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FERREIRA DE CASTRO

Publié le 20/04/2012

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... cible la fabrique de munitions où travaillent quelques centaines d'ouvriers? En marge de ses romans, Ferreira de Castro a publié des ouvrages qui sont dans son oeuvre des reposoirs et des « livres de mémoire « : Petits Mondes et vieilles Civilisations (l'Andorre, Malte, l'Irlande, les Açores, etc.) et ce Tour du Monde en trois volumes où il égrène des souvenirs de toute la planète, depuis l'Algérie, dont il prédit avec un quart de siècle d'avance les destins actuels, jusqu'à la Chine et au japon, en passant par la Turquie, l'Inde, Bornéo (il n'est pas facile d'oublier la façon dont il réagit au système des castes, ou encore au décor d'Hollywood, qui ne lui cache pas ...

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« empoisonnées, l'aveuglante lumière, la nuit lourde de menaces; de l'autre, les Indiens qui rôdent, les tâcherons brésiliens et portugais en proie à l'épouvante et soumis à un régime esclavagiste, avec leur chute progressive dans la dégradation, le désespoir et l'aboulie.

Il y avait quelque chose de dantesque dans ce tableau de l' «enfer vert», un enfer dont les cercles ne devaient rien au mythe ou à l'illumination: une tranche de vie grandie aux dimen­ sions du poème et de l'épopée.

Dans Émigrants, l'ouvrage qui avait précédé Forêt vierge, on voyait s'éployer une fresque sombre de destins brisés sans recours, avec, déjà, le thème de l'aliénation et de l'exploitation de l'homme par l'homme.

D'autres livres ont suivi, dans lesquels se trouvent habilement dosées la critique des injustices propres à toute société et la tendresse native d'un auteur qui était né pour aimer la création plus que pour se rebeller contre ses déficiences.

Plus riant est le décor d'Éternité ( 1 933) : l'île de Madère, ses fleurs, ses plages, ses routes de montagne parmi les hortensias; mais, ici aussi, le peuple des dentellières qui, à la merci de quelques grands patrons, créent pour une bouchée de pain des merveilles d'art et de grâce, s'oppose à une société cosmopolite de riches oisifs.

Les Brebis du Seigneur (1947), où l'on trouve comme dans le précédent ouvrage le récit d'une grève avortée, a pour cadre une petite ville de montagne où des ouvriers perpétuellement endettés vivent en plein xxe siècle dans des conditions proprement médiévales, à peine au-dessus de la bête.

Le Renoncement de Don Alvaro ( 1950) éclaire d'une lumière cruelle le visage d'un leader politique espagnol d'avant la guerre civile - une sorte de « lion devenu vieux » qui glisse, de compromission en veulerie, à l'opportunisme le plus affligeant.

Enfin la Mission ( 1 955) campe, dans la France de 1940, une communauté religieuse divisée en deux camps par un dramatique cas de conscience : convient-il de marquer d'un signe protecteur, afin d'écarter le danger des bombardements aériens, le pieux établissement, et de désigner ainsi pour cible la fabrique de munitions où travaillent quelques centaines d'ouvriers? En marge de ses romans, Ferreira de Castro a publié des ouvrages qui sont dans son œuvre des reposoirs et des « livres de mémoire » : Petits Mondes et vieilles Civilisations (l'Andorre, Malte, l'Irlande, les Açores, etc.) et ce Tour du Monde en trois volumes où il égrène des souvenirs de toute la planète, depuis l'Algérie, dont il prédit avec un quart de siècle d'avance les destins actuels, jusqu'à la Chine et au japon, en passant par la Turquie, l'Inde, Bornéo (il n'est pas facile d'oublier la façon dont il réagit au système des castes, ou encore au décor d'Hollywood, qui ne lui cache pas les cimetières où s'achèvent tant de tragédies illustres ou ignorées).

Au terme d'une évolution qui rappelle celle de Malraux, il recense depuis plusieurs années, en un fort ouvrage dont la conclusion est annoncée pour 1963, les Merveilles de l'Art, un art qui ne connaît pas de frontières.

Car cet auteur qui s'est fait lui-même est un citoyen du monde qui a, le premier dans sa langue, fait sourdre dans le roman la veine de l'inquiétude sociale.

Par probité envers lui-même, il a posé la plume du journaliste, dont il tient que la mission est incompatible avec un régime de censure; mais dans son œuvre de fiction il reste un témoin des drames d'une époque où l'injustice survit à la rhétorique des gouvernants.

L'homme est modeste au sommet de la gloire et vit en amitié avec les paysans de son village autant qu'avec ses pairs.

Presque effacé en son pays, dédaignant de poser sa candidature au Prix Nobel, il a été reçu au Brésil en 1959 avec les honneurs que l'on réserve aux chefs d'État.

La France des idées généreuses est pour lui une autre patrie, et de sa capitale, où il s'est marié, il nous disait un jour : « Paris reste le cœur de la liberté.

» De l'écrivain on ne saurait rien dire qui ne soit aussi de l'homme : ni esthète, ni polémiste, mais chacune de ses phrases est une conquête - sur son enfance malheureuse, sur le métier d'écrire, qui veut, comme tout métier, de l'application et de l'amour.

Et c'est par là que cet agnostique est riche d'une foi au chaud rayonnement.. »

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