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Gaudelier, la production des grands hommes

Publié le 29/03/2015

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-> Maurice Godelier est un anthropologue français né le 28 février 1934 à Cambrai.Il entre premier de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud.En 1975 il devient directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. En 1995 il fonde à Marseille le CREDO (Centre de Recherche et Documentation sur l'Océanie).Il réalise ses recherches fondatrices en anthropologie sur le terrain de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il y fait de nombreux voyages et s'intéresse au peuple des Baruyas qu'il défini comme étant sans classe et sans État. Dans la parenté, il étudit le lien entre la conception envisagée et le système de transmission lignagère.Il est l'auteur de nombreux ouvrages de référence en Anthropologie notamment « La production des Grands Hommes » présenté ici. Il l'a publié en 1982, plusieurs années après le début de son long terrain chez les Baruya. En 1996, le livre est réédité avec une postface inédite témoignant des changements récents de la société Baruya. Ce livre se concentre sur le peuple Baruyas, peuple de Papouasie-Nouvelle Guinée. Maurice Godelier traite dans cet ouvrage le pouvoir sur l'autre plus particulièrement du pouvoir des hommes chez les Baruya.Cette société est appellée primitive car il y manque deux piliers de la « civilisation » tel les classes et l'Etat. Ce peuple habite au coeur des montagnes de Papouasie et cultive des cannes à sel et des patates douces. Il existe une assez forte domination masculine au sein de cette société. Les femmes n'ont pas beaucoup de droit et n'accèdent à aucun statut valorisé comme celui de Grand Homme (sauf quelques cas très rares de Grandes Femmes Chamanes). C'est une société faisant partie de groupes de tribus en guerre perpétuelle, en effet pour ce peuple la guerre est une activité noble pratiquée par les hommes. ls ont opposé une résistance armée aux expéditions australiennes. Les tribus se chassent les unes les autres de leurs territoires. Les Baruya ont été chassé et se sont installés eux même à la place d'autres tribus. La tribu Baruya comporte une quinzaine de clans. Le système de classe se différencie en 4 classes sociales : les Grands Hommes ( guerriers, chamanes, chasseurs de casoars et producteurs de sel), les hommes dit ordinaires, les Grandes Femmes (chamanes, femmes de tannaka, femmes courageuses dans les vendettes) et enfin les femmes "normales". Les femmes ont le statut de cultivatrices et de mères. Elles n'ont cependant pas le droit de fabriquer les outils nécessaires aux tâches qui leur sont destinées (comme le bâton utilisé pour déterrer les patates) et ne peuvent pas toucher d'autres outils que celui-ci (comme les haches et machettes pour défricher les forêts ou toute arme). Les Baruya se gouvernent eux mêmes jusqu'en 1960 où les Australiens décident alors qu'il est temps de les civiliser. L'Australie pacifie les Baruya pour leur apporter la paix et se mit ensuite à les gouverner.Malgré le fait que ce peuple ne possède ni classe ni Etat, on peut tout de même voir apparaître des inégalités. En effet une partie de la société, les hommes gouverne l'autre, les femmes.Pour mettre de l'ordre dans la vie sociale des Baruya, deux inégalités se combinent : les inégalités entre hommes et femmes et les intégalités entre les homme de l'autre.Les réalités sociales tels l'inégalité entre les sexes, la subordination, l'oppression, l'exploitation des femmes sont apparus avant l'émergence des classes.Chez les Baruya il est impossible qu'il existe des femmes aussi grandes que les Grands hommes, les Grands guerriers, les Grands chamanes. Il ya un certain contraste entre cette société et la notre en effet la richesse ne donne pas le pouvoir et le pouvoir n'apporte pas la richesse.Pour eux, chaque aspects de la domination masculine qu'ils soient économique, politique ou symbolique s'expliquent par la sexualité et la place différente qu'occupe chaque sexe dans le procès de reproduction de la vie.Le concept de nature tel qu'il existe chez nous est inconnu des Baruya. Chez eux la sexualité est très souvent appelée à occuper les lieux de la société, à servir de langage pour exprimer, de raison pour légitimer des réalités dont les fondements ne relèvent pas ou peu de son ordre. Hiérarchies sociales et formes de dominationFiche n°1 : Quelles sont les divisions / hiérarchies au sein de lasociété baruya ? Chez les Baruya le sacrifice des matériaux est très frustrant. L'équilibre du livre aurait été compromis si l'auteur avait présenter tout ces matériaux. Il se concentre sur l'analyse de tous les aspects du peuple Baruya du point de vue du rapport entre les sexes.L'analyse même des rapports hommes/femmes dans leurs aspects matériels et idéels, et dans les contextes du mode de vie Baruya entraine à démontrer les mécanismes d'instauration et de légitimation de la domination masculine, et à découvrir au dela d'elle d'autres hiérarchies sociales qui distinguent cette fois les hommes entre eux et les femmes entre elles. Il y a trois formes de hiérarchie sociale au sein de la société précoloniale baruya. La première est le rapport de domination de principe des hommes sur les femmes (hommes/ femmes). Ce premier rapport est instauré par la soumission des hommes et des femmes à des rites d'initiation que seuls les hommes détiennent les objets et les formules. La seconde est le rapport de domination entre les hommes, entre les hommes à kwaimatnié et les autres (hommes à kwaimatnié/ hommes sans kwaimatnié).Ce rapport n'est pas seulement une distinction entre individus mais entre clans baruya s'étant réfugiés à Marouaka et clans formés à partir de segments de lignages autochtones intégrés, absorbés par les conquérants. Un kwaimatnié est un objet qui fait grandir la peau des garçons, allonge leur corps et les transforme en hommes en dehors du ventre des femmes. . Il est porteur de la puissance procréatrice des hommes entre eux. Pour les Baruya tout les kwaimatnié ont été donné par le Soleil et par la Lune aux ancetres patrilinéaires de ceux qui les possèdent aujourd'hui, et ils contiennent en eux une partie des pouvoir de Soleil et de Lune.Généralement le dépositaire d'un kwaimatnié ne l'ouvre devant personne à l'exception de son fils ou neveux lors de la transmission. Mais il n'est pas censé l'ouvrir entièrement car il contient des substances et des ingrédients chargés de pouvoirs tels que s'ils venaient à s'échapper, ils répendraient autour d'eux la maladie et la mort. Cette distinction recouvre un rapport de hiérarchie politique d'ordre historique : (clans conquérants et complice / clans autochtones intégrés ultérieurement).La réalité est plus complexe, les hommes à kwaimatnié ne sont pas que les garants de la domination masculine ils sont aussi les « découvreurs » de ceux qui vont assumer des fonctions d'intéret général tels la guerre, le chamanisme, la chasse au casoar, qui produisent et reproduisent la supériorité des hommes sur les femmes. L'homme à kwaimatnié est un peu le pivot de l'ordre social général.Le rapport entre les hommes à kwaimatnié et ceux sans est donc un rapport entre les vivants et les morts, les humains et les puissances surnaturelles. Ce rapport est un ordre cosmique s'écrivant :( ancetre / vivants ) + ( soleil-lune / humains )Les hommes à kwaimatnié instaurent et achèvent la domination masculine, ils sont la condition indirecte de la promotion des Grand hommes. Les grandes femmes n'existent pas au même titre que les grands hommes. Les femmes ont quelques droits que les hommes doivent respecter. La subordination consiste en une série de violences physiques et psychologique. Les dominées sont éduquées à consentir à leur domination. Il existe quelques formes de résistances. Les hommes dirigent la société. Ils le font contre les femmes. Les signes extérieurs de la domination des hommes sur les femmes sont multiples.En effet, les femmes ne doivent pas regarder les hommes quand ils se croisent. Les hommes les ignorent. Les femmes ne peuvent hériter ni transmettre la terre. Chez les Baruya ce sont les hommes qui ont le beau sexe, ils sont mis en valeur par des parures, des plumes différentes selon les stades d'initiation et de fonctions. les femmes sont vêtues de façon terne et il leur est interdit de porter ou de toucher les plumes qui ornent la tete des hommes. La femme n'est pas vraiment dominée mais elle n'est pas non plus complémentaire.Dans ce peuple la puissance vitale qui est le sperme ce sont les hommes qui l'ont, le sperme créant le lait les femmes doivent ingérer le sperm.Les hommes exercent une certaine violence idéologique sur les femmes ce qui justifient toutes les autres violences qu'elles subissent. A travers les initiations féminines, il y a un certain concentement des représentations. Les femmes acceptent leur statut. On retrouve ici le concept de violence symbolique décrit par Bourdieu. Sans le savoir, ni le vouloir, les