Devoir de Philosophie

Dictionnaire en ligne: EAU, EAUX, substantif féminin.

Publié le 22/01/2016

Extrait du document

Dictionnaire en ligne: EAU, EAUX, substantif féminin. I.— Usuel. A.— [L'eau envisagée comme élément naturel] 1. Au singulier. Liquide incolore, inodore et sans saveur à l'état pur, formé par combinaison d'hydrogène et d'oxygène, de formule chimique H2 O; un des quatre éléments de la physique ancienne : Ø 1. Il me semblait à la fin de ne plus apercevoir que tous les états de l'eau, — l'eau neige, — l'eau glace, — l'eau vive, — l'eau flaque mirant l'eau nuée, — l'eau vapeur dont les volutes libérées se détordent, se disloquent, s'attardent et se dissipent après nous. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 24. Ø 2. Eau, tu n'as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, page 242. — Locution. Se ressembler, ressembler à quelqu'un/à quelque chose comme deux gouttes* d'eau. Être comme l'eau et le feu. Offrir des caractères ou des tempéraments diamétralement opposés. Sa femme et lui [Grange] faisaient le plus bel assortiment d'eau et de feu que l'on pût voir (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 106 ). SYNTAXE : Eau commune, condensée, distillée; congélation, densité, température de l'eau; molécules, vapeur d'eau; l'eau bout, s'évapore; soluble dans l'eau; dissoudre dans l'eau. 2. Au singulier et au pluriel. [L'eau dans la variété de ses origines naturelles] Synonymes : flotte (populaire), onde (poétique). a) [L'eau envisagée comme eau de mer] Eau salée. L'eau de la mer est plus pesante (...) que l'eau douce, à cause du sel qu'elle contient (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 167 ). — Au pluriel, souvent poétique. [Avec une idée d'abondance, d'immensité] Océan, mer transparente, (...) replie tes larges eaux (EDGAR QUINET, Ahasvérus, 1833, 1re. journée, page 68 ). — Par métonymie. Mer. La pleine lune sort de l'eau La mer est comme un grand plateau (PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, Pleine lune, 1952, page 909) : Ø 3.... l'envie me prenait d'être sur une plage et de descendre vers la mer. À imaginer le bruit des premières vagues sous la plante de mes pieds, l'entrée du corps dans l'eau... ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1178. · Expression figurée. Une goutte d'eau dans la mer. Une quantité négligeable par rapport à l'ensemble considéré. Au milieu de tant de morts, ces deux exécutions passèrent inaperçues : c'était une goutte d'eau dans la mer ( ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1356 ). — MARINE. · Locution verbale. [Le sujet désigne une embarcation] Faire eau. Laisser pénétrer l'eau par suite d'une avarie. Synonyme : prendre l'eau. Faire eau de toutes parts. Une barque qui fait eau (VALÉRY LARBAUD, Journal, 1934, page 311 ). Au figuré. Aller à sa ruine, être en déconfiture. Elle faisait eau de partout, cette pauvre maison Fromont (ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 359 ). · Eaux d'un navire. Trace qu'il laisse derrière lui à mesure qu'il avance. Synonyme : sillage. Prendre, suivre, se mettre dans, se tenir dans les eaux (d'un bâtiment). Entrer ou gouverner dans son sillage. Un dauphin avait nagé dans les eaux du yacht (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 363 ). Au figuré. Être, nager dans les mêmes eaux. Partager les mêmes opinions, être en relations étroites avec quelqu'un. Nous ne nageons pas dans ses eaux (HENRY BATAILLE, Maman Colibri, 1904, page 5 ). · DROIT MARITIME. Eaux territoriales. Zone maritime, délimitée par le droit international, bordant le littoral d'un pays et sur lequel celui-ci exerce divers droits de police. Les navires alliés (...) s'arrêteront à la limite des eaux territoriales françaises (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 186 ). b) [L'eau envisagée comme eau de pluie] Eau du ciel; il tombe de l'eau; le ciel, le temps, le vent est à l'eau. — Nous allons avoir de l'eau, dit le cocher. En effet, (...); la moitié du ciel derrière nous était envahie par un gros nuage noir (VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 29 ). Une pluie d'hiver (...) rien que de l'eau qui tombe (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 383) : Ø 4. Jésus change l'eau en vin aux noces de Cana, et tout le monde s'étonne; l'eau de pluie se change tous les ans en vin dans nos vignes, et cela ne surprend personne. