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Faut-il dire la science ou les sciences ?

Publié le 12/03/2004

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- DISTINCTIONS PHILOSOPHIQUESAprès avoir passé en revue les acceptions les plus courantes des termes « la science » et « les sciences », il convient, nous semble-t-il, de les grouper d'une façon méthodique et dans des cadres empruntés au vocabulaire philosophique.A. Sens abstrait et sens concret. - Nombre de substantifs sont pris dans deux acceptions que permet de déterminer le contexte : au sens concret et au sens abstrait. Ainsi, au sens abstrait, l'obligation est le caractère de ce qui est obligatoire : en morale, les philosophes s'interrogent sur le fondement de cette obligation ; pris au sens abstrait, les mots n'ont pas de pluriel. Mais on parle aussi des obligations : les contrats, par exemple, déterminent les obligations mutuelles des contractants, c'est-à-dire ce à quoi chacun est tenu : nous avons là le sens concret (ce caractère est encore plus sensible dans les termes du vocabulaire financier : obligations des Chemins de fer ou de l'Etat).Appliquée au mot « science », cette distinction s'avère plus difficile qu'il ne paraît à première vue. a) Sans doute, bien souvent l'acception n'est pas douteuse. Quand on parle des sciences, ce pluriel nous avertit que le mot est à prendre au sens concret. Les sciences, et chaque science en particulier, constituent un ensemble de connaissances, un savoir exposé dans des encyclopédies et vulgarisé dans la presse périodique.

« acquisitions sont consignées dans les livres et les revues scientifiques.

Ce genre englobant un grand nombred'espèces comporte évidemment un haut degré d'abstraction.

D'où une tendance à le personnifier, comme onpersonnifie la justice ou la beauté : il y a des martyrs de la science.

La science, alors, est considérée comme uneréalités transcendante, s'apparentant à la divinité.Il suffit de peu de chose pour que « science » change de sens.

Ainsi « un homme de science » désigne un individus'adonnant à l'étude des sciences, à la recherche scientifique : ce terme n'a pas, en lui-même, d'acceptionvalorisatrice.

Pour qu'il prenne cette acception, il a besoin d'un qualificatif : un homme de haute, de grande science; mais alors, c'est la science de cet homme, son savoir, que l'on a en vue. 11.

— DISTINCTIONS PHILOSOPHIQUES Après avoir passé en revue les acceptions les plus courantes des termes « la science » et « les sciences », ilconvient, nous semble-t-il, de les grouper d'une façon méthodique et dans des cadres empruntés au vocabulairephilosophique. A.

Sens abstrait et sens concret.

— Nombre de substantifs sont pris dans deux acceptions que permet dedéterminer le contexte : au sens concret et au sens abstrait.

Ainsi, au sens abstrait, l'obligation est le caractère dece qui est obligatoire : en morale, les philosophes s'interrogent sur le fondement de cette obligation ; pris au sensabstrait, les mots n'ont pas de pluriel.

Mais on parle aussi des obligations : les contrats, par exemple, déterminentles obligations mutuelles des contractants, c'est-à-dire ce à quoi chacun est tenu : nous avons là le sens concret(ce caractère est encore plus sensible dans les termes du vocabulaire financier : obligations des Chemins de fer oude l'Etat).Appliquée au mot « science », cette distinction s'avère plus difficile qu'il ne paraît à première vue. a) Sans doute, bien souvent l'acception n'est pas douteuse.

Quand on parle des sciences, ce pluriel nous avertitque le mot est à prendre au sens concret.

Les sciences, et chaque science en particulier, constituent un ensemblede connaissances, un savoir exposé dans des encyclopédies et vulgarisé dans la presse périodique. b) Au contraire, dans d'autres cas, « science » désigne, non pas ce que l'on sait, mais le fait de savoir ; non pas uncertain objet de connaissance, mais le fait de connaître : on a alors l'acception abstraite.

C'est en ce sens que l'onattribue aux prophètes la science de l'avenir, que l'on dit « savoir de science certaine »... c) Malheureusement il est des cas ambigus.

On parle des progrès de la science, mais qu'entend-on par là ? Le faitque, grâce à la prolongation de la scolarité et aux multiples moyens de vulgarisation scientifique, ils sont de plus enplus nombreux ceux qui ont, du domaine étudié par les savants, une certaine connaissance et une connaissanceplus approfondie ? « Science » serait pris alors au sens abstrait.

Mais ne veut-on pas dire plutôt que les savantsétendent le domaine du connu, acquièrent des connaissances nouvelles ? Dans ce cas, nous aurions l'acceptionconcrète.

On peut croire aussi que la science est alors personnifiée et qu'on la voit, tel un conquérant, occuper denouveaux territoires.

D'ailleurs, la personne en question peut s'identifier plus ou moins consciemment au savant ou àla personne morale constituée par l'ensemble des chercheurs : c'est bien ainsi, semble-t-il, qu'il faut comprendre lestextes dans lesquels il est dit comment procède la science, à quels obstacles elle se heurte...Pour tâcher de réduire ces ambiguïtés, nous allons recourir à une autre distinction. B.

Acception objective et acception subjective.

— Est objectif ce qui existe en dehors du sujet pensant etindépendamment de lui ; subjectif ce qui n'a pas de réalité hors du sujet-pensant. a) Les sciences constituent une réalité objective.

Sans doute, elles résultent d'une activité subjective, mais unefois constituées, elles possèdent une existence propre que n'affectent pas les accidents qui peuvent survenir dansl'existence des hommes de science : qu'un grand physicien s'endorme ou meure, la physique subsiste sans lui. b) Quant à la science (au singulier) nous retrouvons les ambiguïtés dont il a été question précédemment.

Cesingulier a-t-il un sens subjectif ou objectif ?Quand un savant meurt, meurt avec lui la science qu'il possède.

D'abord, la science au sens de faculté de connaître,comme dans le terme « science de l'avenir » ; toutefois, notons-le en passant, cette acception est vieillie.

Ensuite,la science au sens de savoir, l'ensemble des connaissances : ce qu'il savait, le mort ne le sait plus.

Mais cetteacception est aussi objective : si le fait de savoir est subjectif, ce qu'on sait appartient au monde des objets depensée ; nous pouvons appliquer à la science le fameux axiome des phénoménologues : la science est toujoursscience de quelque chose.Si de la science du savant nous passons à la science en soi, nous tombons sur une autre difficulté.

Cette scienceest évidemment objective.

Mais si nous examinons ce que recouvre ce terme, nous trouvons toute une série desciences différentes ; nous ne trouvons pas « la science ».

Sans doute, ces différentes sciences présentent descaractères communs qui leur méritent le nom de science.

Mais ces caractères ne constituent pas la science.

Ilsrenvoient plutôt aux processus par lesquels s'obtient la vérité scientifique et, par là, à la subjectivité.. »

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