dominés incorporent la vision du monde des dominants et se font les complices involontaires de l'ordre social existant dont ils sont les victimes. La violence symbolique influence les idées des individus mais également leurs shèmes de perception, d'appréciation et d'action, c'est-à-dire leur manière de voir et d'agir. Le concept de violence symbolique ne concerne pas uniquement les dominés, dans l'exemple des Baruya, les hommes sont parfois poussés à l'absurde devant le devoir d'affirmer en toute circonstance sa virilité.Il y a des façons de se rebeller : refuser l'homme qui leur est proposer. Mais ces résistances ne sont pas efficaces, elles n'attaquent pas le principe de la domination masculine. La répréssion des hommes est féroce, ils sont solidaire, et peuvent etre efficace collectivement dans la répression. Les villages eux mêmes sont divisés en trois zones car les hommes et les femmes ont des chemins distincts, ceux des hommes en haut, ceux des femmes en bas. Les villages sont codés de la même façon : grandes et robustes maisons d'hommes en haut, entourées d'une palissade qui délimitent un espace interdit aux femmes. C'est là que après l'age de 9, 10ans lors de la séparation avec leur mère pour etre initier les hommes vont vivre jusqu'à leur mariage à l'age de 20ans. Au milieu sont dispersés dans un espace bisexuel les maisons des familles où il y a le mari, la ou les femmes, les filles non mariées et les garçons non initiés.En bas du village il y a des huttes menstruelles où les femmes accouchent dans des abris de branches et de feuillage qu'elles brulent après usage. L'endroit est interdit aux hommesDans une maison la ségrégation entre les sexes se reproduit. Effectivement l'espace intérieur est divisé par une ligne imaginaire. Dans le demi cercle proche de la porte dorment et vivent les femmes et les enfants. A l'autre bout, c'est l'espace du mari et l'espace de tout les hommes qui pénètrent dans la maison.La femme ne doit pas enjamber le feu pour ne pas le polluer avec son sexe (considéré comme polluant dans leur système de pensée). Durant la vie d'un homme ou d'une femme, les Baruya vont occuper différents lieux en fonction de leur statut social. Durant la petite enfance, les garçons comme les filles sont logés dans leur famille d'origine. C'est un monde à dominante féminine. Les garçons sont d'ailleurs habillés d'un long pagne qui ressemble aux jupes des petites filles, autrement dit la distinction des sexes n'est pas encore présente. A partir de 6-7 ans, les garçons font progressivement bande à part, ils jouent dans la forêt tandis que les petites filles restent avec leur mère et commencent à les aider. A l'age de neuf ans, les garçons changent de demeure pour aller habiter dans une maison ou ils seront rassemblés, près des hommes. Ils sont alors séparés brutalement de leur mère. Durant plus d'une dizaine d'année le garçon sera dans un monde exclusivement masculin, cette période correspond aux initiations pour qu'il devienne un homme et puisse se marier. C'est d'ailleurs lorsqu'il va se marier que le garçon devenu homme quitte ce lieu pour aller habiter une maison qu'il aura construite avec l'aide des hommes de son village. Il y habitera alors avec sa femme. Les femmes quant à elles ne changent pas de demeure pendant leur enfance. C'est au moment du mariage qu'elle quitte sa demeure d'origine pour retrouver son mari. La résidence est donc virilocale, ou plus exactement patrivirilocale, dans la mesure où les fils vivent souvent près de leur pèreLa propriété des terres revient aux hommes qui se la transmettent. Les femmes, leurs soeurs ou leurs filles en sont exclues.La fabrication des outils et armes est également une activité réservé a l'homme.Le baton a fouir dont seul les femmes se servent pour planter et récolter est fabriqué par les hommes. Les femmes n'ont pas le droit de fabriquer les outils cela les rend dépendantes matériellement et socialement.Les hommes fabriquent les armes, casse-tete, boucliers, ars et flèches car la guerre et la chasse sont réservés aux hommesLes femmes sont aussi exclues de la production du sel qui est le principal moyen d'échange des Baruya. Dans la vie quotidienne, les hommes chassent, défrichent la forêt, coupent le bois, font les terrassements, construisent les maisons, font la guerre et le commerce avec les autres tribus. Ils produisent le sel utile au commerce inter-tribal dont ils dépendent en partie pour leur vie sociale. Les femmes cueillent, tuent des rats, des souris, du poisson, pèchent