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 172. — Par analogie. Rosée. Le soleil buvait (...) l'eau de l'aurore (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1930, page 300 ). — Au pluriel. [Par calque du pluriel hébraïque] Déluge (Confer infra A 2 c). c) [L'eau est envisagée comme provenant d'une source, comme résultat de précipitations atmosphériques] À vau l'eau (voir à vau A). Torrent dont l'eau provient des neiges fondues (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 24) : Ø 5. C'était plaisant aussi, cette eau de roche dévalant à bouillons de la montagne, la belle et claire eau courante, trépidante, jasante, qui semble vous tenir compagnie. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 123. Ø 6.... il y a de l'eau [au chenal] que j'aime à regarder passer, de l'eau qui vient de pays que j'ai déjà vus... de l'eau qui s'en va vers des pays que je verrai, un jour... GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 210. — Au singulier à valeur collective. Vaste paysage d'eau, de prés et de bois (JULIEN GREEN, Journal, 1941, page 126 ). — Au pluriel. · [Avec l'idée de puissance, de majesté] Fleuve jaune qui roulait ses eaux lourdes entre deux rives basses (PIERRE MILLE, Barnavaux et quelques femmes..., 1908, page 2 ). Les eaux magnifiques du Rhin (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, page 31 ). Grandes eaux. Eaux abondantes, torrentueuses ou bruyantes. Un bruit d'orage, de grandes eaux (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1070 ). Cataracte soudaine des grandes eaux (JULIEN GRACQ, Au château d'Argol, 1938, page 135 ). · [Par calque du pluriel hébraïque] [Par référence à Genèse, 1.2] Quand mon Esprit planait sur les eaux (CHARLES PÉGUY, Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1911, page 306 ). [Par référence à Genèse, 1.18] L'arche qui flotte à l'abri du naufrage Sur les eaux qui recouvrent la terre (PAUL CLAUDEL, Corona Benignitatis, 1915, page 448 ). [Par référence à Matthieu, 14.26 et parallèles] Notre-Seigneur marche sur les eaux (HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1046 ). — Par métonymie. Cours d'eau. Passer l'eau. On voit la division des eaux; la Maine noire de vase (...) la Loire jaune de sable (JULES MICHELET, Journal, 1831, page 98 ). Le village de Jouques, avec ses eaux courantes, ses prairies (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, 1904, page 293 ). · De l'autre côté de l'eau. Sur l'autre rive. Loger de l'autre côté de l'eau, dans le Quartier Latin (HENRI MURGER, Scènes de la vie de jeunesse, 1851, page 135 ). — Par métaphore. · [Avec l'idée de transparence ou de vivacité] Une fille épatante. De l'eau pure! (HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936 page 1060 ). Elsa mon eau vive (LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 244 ). · [Avec l'idée de quelque chose de fugitif, d'insaisissable] : Ø 7. La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote, assis au soleil. JEAN ANOUILH, Antigone, 1946, page 190. — Locution figurée. · [Le sujet désigne une chose] Être clair comme de l'eau de roche. Être parfaitement clair. La machination est claire comme de l'eau de roche (PAUL VIALAR, L'Hallali, 1953, page 185 ). · [Avec un sujet apparent] Il coulera, passera de l'eau sous les ponts... Il faudra du temps, il faudra longtemps (avec l'idée que la chose est difficilement réalisable). Il coulera beaucoup d'eau sous les ponts avant que je remette les pieds chez ce bonhomme-là (LOUISE DE VILMORIN, La Lettre dans un taxi, 1958, page 27 ). · [Le sujet désigne une personne] Amener, apporter, porter de l'eau au moulin de quelqu'un. Lui procurer un avantage, lui fournir un argument supplémentaire. Vous portez de l'eau au moulin de l'ennemi. Vous êtes en train d'énoncer un de ses plus puissants arguments (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 167 ). Laisser couler l'eau. Laisser les choses suivre leur cours sans s'inquiéter de ce qui arrivera. Laissons couler l'eau, le temps. Ce qui doit se faire se fera (JULES MICHELET, Journal, 1845, page 625 ). SYNTAXE : Eau du fleuve, de la fontaine, du lac, du ruisseau, de source. Eau + adjectif a) [qualifiant sa température] Eau