paulus à la dignité de maréchal, espérant que celui-ci préfère le suicide à l'infamie de la reddition.

Le 2 lévrier, c'est au tour du groupement Nord de capituler.

Au total, 22 divisions allemandes se rendent.

Quelque 147 000 cadavres sont enterrés sur place.

• La bataille de Stalingrad, qui a duré plus de six mois, se solde par une écrasante victoire soviétique et par la première capitulation de l'armée allemande depuis le début de la guerre.

• Le général Halder, commandant en chef de l'état-major général, avait prévenu Hitler, dans une lettre qu'il lui avait adressée peu avant le déclenchement des opérations : « Stalingrad sera notre tombe à moins que vous ne vous contentiez de poursuivre les plans initiaux de l'opération en éliminant le gros des forces soviétiques dans le Caucase pour ensuite, et ensuite seulement, pousser notre effort sur la Volga.

Nous n'avons pas les moyens de mener ces deux opérations simultanément.

» • L'effet de la victoire, amplifiée par la propagande, est énorme en Union soviétique, où il contribue au redressement du moral de la population, ainsi que dans toute l'Europe occupée.

La vict oire de l'Armée rouge à Stalingrad apporte la preuve aux Alliés que l'URSS est une grande puissance.

Elle donne plus de poids à Staline face à Churchill et à Roosevelt.

• En Allemagne, la fin de la VI' armée, saluée par un deuil national.

consacre la fin du Blitzkrieg et oriente le Reich vers la mobilisation complète de ses moyens dans le cadre de la «guerre totale» qu'appelle de ses vœux le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels.

• Sur le plan stratégique, enfin, Stalingrad marque l'échec définitif du plan Barberousse et oblige le Reich à se battre désormais sur deux fronts, depuis le début de la contre-offensive alliée marquée par le débarquement d'Afrique du Nord en novembre 1942.

LES RAISONS DE L'ÉCHEC ALLEMAND • Plusieurs raisons expliquent la défaite de la Vl' armée du général Paulus à Stalingrad.

• Tout oppose le Blitzkrieg.

cher aux stratèges allemands, et qui a fait ses preuves notamment en Pologne, en France et lors des premiers mois de l'offensive de la Wehrmacht contre l'URSS, à cette guerre de siège, effroyablement dure, dans les conditions plus que rigoureuses de l'hiver 1941-1942.

• Les contraintes de la logistique ont également pesé sur l'issue de la bataille pour Stalingrad.

Loin de ses lignes de ravitaillement.

l'armée de Paulus aura connu d'Insurmontables problèmes d'approvisionnement en armes, matériels, munitions et nourriture.

• Une série d'erreurs d'appréciation des desseins de l'ennemi, une sous­ estimation des capacités de résistance de l'Armée rouge, l'entêtement du commandement allemand à refuser d'engager tout repli tactique et.

enfin, l'obstination de Hitler -il aura révoqué sur le front de l'est ses meilleurs généraux -ont abouti à faire de cette campagne un véritable désastre pour la Wehrmacht • Quant à Giiring.

qui a affirmé que la luftwaffe était capable d'assurer le ravitaillement des troupes prises dans la poche de Stalingrad, il porte une lourde responsabilité dans l'échec allemand.. »

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