Devoir de Philosophie

Est-il vrai que l'on ne peut discuter des goûts ?

Publié le 28/05/2009

Extrait du document

Il est une expression que l'on entend souvent et qui peut amener à la réflexion :  "On ne discute pas des goûts". Il faut entendre par là que les goûts ne peuvent être critiqués, ils sont personnels et subjectifs et chacun est libre d'avoir les siens propres. Ainsi, la discussion entre deux personnes qui ont des goûts différents peut sembler inutile, car cette absence totale d'objectivité ne mènera qu'à un débat stérile, car portant sur un sujet trop irrationnel : les goûts sont profondément ancrés en nous, sans que nous ne puissions pour autant les expliquer de manière rationnelle.  Mais est-ce bien vrai que l'on ne peut pas discuter des goûts ?  Nous verrons dans un premier temps que l'on ne peut discuter des gouts car ils proviennent d'une histoire personnelle, ainsi que d'une grande part de ressenti : certaines choses nous procurent du plaisir, d’autres du déplaisir, on ne peut expliquer cela rationnellement, c'est pourquoi une simple discussion argumentée et rationnelle semble inapte à modifier des goûts qui nous sont dictés par nos inclinations naturelles, nos sens.  Nous verrons dans un second temps que cette discussion qui peut à priori sembler vaine, est pourtant essentielle : même si le goût est subjectif, il s'éduque et se construit au fil de la vie, notamment en discutant, en débattant, avec autrui.  Enfin nous essaierons de voir si les individus ne peuvent pas s'entendre sur une norme en matière de goût, c'est à dire décider de ce qui est universellement beau et ce qui est, à l'inverse, universellement laid, tout en laissant à chacun la liberté d'exprimer ses propres goûts.

  • I. On ne peut pas discuter des goûts car ils sont subjectifs et personnels.
  •  II. On peut discuter des goûts car c'est ce rapport social qui permet à notre goût de se construire.
  •  III. Les individus s'entendent sur une notion de "norme" en matière d'esthétique et de goût (le bon goût).

« Les goûts d'un individu évoluent au fil de son existence.

Nous pouvons remarquer par exemple qu'un enfant n'a pasles mêmes goûts qu'un adulte.

Cela vient du fait que le goût se forme petit à petit par les expériences vécues, lespersonnes côtoyées et les savoirs acquis.

Les relations sociales, la discussion, les débats permettent aux goûts d'unindividu d'évoluer, voire de naître.

Par exemple, en appréhendant une oeuvre d'art ou une oeuvre littéraire de façondifférente grâce à une personne qui nous montrerait ce qui nous avait échappé, on peut changer d'avis, et nosgoûts se modifient.L'humain, en général, tend à discuter de ses goûts avec autrui.

Il semble naturel aux individus de transmettre etpartager le plaisir ou l'émotion ressentis en écoutant un morceau de musique, en lisant un livre, en regardant un film,en contemplant une oeuvre d'art, en dégustant un met...Ce partage des plaisirs est un élément important de la viesociale, il enrichit les rapports humains.

En effet, quand sur le conseil d'autrui, nous apprécions une oeuvre d'art,nous ressentons de la reconnaissance, parfois même de l'amitié, pour la personne qui a partagé ses goûts avecnous.

Sans le dialogue, sans les rapports sociaux, chacun resterait avec ses goûts propres, il n'y aurait pasd'échange, pas de partage, et nous stagnerions dans le même état d'esprit toute notre vie, sans nous ouvrir à deschoses différentes, qui, à première vue ne nous attirent pas mais qui, au final, nous plaisent.Dire que l'on ne peut discuter des gouts serait ignorer l'importance de ce dialogue dans la construction de notrepersonnalité et de nos goûts.

C'est de plus une solution de facilité pour éviter des débats qui pourraient dégénéreren querelles, et qui coupe court à toute discussion : au lieu d'essayer d'instaurer un dialogue, de comprendre l'autresans pour autant adhérer à son jugement, on s'enferme dans des goûts personnels subjectifs, sans tenter de voirplus loin.

Ainsi, les discussions ne sont pas forcément stériles, elles peuvent permettre de nuancer nos jugements,voire même de se mettre d'accord, alors même qu'il y avait un débat au départ. Mais s'il y a possibilité de se mettre d'accord sur des jugements de goûts, cela implique que ce jugement n'est pasentièrement subjectif.

Ainsi, les individus peuvent s'entendre sur une notion de « norme » en matière d'esthétique etde goût. III. Même si la relativité des goûts est indéniable, il existe des évidences esthétiques dès que l'on commence àcomparer des oeuvres.

Par exemple, la 9e Symphonie de Beethoven est esthétiquement bien plus belle qu'unechanson populaire ou chanson « paillarde ».

Cependant, là encore on pourrait contester qu'il y a peut-être despersonnes qui préfèrent le médiocre au chef-d'œuvre, mais ces personnes là ne rentrent justement pas dans la «norme » du goût...Il existe donc bien une notion du beau et du laid qui se veut universelle.

Ce qui est dit beau doit l'êtreuniversellement, sinon on ne peut pas dire « c'est beau », on dit « ça me plaît ».

Comme le dit Kant, « Le beau estce qui est représenté sans concept comme objet d'une satisfaction universelle.

»En effet, un sentiment esthétique est encore autre chose qu'un sentiment agréable, car ce qui est agréable n'estque ce qui me plaît, alors que le beau peut prétendre à un assentiment universel.

Cette universalité vientnotamment du fait que le plaisir esthétique que l'on ressent devant une chose belle est purement désintéressé.

Eneffet, le beau ne doit pas être confondu avec le « bien» ou »l'utile », il ne dépend d'aucun concept déterminé et estdénué de tout intérêt pratique.Ainsi la satisfaction universelle, par son caractère purement désintéressé donne lieu à un « sens commun esthétique», permettant aux différentes subjectivités de s'entendre, non pas sur une norme imposable à chacun sansexception, mais plutôt sur un idéal.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles