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Expliquer une oeuvre d'art, est-ce la comprendre ?

Publié le 24/01/2004

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Mais il semble que les oeuvres résistent bien à cette tentative. Elles permettent très souvent de nouvelles interprétations, elles nous surprennent, ou bien nous leur donnons un sens complètement différent du créateur, tels les surréalistes s'emparant de l'oeuvre de J. Bosch pour des raisons étrangères à la religion. III - UNE DEMARCHE POSSIBLEA - LA CONNAISSANCE DE L'oeUVRE COMME PRODUIT Expliquer l'oeuvre par son auteur : certains prétendent expliquer la création artistique par les particularités psychologiques du créateur. Ainsi Freud analyse l'oeuvre de L. de Vinci comme l'effet de ses inhibitions sexuelles. Ou bien, pour d'autres, la misanthropie de Cézanne serait la cause de son rejet de la figure dans ses dernières oeuvres. De même, la lutte des intérêts sociaux dans laquelle les artistes prennent place comme les autres expliquerait leur oeuvre. C'est l'idée d'un art engagé, motivé par le désir d'agir sur une situation ou d'exalter les acteurs, de promouvoir des valeurs communes. Telle la liberté guidant le peuple de Delacroix.

Une œuvre d’art est le produit de cette activité singulière que l’on nomme l’art, et qui comprend en vérité deux dimensions distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Aujourd’hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d’une époque, en s’opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement. Ni labeur, ni distraction, l’œuvre d’art incarne et suggère un sentiment de la vie. Expliquer quelque chose revient à rendre raison de ce quelque chose, c'est-à-dire à déterminer la cause d’un effet (cause efficiente) ou la raison de cet effet (cause finale, pensée comme le « ce vers quoi « tend cette chose). L’acte d’expliquer est donc orienté vers une compréhension de ce qui cause une chose, et de la fin vers laquelle elle tend. Comprendre, c’est identifier non la cause mais l’intention qui détermine la réalisation d’une chose. La compréhension est donc à la recherche du sens de l’action, sens d’une intériorité psychique connue à l’aide de signes perçus de l’extérieur par nos sens. C’est pourquoi elle appelle une herméneutique, c'est-à-dire une science de l’interprétation. La compréhension est donc quelque chose de plus intérieur, de plus subjectif que l’explication, puisqu’elle demande un mouvement par lequel le sujet se  « met à la place « de celui dont il cherche à comprendre l’action. L’explication paraît quant à elle une démarche plus extérieure et plus objective que la compréhension. La difficulté de ce sujet réside dans la proximité sémantique des deux termes principaux que nous avons à prendre en compte. En effet, comprendre revient souvent à expliquer et l’on n’explique pas quelque chose que l’on n’a pas soi même compris… Mais il semble bien qu’il y a lieu de distinguer entre l’explication et la compréhension d’une œuvre d’art, de même que l’on distingue entre une démarche scientifique et une démarche moins rationnelle et plus intuitive. D’autre part, nous verrons qu’il est possible que l’œuvre d’art demeure pour une part inexplicable et incompréhensible, et que c’est pour autant qu’elle est cela qu’on peut la qualifier d’œuvre d’art. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si l’explication d’une œuvre d’art se confond avec sa compréhension et si l’œuvre d’art n’échappe pas pour une part à ces deux démarches herméneutiques.

« III - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - LA CONNAISSANCE DE L'oeUVRE COMME PRODUIT Expliquer l'oeuvre par son auteur : certains prétendent expliquer la création artistique par les particularitéspsychologiques du créateur.

Ainsi Freud analyse l'oeuvre de L.

de Vinci comme l'effet de ses inhibitions sexuelles.

Oubien, pour d'autres, la misanthropie de Cézanne serait la cause de son rejet de la figure dans ses dernières oeuvres. De même, la lutte des intérêts sociaux dans laquelle les artistes prennent place comme les autres expliquerait leuroeuvre.

C'est l'idée d'un art engagé, motivé par le désir d'agir sur une situation ou d'exalter les acteurs, depromouvoir des valeurs communes.

Telle la liberté guidant le peuple de Delacroix. L'oeuvre est une réalité concrète qui s'inscrit dans une histoire des formes.

On peut expliquer la forme et lamatérialité d'une oeuvre en la plaçant dans cette histoire.

On saisit ainsi la démarche de Picasso, soucieuxd'originalité, de ne pas copier les autres ni même son propre passé. Toutes ces recherches déconstruisent l'oeuvre comme produit mais n'en assurent pas la compréhension.

On nepersuade pas les autres de la réussite d'un oeuvre par ce genre de discours. B - L'OBSCURITE INDEPASSABLE DE L'oeUVRE, FRUIT DE L'EXPRESSION PERSONNELLE Pour se comprendre, il faut une langue commune, un code de référence, ce qui n'existe pas en art.

Certainssymboles ou figures font appel à une culture commune, mais le désir d'originalité l'emporte sur le respect des codes.L'association d'éléments sensibles avec des moments spirituels est sans cesse renouvelée, contrairement aux signeslinguistiques.

L'oeuvre d'art n'est donc pas un moyen de communication efficace, facilement compréhensible.

Degrandes oeuvres sont ainsi dédaignées par un nombre considérable de gens. La compréhension rendrait caduque ou inutile l'oeuvre d'art.

Or, la réussite de l'oeuvre est au contraire dans sadurée, dans l'impossibilité de la dépasser.

Si je comprenais l'oeuvre, je pourrais la traduire en un discours et l'oublier.Or, elle me procure des émotions qui sont liées à sa matérialité, j'ai donc davantage envie de la "vivre" que de lacomprendre.

Le plaisir qu'elle procure s'adresse autant à l'être qui sent qu'à celui qui comprend. IV - DES REFERENCES UTILES - Merleau-Ponty, Le doute de Cézanne- Platon, République, livre 10- Freud, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci- Kandinsky, Du spirituel dans l'art V - LES FAUSSES PISTES - Ne pas distinguer précisément les mots expliquer et comprendre.- Ne pas voir dans l'oeuvre toutes les dimensions : objet matériel, acte d'expression, réalité à la fois collective etindividuelle. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Sujet exigeant qui suppose une bonne maîtrise de la langue et du thème de l'art.. »

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