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Fin de l'Empire d'Occident

Publié le 27/02/2008

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Rien de plus fallacieux ou de plus vain que les tentatives des historiens pour découper le passé en tranches distinctes, comme si un événement bien daté suffisait pour ouvrir ou fermer les portes du destin ! De même que, dans l'espace, les véritables frontières naturelles ne sont pas des tracés linéaires  faîte de montagnes ou lit de rivière ­ mais bien plutôt des zones plus ou moins larges, de préférence désertiques ou inhabitées, de même les limites des temps ne peuvent s'accrocher à une date précise. Comme on parle d'Étattampon, ne faudraitil pas concevoir des " époquestampons " ? Ces réflexions doivent être formulées quand on passe de l'Antiquité au Moyen Âge : transition assurément, mais tout ne passetil pas ? Omnia transeunt !  N'essayons donc pas de fixer ce tournant à tel ou tel instant fatidique : la mort de Théodose (395) ou la chute de Romulus Augustule (476). Un grand historien, Ferdinand Lot, chargé d'étudier " la fin du monde antique et le début du Moyen Âge ", a embrassé toute l'époque du IIIe au VIIe siècle. C'est à peu près ces limites que nous envisagerons, en les rétrécissant simplement du IVe au VIe : deux siècles et demi pour l'Occident romain, qui devient alors progressivement barbare.

« Rien de plus fallacieux ou de plus vain que les tentatives des historiens pour découper le passé en tranches distinctes, comme si un événementbien daté suffisait pour ouvrir ou fermer les portes du destin ! De même que, dans l'espace, les véritables frontières naturelles ne sont pas destracés linéaires faîte de montagnes ou lit de rivière mais bien plutôt des zones plus ou moins larges, de préférence désertiques ou inhabitées, demême les limites des temps ne peuvent s'accrocher à une date précise.

Comme on parle d'Étattampon, ne faudraitil pas concevoir des“ époquestampons ” ? Ces réflexions doivent être formulées quand on passe de l'Antiquité au Moyen Âge : transition assurément, mais tout nepassetil pas ? Omnia transeunt ! N'essayons donc pas de fixer ce tournant à tel ou tel instant fatidique : la mort de Théodose (395) ou la chute de Romulus Augustule (476).

Un grand historien, Ferdinand Lot, chargé d'étudier “ la fin du monde antique et le début du Moyen Âge ”, a embrassé toute l'époque du IIIe au VIIe siècle.

C'est à peu près ces limites que nous envisagerons, en les rétrécissant simplement du IVe au VIe : deuxsiècles et demi pour l'Occident romain, qui devient alors progressivement barbare.

Dans la seconde moitié du IVe siècle, on constate l'existence d'un Occident distinct de l'Orient romain.

L'unité impériale, chère à Auguste, àTrajan P2672 , à Septime Sévère P2526 , est compromise depuis le début du BasEmpire : Dioclétien P090 a bien tenté une restauration unitaire à travers sa tétrarchie, puisqu'il demeurait le seul souverain d'un attelage à quatre ; Constantin P078 a bien fondé une monarchie englobant tout le monde romain.

Néanmoins avec ses fils un partage s'est institué : deux partes imperii sont juxtaposées, liées parfois par la communauté de souverain quand survit un seul héritier Constance II P1427 en 350, Julien en 361 , liées aussi par la communauté du collège consulaire qui donne son nom à l'année, mais le plus souvent séparées par la dualité de législation et d'administration.

Après l'extinction de la dynastie constantinienne en 363, celle de Valentinien, qui est installée par l'initiative des chefs civils et militaires, revient,comme par une pente naturelle, à la dualité impériale : deux frères se partagent l'Empire, Valentinien Ier P2697 en Occident, Valens P2696 en Orient, et désormais il en sera toujours ainsi jusqu'à la fin.

Il n'y a donc pas lieu de parler du partage de l'Empire par Théodose P316 entre ses fils en 395, comme on le fait souvent : c'est au plus tard en 364 que s'installe définitivement ce régime, préparé d'ailleurs de longue date par les nécessités de laconjoncture plus encore que par les volontés des gouvernants.

Les seules questions qu'on doive se poser à cet égard sont d'abord celle de lacoupure entre Orient et Occident, puis celle des rapports entre les deux Empires.

La première pensée qui vient à l'esprit quand on oppose Orient et Occident est celle de la distinction entre deux domaines culturels, latinité ethellénisme.

Cette dualité a toujours existe depuis que l'Imperator Caesar Augustus a unifié sous son autorité l'ensemble du monde méditerranéen. Rome gouverne toutes les rives orientales du Mare nostrum ; elle a cependant respecté la langue et les modes de vie d'un Orient hellénisé, à la civilisation supérieure.

Si presque tous les empereurs ont été euxmêmes des Occidentaux, certains ont adopté pour leur compte la culturehellénique : il n'est que de rappeler les noms d'un Hadrien P129 , d'un Marc Aurèle P217 , d'un Julien ; et au IIe siècle avec la Seconde sophistique, au IVe avec les grands rhéteurs païens et les Pères de l'Église, on a pu parler de renaissances de l'hellénisme.