bouillante, chaude, froide, glacée, tiède. b) [Qualifiant sa couleur ou sa limpidité] Eau bleue, boueuse, brillante, jaune, grasse, grise, limpide, noire, sale, sombre, transparente, trouble, verte. c) [Qualifiant son mouvement] Eau calme, croupie, dormante*, immobile, morte, rapide, stagnante, tranquille. d) [Qualifiant sa saveur] Eau amère, saumâtre. Eaux fluviales, souterraines, superficielles, de ruissellement; bruit, clapotis, murmure, odeur de l'eau; filet, flaque, mare, nappe, niveau, point, voie* d'eau; poule, rat d'eau; basses*, hautes* eaux; l'eau court, s'infiltre, jaillit, ruisselle, suinte; au bord, au fil, au fond, au ras, à la surface de l'eau; à fleur d'eau; au milieu, au sein des eaux. d) Expression, locution au figuré et proverbes. — Expression. À l'eau! Cri de menace contre quelqu'un qu'on veut jeter à l'eau. Démission! À l'eau! Enlevez-le (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 114 ). Un coup* d'épée dans l'eau. — Locutions verbales. · [Le sujet désigne une chose] Être de l'eau claire. Être sans valeur, insignifiant Mr. Thiers polit son livre à ce qu'il dit. Ce sera, si j'en crois ceux qui en ont lu quelque chose de l'eau de roche pour la clarté des démonstrations, mais je crains que ce ne soit de l'eau claire (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Boigne, 1870, page 42 ). Être, tomber à/dans l'eau. Ne pas aboutir, rater. Tous nos rêves sont à l'eau (ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 125 ). Que je me mette à lui en vouloir, et tout sera à l'eau (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 249 ). Revenir sur l'eau. Être à nouveau d'actualité, revenir à la mode (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). · [Le sujet désigne une personne] Battre l'eau (avec un bâton). Se donner beaucoup de mal sans espoir raisonnable de succès (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932 et Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). Se jeter à l'eau. Prendre soudainement une décision importante et risquée. Le Roi devenant (...) d'âge à se marier, il fut décidé qu'il se jetterait à l'eau (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, II, page 158 ). Être, nager en grande/pleine eau. Être dans l'abondance (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932); le sens propre, nager en eau courante, est vieilli (Confer Alfred de Musset, Les Confessions d'un enfant du siècle, 1836, page 316). Porter de l'eau à la mer, à la rivière. " Porter des choses en un lieu où il y en a déjà une grande abondance " C'est porter de l'eau à la mer, à la rivière, que de donner à une personne très riche (Dictionnaire de l'Académie Française). Revenir sur l'eau. Reparaître sans qu'on s'y attende; recouvrer son crédit, sa fortune. Synonyme familier : refaire surface. Wazemmes était revenu sur l'eau (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 179 ). Ne pas trouver de l'eau à/dans la mer, la rivière. Être assez malhabile pour ne pas se procurer les choses les plus faciles à trouver. Pauvre garçon, tu ne trouverais pas de l'eau dans la mer (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 400 ). Être, rester, tenir le bec* dans l'eau; être (heureux) comme un poisson* dans l'eau; nager* entre deux eaux; pêcher* en eau trouble; se noyer* dans un verre d'eau. — Proverbes. Il n'est pire eau que l'eau qui dort (Voir dormir). Tant va la cruche* à l'eau qu'à la fin elle se casse. B.— [L'eau dans la vie sociale] 1. [L'eau envisagée dans son aménagement et sa distribution] a) [Dans un but utilitaire] Prise d'eau pour irrigation (...) pratiquée dans un cours d'eau navigable (HENRI CHARDON, Les Travaux publics, 1904, page 138 ). Eau apprivoisée qui coule des robinets (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 199) : Ø 8. — Avant que l'eau courante soit installée aux Sables, nous avions un réservoir sur le toit. On y montait l'eau à l'aide d'une pompe à main, afin d'alimenter les salles de bain. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 186. — Au pluriel, ADMINISTRATION. Ensemble des eaux domaniales (cours d'eau, étangs, etc.) géré par l'administration des Eaux et Forêts. L'administration des Eaux et Forêts qui a pour fonction traditionnelle la protection et le développement du patrimoine (GÉRARD BELORGEY, Le Gouvernement et l'administration de la France, 1967, page 373 ). — Locution figurée, populaire. Il y a de l'eau dans le gaz. Il y a quelque chose d'anormal, qui cloche (Confer Charles-Louis Carabelli, [Langage populaire] ). SYNTAXE : Eau sous pression, de citerne; adduction, circulation, distribution d'eau; alimentation en eau; puiser l'eau; porteur d'eau; eau et gaz, et électricité. b) [Dans un but d'agrément] Jet, pièce d'eau. Fontaines où l'eau monte sans cesse, par des conduits cachés, pour en redescendre en nappes fraîches et pures (FRÉDÉRIC SOULIÉ. Les Mémoires du diable, tome 1, 1837, page 147 ). — Au pluriel. [Avec une idée d'abondance et de majesté] Grandes eaux de Versailles. Les grandes eaux jouaient aux fontaines (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 260 ). 2. [L'eau envisagée dans ses différents usages] a) [Usages domestiques] — [L'eau comme boisson] Bonheur extraordinaire en été d'un verre d'eau fraîche (LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 96) : Ø 9. Un Espagnol apprécie les différents goûts de l'eau, comme un Français du vin. Il vous parlera d'une fontaine comme d'un cru, il vous vantera l'eau de certaines villes, et dans ces villes, de certains puits. ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 77. · [Par allusion à l'Évangile, Matthieu, 10.42] Le verre d'eau du pauvre (HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 76 ). · Locutions verbales. Être, jeûner au pain* (sec) et à l'eau. Faire de l'eau (dans le domaine de la marine). Se ravitailler en eau potable. Faire de l'eau et du bois (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 1, 1797, page 15 ). Mettre de l'eau dans son vin (au figuré). Modérer ses exigences ou ses ambitions, en rabattre. Les gens du parti ultra (...) mettent ce qu'on appelle de l'eau dans leur vin (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 86 ). Croyez cela et buvez de l'eau (familier). N'ayez pas la naïveté de croire cela. SYNTAXE : Eau plate, potable, rougie (= mêlée d'un peu de vin rouge), sucrée; eau blanche « eau dans laquelle on a jeté du son pour la faire boire aux chevaux » (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932); broc, carafe, cruche, seau d'eau; pot à eau; l'eau désaltère, rafraîchit. — [Usages culinaires] Porridge et riz à l'eau (ANDRÉ GIDE, Retour du Tchad, 1928, page 891 ). · Eau de veau, de poulet (vieilli). Bouillon léger, de veau ou de poulet. Pour toute nourriture que de l'eau de veau ou de poulet infiniment légère (ÉTIENNE-LOUIS GEOFFROY. Manuel de médecine pratique, 1800, page 42 ). · Eau de riz, d'orge. Eau dans laquelle on a fait bouillir du riz, de l'orge. Lait de vache coupé d'eau d'orge (ÉTIENNE-LOUIS GEOFFROY. Manuel de médecine pratique, 1800 page 540 ). Eau panée. " Eau dans laquelle on a fait tremper du pain grillé " (Dictionnaire de l'Académie Française). · Eau(x) grasse(s). Eau(x) ayant servi à cuire des aliments ou à laver la vaisselle (synonyme : eau de vaisselle); par extension déchets alimentaires servant à nourrir les porcs (Confer Dictionnaire des termes vétérinaires et zootechniques (MARTIAL VILLEMIN) 1975). Des épluchures et des eaux grasses (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 269 ). Jeter l'eau grasse sur les plants de tomates (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 203 ). · Locution figurée. Ce fruit, ce ragoût ne sent que l'eau. " Il ne sent rien, il est insipide " (Dictionnaire de l'Académie Française). S'en aller en eau de boudin*. C'est de l'eau de vaisselle. [En parlant d'un mauvais café, d'un mauvais bouillon] C'est fade, insipide. Synonyme populaire : c'est du jus de chaussette. — [Usages hygiéniques] Eau de savon, savonneuse; rincer dans l'eau. Me tremper dans une eau très chaude, dans un bain (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 57 ). Voir ablution, exemple 1, 3, 4, 10 : Ø 10. Deux jeunes garçons présentent aux visiteurs une serviette et deux bassins d'argent, dont l'un est rempli d'eau claire et dont l'autre recevra, à mesure, l'eau usagée. EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 36. · Laver à grande eau. Laver en faisant couler l'eau avec abondance. [Mme. Loisel] lavait à grande eau les planchers (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Parure, 1884, page 461 ). · Eaux de toilette. Eaux