des grenouilles et têtards. Elles désherbent, plantent et récoltent les jardins, cultivent des joncs pour faire des pagnes, récoltent le chaume pour les toits, élèvent les enfants et préparent la nourriture. Les tâches dévolues aux femmes sont plus nombreuses, ingrates et monotones, moins périlleuses moins physiques, plus solitaires, pour cela les hommes les jugent inférieures et indigne d'eux (bien qu'indispensables et complémentaires). Les femmes n'ont pas le droit d'effectuer les taches réservées aux hommes. Les produits agricoles se répartissent de façon égale. Les hommes donnent du gibier aux femmes ayant accouchées ou menstruées mais souvent ils consomment eux même le gibier et les femmes doivent l'accepter. Les porcs sont élevés par les femmes mais ce sont les hommes qui les tuent et les partagent. Ils distribuent la viande selon les souhaits de la femme et une part leur revient. En ce qui concerne les pouvoirs magiques, les hommes font des cérémonies pour fertiliser les parcelles défrichées et les transmettent à leur fils. Les femmes peuvent choisir un endroit des parcelles défrichées par leur mari pour y faire des cultures. Elles y plantent des plantes magiques en récitant des formules qu'elles apprennent de mère en fille. On redoute les sorts jetés sur les jardins par d'autres tribus. Le pouvoir magique des hommes est plus grand pour la production agricole, le sel et les maisons. Celui des femmes est plus grand pour les pagnes, les porcs, avoir ou pas des enfants. Les pouvoirs magiques de l'homme et de la femme se perdent en cas de transgression des interdits sexuels ou d'adultère. Un couple ayant de mauvaise récolte sera soupçonné de mauvaises conduites. La sexualité pollue même si elle est pratiquée selon les normes. En particulier, l'homme est pollué par le sexe de la femme et ses secrétions vaginales.Il existe quatre statuts masculins qui différent de la masse et trois féminins. Tout d'abord, chez les hommes, au bas de l'échelle se trouve les fabricants de sel. Ils se situent juste au dessus de la masse des hommes ordinaires sur l'échelle sociale. Celui-ci possède une place cruciale dans l'économie Baruya car il permet l'échange de matériaux nécessaires à la reproduction de leur vie sociale. Il bénéficie d'un statut qui l'élève au-dessus des hommes ordinaires. Mais il ne bénéficie d'aucun marquage spectaculaire. Ce statut peut être acquis par chacun, il ne demande qu'une transmission de savoir entre un fabricant et un initié. Le statut suivant est le chasseur de casoar. Ce statut est particulier car il est clairement connoté : le casoar est assimilée à la femme, ainsi un grand chasseur de casoar acquiert une grande renommée non seulement fondée sur le nombre de leurs prises mais aussi sur le fait que chaque victoire du chasseur sur un casoar démontre la supériorité des hommes sur les femmes.Il peut être pratiqué par n'importe qui. Le chamane est la seule fonction qui peut être obtenue par les hommes et les femmes. Mais il existe des différences entre les hommes et les femmes dans la fonction, une femme ne peut avoir autant de pouvoir qu'un grand chamane. Les inégalités de sexes sont encore présentes au sein même de la tâche. Le statut s'acquiert en ayant fais la preuve de pouvoirs magiques. Cependant un clan fournit les chamanes d'une manière héréditaire. Les chamanes par leur protection et leur surveillance qu'ils exercent sur leur tribu bénéficient de beaucoup de reconnaissance et de respect. Ils inspirent également de la crainte par les sorts néfaste qu'ils peuvent lancer. Les grands chamans sont connus de tous et disposent d'une forte renommée. Ils bénéficient de certains avantages de part leur statut en plus de la reconnaissance : ils n'ont pas besoin d'échanger une femme pour en obtenir une, on leur donne plusieurs épouses et ils ne participent pas à la guerre dans les combats. De plus lorsqu'ils procurent des soins à une victime ils sont récompensés par des biens matériels tels que des gibiers. Le grand guerrier est le statut le plus haut qu'un homme puisse percevoir dans l'échelle sociale. Le grand guerrier est reconnu pour son courage, son adresse et ses pouvoirs magiques qui lui permettent la réussite d'exploits. Il bénéficie de prestige, de gloire et d'admiration. Il perçoit également une grande autorité, en temps de guerre comme en temps de paix. Il est écouté, et peut se permettre d'intervenir dans des conflits qui ne le concerne pas. Il s'élevait ainsi au dessus des obligations et des limites de rapports de parenté