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Existe-t-il une nature féminine ?

Publié le 27/02/2008

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 Dans les années 1970, s'interroger sur la féminité signifiait, pour l'essentiel, dénoncer les formes d'exclusion dans l'histoire et rechercher la spécificité de l'être femme. Le point de départ de cette approche était le rejet de ce que la culture patriarcale a pu produire. Quinze ans plus tard, en revanche, on voit se multiplier et se différencier les domaines des études consacrées aux femmes. L'idée s'épuise d'une « essence » ou d'une « nature » du féminin. L'idée même de différence est désormais nuancée qui avait servi de plusieurs façons à conceptualiser le fait que les femmes ne peuvent pas être homologuées à la culture masculine. Cela correspond aux transformations sociales, culturelles et productives qui dégagent la femme d'un immuable rôle maternel et, plus généralement, de tout partage tranché des rôles et des identifications. Une fois rejetée l'hypothèse d'une infériorité biologique, on tâche de comprendre par quelle logique s'est instaurée la prééminence masculine dans le social. Ces études montrent, d'une part, que les cultures se différencient de manière significative lorsqu'elles symbolisent et institutionnalisent les rôles des sexes. Il apparaît, par ailleurs, que les thèses de Bachofen et d'Engels concernant un matriarcat primitif ne sont qu'une forme de l'utopie féministe projetée dans le passé. Ainsi, la culture patriarcale, qui a été dominante pendant trois ou quatre millénaires dans la plus grande partie du monde - par ses représentations et par la subordination concrète de la femme -, se transforme en un vaste champ d'enquête où le féminin apparaît comme inexistence, silence, position partielle ou projective et subordonnée par rapport à un masculin, qui n'est lui-même que la transcription, sur le plan symbolique, d'un pouvoir qui, partout dans le social, s'exerce sur les femmes, leur corps et leur puissance de reproduction.

Le sujet commence ici par " Peut-on " ce qui pose une double question : celle du fait et celle du droit. Certes, il est possible de parler de nature féminine puisqu'il s'agit là d'une expression que nous utilisons dans les faits, il s'agit néanmoins de se demander si l'usage de cette expression est légitime. Au nom de quoi peut-on en parler ? Ce qui semble conduire à l'utiliser est la différence physique entre l'homme et la femme. A partir de là, généralement on a tendance à en déduire tout un ensemble de comportement : les femmes seraient plus sensibles, on parle aussi d'une intuition féminine...Il s'agit de se demander ici si ce que nous caractérisons de la sorte est justifié ou non et plus précisément encore si cela relève d'une nature. Pensez par exemple à cette formule de De Beauvoir dans le " Deuxième sexe " lorsqu'elle dit que " On ne naît pas femme mais on le devient ". Elle montre ainsi qu'il serait beaucoup plus légitime de parler de condition féminine que de nature féminine. Interrogez vous sur la différence entre ces deux termes. Vous pouvez dans cette perspective, montrer comment ce qu'on accorde à une nature est peut être beaucoup plus le résultat d'une culture et d'un conditionnement. Néanmoins, la différence biologique n'est-elle pas une réalité ? Permet-elle pourtant de justifier les discours évoqués ?

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