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En quoi l'histoire de la philosophie peut-elle être utile à la philosophie elle-même ?

Publié le 01/06/2011

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histoire

Exorde. — L'histoire de toutes les sciences est indispensable pour ces sciences elles-mêmes; car c'est elle qui, en nous faisant connaître les découvertes antérieures, nous dispense de porter nos efforts sur des faits déjà connus et des problèmes déjà résolus; elle permet ainsi de marcher en avant et d'aborder des études nouvelles. L'homme n'est pas obligé de recommencer incessamment la science, que l'histoire lui livre toute faite ou du moins organisée, constituée par les siècles passés. Le mathématicien ne saurait s'imposer la tâche inutile et ingrate de refaire, avant de s'en servir, tous les calculs déjà faits par les mathématiciens qui ont vécu avant lui; l'astronomie resterait stationnaire si chaque astronome ne croyait qu'à ce qu'il a vu de ses yeux; l'histoire naturelle tournerait dans le même cercle si chaque naturaliste n'ajoutait foi qu'à ses propres observations. Chaque savant doit donc accepter la science telle que ses devanciers la lui ont transmise, tout en se réservant le droit de rectifier ou de compléter. Les choses ne se passent pas autrement en philosophie.

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« de l'esprit humain et à l'avancement des sciences philosophiques; car aucun n'est absolument faux, et Leibniz a dit avec raison : e Toute doctrine contient de la vérité.

Les systèmes les plusjustement condamnés ont produit quelques résultats utiles : ainsi l'épicurismea eu le mérite de montrer que la fuite des excès est une condition dubonheur; le scepticisme, dont le triomphe serait la ruine de l'humanité, estpourtant la critique, l'examen, qui épure les idées et les passe au crible; ilnous force à nous rendre un compte plus exact de nos connaissances et nousconduit ainsi à les établir sur des bases plus solides.

Cette révélation donneau caractère de précieuses qualités.

Elle nous inspire la tolérance en nousmontrant que des systèmes décriés ont produit d'heureux résultats et ont étésouvent défendus par des hommes d'une incontestable honnêteté; elle nouspréserve de l'orgueil, nous rend modestes en lions mettant sous les yeux leserreurs des plus grands hommes.

Elle nous rend aussi circonspects en nousfaisant voir que l'erreur provient souvent de ce que nous ne considéronsqu'un côté des choses, qu'un point de vue, qui, considéré isolément, estd'une incontestable vérité; ainsi, l'idéalisme ne se trompe pas quand il dit quela réalité invisible est la condition de la réalité visible, mais il commet unegrave erreur quand il nie cette réalité matérielle; de même, l'empirisme araison quand il admet la réalité des faits révélés par l'expérience, mais il setrompe quand il nie tout ce qui dépasse l'expérience.

Il y a donc un grandenseignement dans ce spectacle que nous offre l'histoire de la philosophie.

—Enfin, en faisant passer sous nos yeux les systèmes les plus variés et les plusopposés, elle donne plus d'étendue à l'intelligence et plus d'ampleur dans lesvues. Troisième partie.

— L'histoire de la philosophie nous rend encore un autre service.

Elle nous préserve de l'erreur endéroulant devant nous la série des conséquences que renferme un principe et que, avec le temps, la logique faitéclore ; grâce à elle, nous savons d'avance quels fruits peut produire une doctrine qui, après une éclipse plus oumoins longue, reparaît dans la science avec un nom nouveau.

Ainsi, le positivisme contemporain n'est pas autrechose au fond que le matérialisme; or, l'histoire de la philosophie ne nous laisse pas ignorer quelles conséquences ladoctrine matérialiste engendre fatalement : elle nous la montre aboutissant avec Epicure à la morale du plaisir, avecHobbes à la théorie du despotisme, avec Helvétius et Saint-Lambert à l'égoïsme, avec d'Holbach au plus audacieuxathéisme, avec tous à la morale de l'intérêt; lorsque, au XVIIe siècle, Gassendi essayait de réhabiliter Epicure et sadoctrine, il réussissait à prouver que le maître valait mieux que le système, mais il ne pouvait effacer de l'histoireromaine le souvenir des effets pernicieux que l'épicurisme avait produits.

Nous voyons également par l'histoire de laphilosophie que le sensualisme entraîne à sa suite le scepticisme, et pour preuve nous avons Hume qui fut le disciplede l'école sensualiste avant d'être la personnification du scepticisme moderne.

Nous voyons aussi, d'un autre côté,que l'idéalisme qui croit seulement à la réalité invisible, peut conduire soit au mysticisme avec Malebranche, soit aupanthéisme avec Spinoza, et par conséquent aboutir à la négation de la liberté humaine et à l'oubli de tous lesdevoirs. Résumé.

— Ainsi l'histoire de la philosophie présente une grande utilité pour la philosophie elle-même ; elle nouspermet de profiter des résultats auxquels ont abouti les philosophes de toutes les écoles, et elle met à notre portéetous les travaux antérieurs; ensuite elle fait que, dans nos propres études, nous avons pour nous-mêmes lacirconspection et pour les autres l'indulgence qu'inspire le tableau des erreurs commises par les plus grands esprits;enfin, en nous exposant tous les systèmes qui ont été conçus pour expliquer l'homme, la nature et Dieu, elle nousfait connaître d'avance toutes les conséquences que chaque doctrine nouvelle est amenée à produire tôt ou tard,en dépit du talent ou de l'honnêteté des individus qui essayent de rajeunir ou de transformer d'anciens systèmes.. »

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