pour faire triompher un intérêt plus large. Son autorité prenait donc source dans sa bravoure et par là son prestige se transformait en pouvoir social. Le grand guerrier ne gagne pas de récompense ou de richesse. Il est au service de la tribu et il est dangereux pour lui d'outrepasser ces pouvoirs. Chez les femmes, les chamanes sont les plus valorisées. Bien qu'inférieure aux hommes, certaines femmes chamanes étaient reconnues meilleurs dans leur rôle que certains hommes. Cependant, leur renommée est plus faible, elle s'arrête aux Baruya, tandis que les hommes peuvent être connus des autres tribus. Le statut suivant est occupé par les femmes de « tannaka ». Le « tannaka » est l'homme qui en temps de guerre produit de grands jardins pour en faire bénéficier tout le monde. De même pendant les initiations, il met a disposition tous ces jardins, et donne beaucoup de nourriture. La femme du tannaka l'aide dans son jardin. Enfin, le dernier statut au dessus de la masse ordinaire des femmes est constitué par les femmes courageuses dans les vendettas. Ces dernières ont fait preuve de courage et d'agilité lors de conflits. Ainsi, dans les différents statut de la société des Baruya, seuls les chamanes bénéficient de récompenses matérielles. Le reste des groupes formés par ces statut bénéficie de renommé ou d'autorité mais jamais de bien ou de richesse. Stratégies de reproduction (biologique, matrimoniale)Fiche n°5 : Montrer comment les systèmes de parenté et d'alliancereproduisent la subordination des femmes. Le système de parenté baruya est patrilinéaire, c'est à dire qu'un enfant appartient automatiquement, dès sa naissance, au lignage et au clan de son père.Les parents maternels, essentiellement l'oncle et ses enfants sont très importants pour les Baruya. Ils signifient protection et affection.Il est possible pour un homme d'aller habiter chez le frère de sa femme,surtout si les deux hommes ont échangé leurs soeurs. Cette possibilité est souvent utilisée lorsque des querelles éclatent et opposent violemment plusieurs frères qui cohabitent avec leur père. Pour éviter un incident pouvant aller jusqu'au meurtre qui entrainerais la scission du lignage, un des frères demande à ses beaux-frères d'aller habiter avec eux, ces derniers ne refusent jamais. L'origine de l'union chez les Baruyas est caractérisée par l'échange des femmes. Les femmes sont échangées soit à l'intérieur de la tribu, soit à l'extérieur avec des amis ou voisins. L'échange se veut réciproque, soit par l'échange le don d'une autre femme soit par des dons matériels ou des services si l'homme est orphelin ou célibataire mais il devra céder une de ses filles si il en a une pour combler totalement la dette. Ce sont donc les hommes qui échangent les femmes pour crée des mariages, plus précisément les frères ou les pères. Les femmes sont promises lors de la puberté. Les mariages sont caractérisés par la quasi absence de connaissance du conjoint. Certains unions sont cependant choisis par la femme ou l'homme dans la mesure du possible. Avant le mariage, les hommes doivent collecter les matériaux pour construire une maison. Lors de la cérémonie, les mariés apprennent la conduite à respecter. Ils vont ensuite dans leur maison, doivent attendre que la suie ait noirci le chaume pour faire l'amour. Avant, l'homme donne son sperme à boire à la femme sensé la renforcer. Le statut de l'homme augmente à chaque enfant.Chez les Baruya on a 5 types de mariages possibles : Le mariage ginamaré, est considéré comme la norme.L'échange peut être fait à la naissance des enfants par leurs pères, où à la puberté des filles par deux jeunes hommes qui échangent leurs soeurs entre eux. Le mariage kourémandjinaveu qui désigne le mariage avec la fille de la soeur du père, la cousine croisée patrilatérale. Il est fait quand le père de X donne l'une de ses soeurs sans recevoir en échange d'épouse. Il a alors des droits sur sa nièce et quand elle atteint la puberté, il va la chercher pour la donner à son fils. Le mariage tsika est le mariage après un enlèvement.Le jeune homme qui enlève la jeune fille la "tire" en lui prenant la main et en tordant un doigt vers l'arrière. Il ne lui fait pas mal car l'enlèvement est décidé en secret par les deux jeunes gens et la jeune fille ne résiste pas.L'affaire est dotant plus sérieuse si les familles avaient projeté un mariage selon le principe du ginamaré, de l'échange des soeurs. Par son refus, la jeune fille, met en péril le mariage de l'un de ses frères.Le jour fixé l'homme enlève