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Fiche de lecture : Sénèque LA Vie heureuse et de LA Brièveté de LA vie

Publié le 10/09/2018

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Victime de ses propres excès, Caligula est massacré en 41 et son neveu Claude lui succède. En souvenir des colères de Caligula et à l’intention du jeune empereur, Sénèque rédige la même année un traité de bon gouvernement, De la colère. La disparition de son ennemi exalté ne mettra pourtant pas terme au revers de fortune* de Sénèque. Claude l’exile en Corse pour raisons politiques en 41, la charge officielle étant un adultère entre Sénèque et Julia Livilla, sœur de l’empereur Caligula et rivale politique de l’impératrice Messaline. Livilla est exilée puis exécutée, Sénèque restera huit ans prisonnier d’une île alors rude et inhospitalière. li y compose, entre autres, la Consolation à Helvia, œuvre à la fois tendre et stoïque à l’adresse de sa mère et de sa tante, et la Consolation à Polybe, communément comprise comme une plaidoirie désespérée pour revenir à Rome. li s’adonne à la contemplation des phénomènes naturels et en particulier des astres, à travers lesquels il pense communier avec l’éternité et la divinité. De cet exil corse partagé entre prostration et exaltation date La Brièveté de la vie.

 

Ce n’est que lorsque l’empereur Claude se remarie avec sa propre nièce Agrippine que la fortune sourit de nouveau à Sénèque. Agrippine le rappelle à Rome et lui confie l’éducation de son fils Néron. Néron n’a que dix-sept ans à la mort de Claude, et c’est à son précepteur Sénèque que revient l’étrange honneur de rédiger l’éloge funèbre de celui qui l’avait exilé; il compose parallèlement un pamphlet satirique sur la déification du défunt empereur, l'Apocoloquintose.

 

Surtout, Sénèque est propulsé à la tête de Rome : au côté de Burrus, préfet de la garde prétorienne, Sénèque est le régent officieux de l’Empire et devient consul en 57 ; il tente de renforcer le pouvoir du sénat, mis à mal depuis Auguste. li rédige De la clémence, traité stoïcien de gouvernement à l’intention du jeune Néron. Pendant les cinq premières années du règne de Néron, de 54 à 59 environ, Sénèque exerce une influence bénéfique sur le caractère difficile et capricieux du prin-ceps, et sur l’Empire. Mais cette influence décroît au profit des intrigues de cour et de cœur, et Rome peine à maintenir sa paix aux confins de l’Empire. Néron devient un vrai tyran.

Il accroît la liste des << fonctions » de l’homme, ajoutant les rôles sociaux aux facultés naturelles comme l’imagination ou la raison : faire son devoir, ce n’est pas seulement vivre en accord avec << la nature » (voir encadré <

 

Cicéron a laissé une célèbre image pour expliquer cette duplicité du sage et de la recherche du bonheur : celle de l’archer. Agir, c’est comme tirer à l’arc; on vise un but concret que l’on estime bon, par exemple la stabilité de l’État, la libération d’un accusé innocent quand on est son avocat, la bonne éducation de ses enfants pour un père de famille, etc. Mais on n’est jamais sûr d’atteindre ce but, car notre action dépend aussi des circonstances : les ennemis politiques nous laisseront-ils faire ? Le jury sera-t-il de bonne foi ? Nos enfants sauront-ils accepter l’éducation qu’on leur inculque ? Être heureux, est-ce réussir dans ces entreprises humaines, est-ce comme mettre la flèche dans le mille ? Non, répond Cicéron, car il ne dépend pas de l’archer seul que la flèche atteigne la cible, ni de nous que nos efforts soient couronnés de succès. Si la cible est atteinte, ce ne sera pas nous qui aurons réussi mais le destin qui aura été favorable. De la même façon, si nous ratons notre but, cela ne nous rendra pas forcément malheureux. Car seul ce qui dépend de nous peut faire notre bonheur ou notre malheur ; or ce qui dépend de nous, c’est uniquement de mettre en œuvre tous nos efforts et toute notre réflexion pour parvenir à nos buts. C’est donc seulement en fonction de ces efforts, et non de leur succès, que l’on pourra s’estimer heureux ou malheureux

 

Cicéron distingue donc les << buts » concrets de nos actions de la << fin » de notre vie entière : le but, c’est de remplir honorablement son << office >> de citoyen, de tribun, etc. Ces buts ne nous permettent jamais de nous épanouir complètement, ils sont seulement ce que par nature ou par notre position sociale nous << préférons >>,et nous ne sommes jamais assurés de les réaliser parfaitement. La fin, en revanche, consiste à faire tout l’effort dont nous sommes capables pour parvenir à nos buts - à condition que ceux-ci soient honorables, bien entendu. Cette fin dépend entièrement de nous, elle nous permet de mettre en œuvre toutes nos vertus : intelligence, courage, justice, ténacité, etc. C’est donc dans la fin de l’action, et non dans son but, que réside le souverain bien*; c’est dans l’effort maximal pour faire ce que la nature ou la société attend de nous que nous pouvons être

Les dialogues socratiques de Platon ont fixé les grandes caractéristiques du genre : deux ou plusieurs personnages s’opposent sur un même sujet ou une même question, et de leur échange philosophique doit sortir la vérité, ou du moins la reconnaissance d’une erreur. Le genre du dialogue correspond ainsi parfaitement à la philosophie telle qu’elle était pratiquée dans l’Antiquité, surtout à l’époque hellénistique : essentiellement par des discussions entre maître et élèves, ou par des disputes entre membres d’écoles rivales, où les arguments s’entrechoquent jusqu’à ce que jaillisse une étincelle de vérité.

