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Dites quelles réflexions vous inspire, dans l'ordre logique, comme dans l'ordre éthique, cette remarque de Claude Bernard : « Par une merveilleuse compensation, à mesure que la science rabaisse notre orgueil, elle élève notre puissance.

Publié le 27/02/2008

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claude bernard
D'une façon générale, en effet, savoir, c'est pouvoir. Pour obtenir un résultat jugé désirable, il ne suffit pas de le vouloir avec énergie : il faut aussi connaître les causes dont il dépend, les lois qui régissent cette partie du réel. Suivant le mot célèbre de Francis BACON : on ne commande à la nature qu'en lui obéissant, c'est-à-dire en se conformant à ses lois, lois dont la recherche constitue l'objet essentiel des sciences de la nature. RAPPEL: "On ne commande à la nature qu'en lui obéissant" BACON Cette phase signifie que, pour agir ou transformer la nature, il convient d'en connaître les mécanismes. Ce n'est pas, par exemple, en rêvant comme Icare au vol des oiseaux que l'homme a pu s'élever dans les airs mais en dégageant les lois de la physique. Bacon rompt ici avec une attitude purement passive et contemplative de la Nature qui était le propre des Anciens. B. Il convient aussi de noter que la science met à la disposition de l'homme des forces nouvelles. Elle permet, non seulement la captation des forces de la nature comme celle des torrents ou des marées, mais encore des transformations qui font figure de véritables créations d'énergie : hier, la vapeur et l'électricité; demain l'énergie atomique. Le primitif ne dispose que de sa force musculaire et dans l'antiquité, les citoyens fortunés utilisaient la force musculaire de leurs esclaves.
claude bernard

« Toutefois, nous ne pouvons pas rejeter purement et simplement l'avis d'un savant de cette valeur; il nous fauttâcher de le comprendre et de déterminer les raisons de son jugement. B.

— Explication de la pensée de Claude Bernard.Complétant les observations faites ci-dessus, nous devons noter chez qui se manifeste de la façon la plusdéplaisante l'orgueil du savoir : ce n'est pas chez le savant authentique, mais chez le demi-savant et plus encorechez l'ignorant qui peut seulement se flatter d'appartenir à un pays ou à une époque de grande culture scientifique.Ainsi, on peut s'attendre que l'employé du service de nettoiement d'une grande ville d'Afrique noire manifestera àl'égard des autochtones un mépris dont se défendra le professeur de Faculté.

On sait aussi que la période qui, paropposition aux prétendues « ténèbres » du passé, se dénommait orgueilleusement le « siècle des lumières », n'a pasfait faire aux sciences des progrès très marquants.

On a dit enfin que si « un peu de science éloigne de Dieu »,parce qu'il enorgueillit alors que la foi en Dieu suppose une certaine humilité, « beaucoup de science y ramène »précisément parce que, comme le dit Claude BERNARD, l'orgueil s'en trouve rabaissé.Comment expliquer ce fait, et par là même fournir le bien-fondé de la réflexion de notre auteur ? a) A mesure que le savant progresse, pourrions-nous dire d'abord, augmente à ses yeux l'étendue de son ignorance.D'une part, il doit se spécialiser, se condamnant ainsi à ignorer la plus grande partie du domaine du savoir.

D'autrepart, de quelque côté qu'il pousse ses investigations, il bute bientôt au mystère.

« Ce que je sais, c'est que je nesais rien », répétait SOCRATE, le promoteur de la philosophie occidentale.

Le vrai savant éprouve un sentimentanalogue qui rabaisse son orgueil. b) Sa modestie semble également pouvoir s'expliquer par le fait que, plus que tout autre, le savant se rend compted'être lui-même pour peu de chose dans l'élaboration de la science dont s'enorgueillissent quantité de sots.L'ensemble de son savoir ne lui est pas personnel : il l'a reçu.

Il se sent tributaire d'un long passé, et même demaîtres qui n'ont pas laissé leur nom dans l'histoire des sciences.

Sans la formation dont il a bénéficié, il eût étéincapable de se livrer aux recherches dans lesquelles il réussit.De ces succès eux-mêmes, si comme Claude BERNARD il fait loyalement la philosophie de ses découvertes, il nes'enorgueillira guère : comme toutes les trouvailles, les trouvailles scientifiques dépendent dans une grande mesuredu hasard, de l'imagination; or, il n'y a évidemment pas lieu d'être fier du hasard dont on a été favorisé; quant àl'imagination, si elle ne peut se définir comme « la folle du logis », il faut bien reconnaître qu'elle est fortindépendante de la raison qui, à juste titre, fait la fierté de l'homme.Enfin, si un Claude BERNARD OU un Pierre CURIE ont fait leurs découvertes avec des moyens extrêmement modestes— dans une cave ou sous un hangar servant de laboratoire — le savant contemporain dispose d'ordinaire de moyensfort coûteux et les progrès de la science dépendent dans une grande mesure de la dotation attribuée à laRecherche scientifique.

Si la science est à l'origine de l'augmentation de la puissance de l'homme, en retour, sanscette aide de puissance, le savant serait lui-même impuissant : autre raison de se montrer modeste. c) Une dernière considération transformera cette modestie en humilité : du point de vue moral, le travail scientifiquen'améliore guère plus l'homme que n'importe quel autre travail consciencieux.

Le savant reste homme avec toutesles faiblesses inhérentes à la nature humaine : il est porté au plaisir, à l'ambition; l'arrivisme n'est pas rare dans lemonde scientifique, et l'histoire nous a laissé le souvenir de compétitions peu honorables.

Or, des bassesses quichoquent peu chez le vulgaire font scandale chez des hommes voués à la recherche scientifique.

Prendreconscience d'en être capable, sinon coupable, rabaisse l'orgueil. CONCLUSION. — Nous avons donc, nous semble-t-il, suffisamment expliqué comment Claude BERNARD avait pu dire que « la science rabaisse notre orgueil ».

Mais, valable pour les savants de sa classe, elle est fausse si l'on appliqueau commun des hommes, même cultivés.

Aussi serait-il plus juste de dire que la science exalte notre orgueil enmême temps qu'elle élève notre puissance.D'ailleurs, le vulgaire confond généralement la science avec la technique, vraie détentrice aujourd'hui de lapuissance, de sorte qu'en se montrant fier de la science, c'est de la puissance qu'il s'enorgueillit.. »

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