la jeunne fille à un endroit convenu, par exemple dans un jardin, il l'emmene dans la foret où il la laisse a ses frères et cousins.Le lendemain le lignage de la femme est en colère. Ses frères, ses cousins partent à la recherche du jeune homme qui les attend. La rencontre est violente, souvent elle aboutit à des coups. Le jeune homme est battu.La jeune fille a été amenée sur les lieux et le jeune homme tente de la marquer de son sang en se précipitant vers elle et en faisant couler le sang de ses blessures sur ses seins. Ce geste calme les tensions et la jeune fille est finalement accordée en mariage. On retrouve alors le mariage kourémandjinaveu avec une cousine croisée patrilatérale.Mais si le jeune hommea une soeur qui n'est encore promise à personne, il enlève la jeune fille avec qui il veut se marier et la cache avec sa soeur dans la maison d'un parent complice. La même scène se déroule, mais on cherche ici la fille qu'on trouve cachée avec la soeur du jeune homme, ce dernier offre alors sa soeur en compensation. Et l'on retombe alors dans le mariage ginamaré. Le mariage apmwéraveugaïmwonga est aussi peu fréquent. Le garçon qui n'a pas de soeur ou de cousine à échanger cherche un couple avec une fille mais pas de fils qui désire un gendre qui viendrait vivre avec eux et les aider dans leur vieillesse. Le mariage apmwétsalairaveumatna n'est jamais pratiqué entre Baruya, mais des fois avec des tribus étrangères et lointaines avec lesquelles on voulait établir ou consolider des échanges commerciaux et pacifiques. C'est une formule de mariage avec dot. Les Baruya achètent parfois des femmes à d'autres tribus avec du sel mais ne vendent pas leurs femmes. Ils n'accumulent pas et n'échangent pas des richesses contre des femmes ni l'inverse, contrairement à d'autres tribus Les femmes sont un moyen d'échange et de liens entre les lignages. Les mariages sont arrangés et se font par paire avec un échange de deux femmes entre deux clans. Deux jeunes hommes échangent leurs soeurs. Les échanges peuvent être différés à la seconde génération. Ils sont arrangés par les lignages mais les jeunes peuvent faire savoir leur préférences. Un jeune homme peut enlever une jeune fille. Les jeunes filles peuvent refuser une fois le mari qu'on leur a promis. Les mères peuvent empêcher, si nécessaire, le mariage de leurs filles. Un homme sans soeurs peut se marier en rendant service au clan de sa femme et devra rendre une fille plus tard. Les Baruya achètent parfois des femmes à d'autres tribus avec du sel mais ne vendent pas leurs femmes. Au temps des guerres se pratiquaient des mariages sans compensation avec des prisonnières. Les dettes ne sont pas annulées par l'échange mais équivalentes. Elles impliquent un lien, une responsabilité (liens plus forts entre beaux frères que frères). Ce n'est pas le cas pour les échange contre du sel. Les garçons sans soeurs se mariant sans échange sont en dette et en infériorité jusqu'à donner une fille au clan de leur femme. Les Baruya n'accumulent pas et n'échangent pas des richesses contre des femmes ni l'inverse, contrairement à d'autres tribus. Tous ces rapports impliquent la subordination des femmes, le fait qu'elles sont considérées comme une ressource, un bien à échanger. Une femme ne peut quitter son mari. Lui peut la répudier et la donner à ses frères, cousins. Quand un homme meurt ses épouses sont distribuées à ses frères et cousins. L'adultère est puni de mort. N'importe quelle jeune fille en bonne santé en vaut une autre (moyen abstrait d'échange). Le transfert de dettes en femmes est possible. Les femmes doivent toutes accepter de travailler dur et d'obéir aux hommes. L'éducation familiale est insuffisante à reproduire tous les codes, donc la société procède à des initiations. Les femmes accouchent dans un lieu isolé car l'accouchement et les règles sont considérés par les hommes de cette société comme des pollutions. Les femmes disposent d'un pouvoir important : elles peuvent décider de garder ou non son (ou ses) enfant(s) en vie. La phrase « et même si son enfant est mort-né ou meurt de lui-même dans les premiers jours qui suivent sa naissance, lorsque la femme revient au domicile conjugal et en informe son mari, elle est immédiatement soupçonnée de l'avoir tué, et même de l'avoir tué parce-que c'était un fils » montre bien la rivalité omniprésente entre les sexes. Les principes et mécanismes sur lesquels repose le mécanisme social qui assure chez les Baruya la reproduction de la vie et la production des rapports de