 

Rien de tel chez Sénèque : le dialogue est pour lui une pure forme littéraire, la dispute philosophique a perdu toute prétention à être la voie royale vers la vérité. Les dialogues de Sénèque sont en fait des lettres : Sénèque s’adresse à un dédicataire, en général un proche et un homme déjà favorable à sa philosophie et à son idéal de sagesse - son frère Gal-lion dans La Vie heureuse ou son beau-frère Paulinius dans La Brièveté de la vie. Il ne leur donne la parole, quand il le fait, que de manière fictive, en imaginant ce qu’ils pourraient avoir à objecter ; et encore, les objections de Gallion dans La Vie heureuse ne servent qu’à donner voix aux adversaires épicuriens de Sénèque. Il n’y a donc pas de place pour une réelle dissension ; le dédicataire ou lecteur doit recueillir pieusement les sentences du maître, il n’a absolument pas voix au chapitre, et Sénèque ne se préoccupe d’ailleurs guère de lui. On voit ici, sans aucun doute, les effets de l’évolution de la pratique de la philosophie entre l’époque hellénistique et l’époque impériale (voir supra, p. 53).

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« sophie qui se prése nte comme un système : elle promet de donner une vision du monde, de l'homme et de la vie qui soit complète, cohérente et articulée en parties.

Les trois principales parties ou articulations de la philosophie stoïcienne sont la logique, qui traite de la nature du discours et de la connaissance humaine, et des moyens de parvenir à la vérité ; la physique, qui étudie le monde et la nature ; enfin l'éthique, qui traite de l'homme, de sa conduite et de la façon de parvenir au bonheur*.

Cette division tripartite de la philosophie en logique, physique et éthique est aussi une innovation du stoïci sme ; elle demeurera la div ision tradition­ nelle de la philosophie en général jusqu'aux Temps modernes.

Ces trois parties de la philosophie stoïcienne ne définissent pas pour autant un ordre clair: faut-il commencer par la physique, par la logique ou par la morale ? Et par quoi faut-il continuer ensuite? Les stoïciens eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux sur la question de savoir quelle est la >, quelles sont les positions de base qui engagent fondamentalement le disciple dans la voie du Portique.

En un sens, c'est la preuve du succès de leur philosophie :elle est tellement cohérente et tellement > que peu importe le bout par lequel on la prend ; tout se tient, et qui en accepte la moindre partie est obligé d'acce pter toute la vision stoïcienne du monde.

On ne peut, par exem ple, adopter la morale des stoïciens sans accepter aussi leur physique.

Ainsi, le bien absolu et total visé par la morale stoïcienne n'est possible que parce que le monde est un vivant rationnel et intelligent, ce que la phy­ sique nous enseigne.

À l'inv erse, la physique stoïcienne impose à la morale un monde entièrement déterminé, où nous n'avons pas le choix de nos faits et gestes, et dans lequel la vertu* consiste essentie llement à acquiescer au destin* et à ce qui nous arrive.

2.

Le stoïcisme «moyen» :expansion de l'école et premières fissures dans l'édifice théorique Après le siècle des pères fondateur s, la philosophie stoïcienne se répand dans le monde hellénistique puis romain aux ne et rer siècles avant notre ère.

Contrairement à leurs prédécesseurs, les chef s de l'école stoï­ cienne n'hésitent pas à quitter Athènes et voyagent beaucoup.

Panétius de Rhodes, chef de l'école à la fin du ne siècle, se fixe longtemp s à Rome où il joue un rôle politique important (déjà !) dans la République auprès de Scipion Émilien ; Posidonius, le dernier chef de l'éc ole d'Athènes au rer siècle, séjourne lui aussi souvent à Rome où il reçoit hommages et hon­ neurs, et fait conn aître sa doctrine par des conf érences et des cours dans toute la Méditerran ée; le romain Cicéron vient l'entendre dans l'île grecque de Rhodes.

Ce stoï cisme qui a encore son centre à Athènes, mais qui est aussi en pleine expansion, a été baptisé bien plus tard le stoïci sme >.

Par rapport à la période précédente, il insiste davantage sur les divisions de l'homme entre raison et passions, ou âme et corps, et com­ mence à douter de leur possible conciliation.

L'avant-dernier chef de l'école stoïcienne d'Athènes, Panétius, ne croit même plus vraiment que. »

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