A un niveau inférieur, celui de la langueusuelle, les domaines sont encore plus tranchés : les dialectes locaux ne sont plus que patois rustiques et tout le monde en Orient parle le grec dela Koinè , tous en Occident s'expriment en latin.

Seules des élites cultivées ou des techniciens sont bilingues : Orientaux qui ont besoin du latin, langue officielle de l'administration et de l'armée ; Occidentaux désireux d'accéder aux chefsd'œuvre de la littérature ou de la philosophie grecques.Ce dualisme existe depuis des siècles et ne fait que s'accentuer, l'ignorance du grec se généralisant en Occident.

Mais il ne faudrait pas pourautant faire coïncider la frontière politique avec la limite linguistique : les accidents de l'histoire ont rattaché à l'Occident toute la péninsulebalkanique, dont le Sud n'est autre que la vieille Hellade, Macédoine et Achaïe, où survit Athènes avec ses écoles fameuses ; inversement estrattaché à l'Orient le bas Danube, où la colonisation romaine a descendu le fleuve jusqu'à son embouchure et installé une population latinophonedans ce qui était la Dacie et sera la Roumanie et dans la Mésie, aujourd'hui bulgare, voisinant la Thrace hellénisée.

Ce n'est qu'après 395 quel'Illyricum oriental passera sous l'autorité de Constantinople, laissant alors en dehors de l'Occident plusieurs provinces “ latines ”, notamment celle où naîtra Justinien P178 .

Mais à part cette anomalie, qui demeure limitée, l'Occident est bien le domaine de la latinité, l'Orient celui de l'hellénisme.

Dualité aurait pu être solidarité plutôt qu'antagonisme.

A l'origine, on pouvait espérer qu'il en serait ainsi.

Les deux souverains, indépendants pourmieux résister aux poussées externes ou aux dangers internes, n'étaientils pas des frères ? Les Valentiniens après les Constantiniens, puis lesThéodosiens n'étaientils pas rapprochés par les liens du sang autant que par la fiction politique de l'unanimitas ? On sait, hélas ! que les discordes familiales sont aussi fréquentes que les concordes fraternelles.

Ici, sans parler de luttes fratricides comme en connaîtra la dynastiemérovingienne, il faut bien constater, surtout chez les Orientaux, une indifférence de plus en plus marquée aux intérêts de l'autre pars.

Il s'esttrouvé que l'Occident, exposé à plus de périls, aurait eu besoin de l'aide fraternelle de l'Orient pour y résister : sous Théodose P316 encore, l'empereur de Constantinople intervient dans le domaine des derniers Valentiniens pour abattre des usurpateurs et y rétablir la légitimité.

Maissous les fils de Théodose P316 , la cour de Constantinople est jalouse du Barbare romanisé qui gouverne en Italie, Stilicon P2588 , et ne bouge pas pour le soutenir contre les nouveaux dangers qui frappent l'Occident.

Bien plus, c'est elle qui, pour se débarrasser de Barbares encombrants,campés sur son territoire, les expédie vers l'Italie : le germe de l'infection généralisée où périra l'Empire occidental lui a été inoculé parl'inconscience ou la malignité des dirigeants orientaux.

Et par la suite, c'est le même égoïsme sacré qui animera la cour byzantine à une exceptionprès, quand il s'agira de combattre le péril vandale qui menace les rivages helléniques autant que ceux de l'Italie ; mais, si une expédition communeest montée en 468, on se décourage après un premier échec et l'Occident est bientôt livré à luimême.

abandonné, sinon trahi et voué à la mort.

La fin de l'Occident romain doitelle être donc placée à cette date de 476 où est déposé le dernier empereur italien Romulus Augustule P2464 ? On verra qu'il n'en est rien et que la romanité s'est perpétuée audelà, du moins en Italie.

Mais il faut revenir en arrière pour mieux étudier le processusde décomposition de cet Empire au cours d'un siècle et plus.

Au début de la dynastie valentinienne, tout paraissait en place pour durer longtemps : de 364 à 392, cette famille a gouverné l'Occident avecd'excellents résultats.

Valentinien Ier P2697 n'est qu'un soldat de carrière, un Pannonien peu cultivé, mais il a les qualités nécessaires à la défense des frontières.

Prolongeant les victoires remportées naguère par Julien, il a, selon l'expression de Camille Jullian, “ monté la garde au Rhin ”,contenant les Alamans et les Francs sur la rive droite du fleuve ; puis il a passé le Danube pour refouler sur la rive gauche les Quades et lesSarmates.

Après lui, son fils et ses généraux continuent la même défense vigilante.

Sans doute, pour combattre les Barbares, utiliseton desBarbares : les meilleurs généraux sont alors Mérobaud P2139 , Dagalaïf, Bauton, Arbogast des Francs, parfaitement assimilés, d'un loyalisme indiscuté.

Il n'y avait pas là motif d'inquiétude.

La faute sera plutôt à la cour d' Honorius P1789 d'écarter le bon et vaillant ministre qu'était. »

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