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DISTRAIT2, -AITE, participe passé et adjectif.

Publié le 16/01/2016

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DISTRAIT2, -AITE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de distraire2* 

II.—  Emploi adjectival, généralement péjoratif. 

A.—  [Appliqué à une personne]  Détourné de l'objet qui l'occupait, absorbé par autre chose. Synonymes : absent, inattentif. Les esprits indifférents, distraits, occupés ailleurs qui n'ont pas le temps d'observer (JULES MICHELET, L'Oiseau,  1856, page 230) : 

Ø 1. Je m'aperçois tous les jours que mon défaut de mémoire tient uniquement à mon défaut d'attention, ou à cette maladie de distraction que j'ai apportée en naissant et que je tiens de mon père... Je suis plus ou moins distrait, c'est-à-dire que je donne plus ou moins mon attention à chaque chose suivant mes dispositions organiques bonnes ou mauvaises, et j'ai des souvenirs nets ou confus en proportion...

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1817, page 21. 

Ø 2. Un homme absolument distrait serait un homme disant : Tiens, j'ai rencontré ce matin (...) et décrivant une machine qui n'existe pas encore.

JEAN COCTEAU, Essai de critique indirecte,  1932, page 45. 

—  Emploi comme substantif.  Personne occasionnellement ou naturellement portée à la distraction, à l'étourderie, qui manque d'attention dans ses actes ou dans ses relations avec autrui. Ces feuilles de fleurs que les belles distraites font claquer sur le dessus de leurs mains (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels,  1883, page 130) : 

Ø 3. Si à dix heures et demie un distrait tirait sa montre en disant : « allons, encore une heure et demie avant le déjeuner », chacun était enchanté d'avoir à lui dire : « mais voyons, à quoi pensez-vous, vous oubliez que c'est samedi! »; on en riait encore un quart d'heure après... 

MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann,  1913, page 111. 

·    PSYCHOLOGIE.  Type de caractère se définissant par l'incapacité de fixer son attention. Le Distrait de La Bruyère (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot,  1835, page 174 ). Le distrait est toujours un sujet à champ de conscience étroit, et plus ou moins crispé sur un objet exclusif (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté,  1949, page 289 ). 

B.—  [Appliqué à une attitude de la personne]  Qui dénote de la distraction, un esprit occupé ailleurs. Avoir un air, un regard distrait. Ses doigts distraits jouaient dans ses boucles d'ébène (ALPHONSE DE LAMARTINE, La Chute d'un ange,  1838, page 1033 ). Il avait toujours écouté d'une oreille distraite les conseils de son père (MARCEL AYMÉ, La Jument verte,  1933, page 67) : 

Ø 4. Les uns voulaient attirer l'attention par des ris extraordinaires sur ce que leur voisin leur disait, tandis que dans toute autre circonstance les mêmes propos ne les auraient pas fait sourire. D'autres prenaient un air dégagé, distrait, pour n'avoir pas l'air de penser à ce qui les occupait tout entiers...

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse,  1778-89, page 138. 

STATISTIQUES : Distrait1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 1 723. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 2 367, b) 2 238; XXe.  siècle : a) 2 396, b) 2 667. 

 

Forme dérivée du verbe \"distraire\"

 distraire

DISTRAIRE1, verbe transitif.  

A.—  Vieilli ou littéraire.  [Le sujet désigne une personne, le complément un inanimé concret]  Séparer, retrancher une partie d'un tout. Synonymes : prélever, soustraire. La France a quarante-neuf millions d'hectares (...) il faut en distraire les chemins, les routes, les dunes, les canaux (HONORÉ DE BALZAC, Le Curé de village.  1839, page 219 ).  Spécialement, péjoratif.  Détourner à son profit. Des trafiquants trop nombreux distrayaient en route un quart des vivres les meilleurs (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 332) : 

Ø 1. Le prince vous accorderait, comme récompense nationale, une jolie terre valant six cent mille francs qu'il distrairait de son domaine, ou une gratification de trois cent mille francs écus...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme,  1839, page 278. 

—  Plus rarement.  [Le complément désigne une personne]  Je vous distrairai de vos études un an ou deux (LÉON DAUDET, Fantômes et vivants,  1914, page 123) : 

Ø 2. Dira-t-on que vouloir distraire du Tiers état, non seulement les privilégiés héréditaires, mais encore ceux qui ne jouissent que des privilèges à terme, c'est vouloir, de gaieté de coeur, affaiblir cet ordre en le privant de ses membres les plus éclairés, les plus courageux et les plus estimés?

EMMANUEL-JOSEPH SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers état?  1789, page 34. 

—  Spécialement.  DROIT.  Distraire un bien d'une saisie, distraire des dépens (Confer distraction1  B). 

B.—  Domaine moral. [Le complément désigne un mal, physique ou moral]  Distraire sa douleur, son chagrin.   Y faire diversion, en s'absorbant dans d'autres activités ou d'autres pensées. Je veux distraire mon malheur du souvenir de mes félicités (ALBERT CAMUS, La Dévotion à la croix,  1953, page 561 ). 

—  Emploi pronominal réfléchi. Se distraire de quelque chose.  Détourner, chasser de son esprit l'idée de, en faire abstraction. Je savais bien m'occuper et me distraire du vacarme extérieur (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 52) : 

Ø 3.... Topal me revenoit à l'esprit, je repoussois en vain l'importun souvenir de ce vieillard, il m'étoit impossible de m'en distraire.

STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 1, 1795, page 217. 

 

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