parenté, impliquent la subordination des femmes. Dans toutes les manières que l'on vient de voir d'établir une alliance, les hommes exercent plus de pouvoir que les femmes et exercent ce pouvoir sur les femmes.Les femmes Baruya sont subordonées aux hommes matériellement, politiquement et symboliquement. Cependant, cette subordination ne signifie en aucun cas que mes femmes n'ont pas de droits mais que des devoirs.La subordination d'un sexe à l'autre entraine diverses formes de violence exercées sur l'autre par le sexe qui domine. Violence physique (coups et blessures), violence psychologique (insultes, mérpis, idéologies qui dénigrent et rabaissent). Mais une subordination permanente implique également l'existence d'un certain consentement des dominés à leur domination, et de dispositifs sociaux et idéologiques pour créer ce consentement. L'échange direct des femmes pour le mariage montre en partie la subordination des femmes.Les dons/contre-dons n'effacent pas vraiment les dettes mais les mettent en balance et les équilibrent.Dans ce peuple il arrive souvent qu'un groupe A doive une femme a un groupe B et que ce dernier doive une femme au groupe C. Les 3 lignages se mettent donc d'accord et c'est alors que le lignage A donne une de ses femmes au lignage C pour compenser toutes les dettes. Tout se passe comme si une formule du genre B -> A -> C -> B était mise en pratique.La femme est vraiment totalement subordonnée, car on a une équivalence des femmes qui sont des monnaies d'échange, un équivalent général, une marchandise. On les traite comme des moyen abstrait d'échange. Ce principe de l'équivalence des femmes est essentielle pour comprendre que la femme n'a aucune autonomie. -> Godelier s'interroge sur les relations de parenté et les règles du mariage pour comprendre les relations économiques et sociales.On apprend dans sa description de la société Baruya qu'il y a une division sexuelle des tâches avec une plus grande valorisation du travail des hommes, même si les femmes ont des pouvoirs, comme sur les naissances.Les femmes sont tenues à l'écart des principales forces productives (la terre, les armes), des connaissances, et n'ont pas la parole dans les décisions qui concernent le groupe. Elles participent en plus à la reproduction d'un ordre qui les domine (elles sont valorisées que lorsqu'elles sont dociles). « Groupes sociaux caractérisés par leur place spécifique dans le procès de production et de redistribution des « richesses » matérielles nécessaires à la reproduction de leur société » est la définition que Godelier donne de la classe. Les femmes produisent ces richesses, mais ne les possèdent pas, elles n'en disposent pas, donc on pourrait parler de domination de classe.Les Hommes ont le contrôle des moyens matériels qui permettent au groupe d'exister (domination économique), des moyens de gouverner (domination politique) et des moyens de penser et d'agir (domination idéologique). Pour parler de rapports de classe, il aurait fallu que les femmes ne fassent que produire et les hommes que diriger.Godelier va mettre en rapport son analyse des rapports homme/femme avec le système d'alliance. La société Baruya instaure une circulation de femmes (échange direct de femmes), ce qui va être tout à fait différent des systèmes où les femmes sont échangés contre des cochons (comme dans les sociétés à Big Men).Les femmes élèvent des cochons. Les sociétés à Big men sont des sociétés où l'accès au pouvoir implique une accumulation des richesses (pour la redistribution), donc le contrôle des femmes qui vont produire ces richesses constitue un enjeu social important. Ce qui est différent dans les systèmes à Great men où le pouvoir est soit mérité (grand guerrier, grand chasseur), soit hérité (maître des initiations, chaman).Il ne s'agit pas de rapport de classe même si les femmes sont séparées de la propriété des principaux moyens de production. . Cette domination est avant tout symbolique et s'exprime dans une domination matérielle. Elle provient de deux pouvoirs : le sperme (symbole de la domination masculine car il constitue une force de vie) et l'expropriation des pouvoirs féminins. La sexualité dans ses significations symboliques devient le support de la stratification sociale.Dans cette société Baruya, les hommes ont donc le monopole des fonctions clés. Cependant la subordination féminine n'est pas totale ni définitivement établie. Il y a, au contraire, une lutte permanente entre les sexes.

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