genres - littérature.
Publié le 28/04/2013
Extrait du document
«
La notion de genre littéraire pose en effet au XXe siècle un véritable problème aux critiques et théoriciens littéraires, et toutes les questions qu’elle soulève restent sans réponse évidente et partagée malgré les différentes tentatives d’approches
(historiques, rhétoriques, linguistiques, sociocritiques, thématiques, etc.).
C’est une réelle querelle qui naît pour définir si la notion de genre existe ou non.
Alors que Ludwig Wittgenstein parle de reconnaître un « air de famille »
(Familienähnlichkeiten) , le débat sur les critères d’une telle classification est passionné.
3. 1 Le statut du genre remis en question
La classification héritée de celle d’Aristote est considérée au cours du XXe siècle en certains points comme arbitraire car, selon Tzvetan Todorov, la classification par genre repose « rarement sur une idée claire et cohérente du statut du genre lui-
même ».
Pour certains, en effet, le genre semble alors être une étiquette trop stricte et réductrice qui ne peut être justifiée.
Le critique Karl Viëtor s’interroge quant à lui : « est-il possible d’écrire l’histoire des genres, quand aucune norme du genre ne
peut être fixée au préalable, et quand, au contraire, cette norme du genre ne peut être établie qu’après une vue d’ensemble sur toute la masse des œuvres individuelles apparues dans l’histoire ? » (« l’Histoire des genres littéraires », Poétique, 1977).
Et le critique Paul Hernadi d’ironiser : « il a souvent été plus facile de construire des systèmes de classification générique que d’en éviter d’inutiles » (1972).
De fait, tout genre est en mouvement, et ses frontières se muent avec l’apparition de
nouveaux textes, qui le remettent sans cesse en question (notamment la littérature du XXe siècle, qui bouscule les genres jusqu’alors « édifiés », voire qui les met à mal).
En effet, selon le philosophe Benedetto Croce, « toute œuvre d’art vraie a violé
un genre établi et dérangé les idées des critiques, qui ont été forcés d’ élargir le genre » ( Esthétique comme science de l’expression et linguistique générale , 1902).
Gérard Genette préconise alors de considérer les genres littéraires comme des
« classes empiriques, établies par observation du donné historique, ou à la limite par extrapolation à partir de ce donné ».
3. 2 Entre théorie et histoire
Tzvetan Todorov distingue, dans une tentative de classification, les genres théoriques et les genres historiques ( les Genres du discours , 1978).
Cependant, certains critiques considèrent avec précaution l’approche théorique qui, selon eux, n’arrive pas
à satisfaire pleinement la définition du genre, l’idée du roman médiéval étant très éloignée de celle d’un roman contemporain, par exemple.
Beaucoup s’accordent donc à privilégier l’aspect historique dans la définition même du genre littéraire.
Ainsi
Hans Robert Jauss affirme-t-il que les genres « se transforment dans la mesure où ils participent de l’histoire et ils s’inscrivent dans l’histoire dans la mesure où ils se transforment », même si Gérard Genette explique que l’histoire n’explique pas tout.
Quoi qu’il en soit, les deux approches sont davantage complémentaires qu’antithétiques.
En effet, les différents critères (historiques, rhétoriques, linguistiques, sociocritiques, thématiques, voire même anthropologiques, comme le suggère Mikhaïl
Bakhtine) semblent nécessaires à l’élaboration d’un système générique, sans toutefois le générer.
L’embarras généralisé qu’engendre ce type de classification par genre est renforcé par les tentatives des critiques à lui donner d’autres noms : Gérard
Genette parle de « type », de « forme esthétique » ou encore d’« archi-genre », Tzvetan Todorov de « forme naturelle », le médiéviste Paul Zumthor de « subtradition », par exemple.
3. 3 Quelques tentatives de méthode de classification
Northrop Frye, dans l’ Anatomie de la critique (1957), élabore une théorie des genres, par une approche archétypale.
Il distingue quatre grands genres : la matière épique ( epos ), la fiction (qui découle de l’ epos ), le dramatique (public présent, poète
absent), le lyrique (poète présent mais dos à son public).
Puis classe les genres selon plusieurs éléments : l’objet (le héros par rapport à l’intrigue), le muthos (l’intrigue), le rapport entre la manière dont la communication entre le poète et le public
s’effectue.
Tzvetan Todorov limite quant à lui la notion de genre dans son Introduction à la littérature fantastique (1970) : « seule la littérature de masse (histoires policières, romans-feuilletons, science fiction, etc.) devrait appeler la notion de genre ; celle-ci
serait inapplicable aux textes proprement littéraires.
»
Par ailleurs, Gérard Genette propose une hiérarchie entre les genres et distingue les « modes », « types », « genres » et « sous-genres » ( Introduction à l’architexte , 1979).
Plus récemment, alors que la notion de genre semble recouvrer grâce aux yeux des critiques — de nombreux critiques se penchent de nouveau sur le problème depuis les années 1980 —, Jean-Marie Schaeffer explique que « du point de vue générique
il n’y a d’identité textuelle que relative au(x) niveau(x) du message investi(s) par le nom de genre.
À l’apparente relation toute simple entre un texte et son genre se substituent des relations complexes et hétérogènes entre divers aspects d’actes
communicationnels et de réalisations textuelles, ou diverses façons d’identifier le texte et divers noms de genres : dire d’un texte qu’il est un sermon et d’un autre qu’il est un sonnet ne revient pas simplement à les classer selon deux genres
différents, mais encore par rapport à des critères d’identité textuelle différents : acte communicationnel dans le premier cas, organisation formelle dans le second.
» ( Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, 1989).
Il distingue ainsi les types énonciatifs,
réceptifs, fonctionnels, thématiques et formels.
La notion de genre est malgré toutes ces polémiques toujours restée très présente dans les études littéraires, et même Roland Barthes qui la remettait en cause se rétracte à l’aube des années 1980.
En admettant qu’il existe cinq principaux genres
littéraires (poétiques, dramatiques, narratifs, critiques et argumentatifs), on peut envisager un nombre exponentiel de « sous-genres ».
Bien évidemment, cette classification peut être discutée et de nombreuses œuvres être considérées comme
transversales, c’est-à-dire qu’elles peuvent appartenir à plusieurs genres ou sous-genres en même temps.
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