ayant servi à la toilette; par extension ces eaux mêlées au contenu d'un vase de nuit. Synonyme : eaux usées. Vider les eaux de toilette (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 311 ). — [Usages thérapeutiques] · [Il s'agit d'une eau quelconque] Poser des sinapismes, des compresses d'eau froide (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 50 ). · [Il s'agit d'une eau minérale ou thermale] Eau gazeuse, de Seltz. Eaux minérales que je bois pour mon foie, pour mon estomac (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1895, page 845) : Ø 11. J'ai été à six heures à la fontaine; j'ai bu deux verres d'eau chaude dont le goût sulfureux est ensuite amer et salin; cette eau m'a pesé sur l'estomac et a légèrement excité les intestins. Après avoir promené avec M. Gueyraud à Bellevue, j'ai été prendre un bain de santé moins chaud que celui de la veille à Frascati. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, page 200. Au pluriel. Prendre les eaux; ville d'eaux. [M. Hédouin] alla faire une saison aux eaux de Vichy (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 166 ). b) [Usages religieux] Eau baptismale*, bénite*, lustrale. Eau sainte propre aux consécrations et purifications des fidèles (GÉRARD DE NERVAL, Les Filles du feu, Isis, 1854, page 652 ). Lourdes et ses eaux miraculeuses (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1886, page 536 ). — Au figuré. Eau bénite*. c) [Usages industrie ou technique] Eau de chaux*, de gâchage; eaux résiduaires*; radiateur, refroidissement à eau; chute d'eau; moulin à eau. II.— Par analogie. A.— [Analogie de consistance] Liquide ayant quelque ressemblance avec l'eau. 1. Domaine de la nature. a) Sécrétion liquide du corps de l'homme ou des animaux (larmes, salive, sérosités, sueur, urine). J'ai lavé cette tache avec l'eau de mes yeux! (ALPHONSE DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, page 877 ). Moi qui n'en ai jamais bu, il paraît que j'ai des litres d'eau dans le ventre (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 55 ). — Au pluriel. · MÉDECINE. Liquide amniotique qui entoure le foetus. Eaux foetales, poche des eaux. La matrice, après l'écoulement des eaux, se contracte plus fortement (JEAN-LOUIS BAUDELOCQUE, Principes sur l'art des accouchemens, 1812, page 346 ). · ART VÉTÉRINAIRE. Eaux aux jambes. " Affection pustuleuse avec infiltration du tissu conjonctif des membres inférieurs [du cheval] " (docteurs J. Teissier, Tanon dans Nouveau traité de médecine, fascicule 2, 1928, page 335). — Locutions verbales. · [Le sujet désigne une personne] Être (tout) en eau. Être en sueur, transpirer. Synonyme : être en nage. Une petite bonne femme tout en eau, qui souffle (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 152 ). Lâcher (de) l'eau (populaire). Uriner. Le soldat lâchait l'eau paisiblement contre la muraille (PIERRE-JEAN JOUVE, La Scène capitale, 1935, page 15 ). Suer* sang et eau. · [Le sujet désigne un aliment] Mettre, faire venir l'eau à la bouche. Faire saliver. Tu nous vantes tes fondues (...) tu ne cesses de nous en faire venir l'eau à la bouche (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 178 ). Au figuré. Exciter l'envie ou la curiosité. Des manuscrits qui vous feraient venir l'eau à la bouche (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la famille Delessert, 1870, page 92 ). b) Suc ou jus de certains fruits ou légumes. Ces pêches, ces melons ont beaucoup d'eau (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). 2. Domaine de l'industrie. a) Liquide obtenu par distillation, décoction ou infusion, généralement à base de plantes ou de fleurs et destiné à la consommation courante comme boisson, produit hygiénique ou thérapeutique. Eau de Cologne, de lavande, de toilette; eau ferrée, rouillée. De l'eau de rose pour me laver la bouche (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 113 ). Une bouteille d'eau-de-millepertuis, bonne pour les coupures (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 535 ). Les beaux s'aspergeaient la tête d'eau de fleur d'oranger (PAUL MORAND, Londres, 1933, page 119 ). Un sorbet d'eau de rose rafraîchi à la neige de l'Hermon (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 244 ). Un peu d'eau de fleurs d'oranger, quelques gouttes (...) ça fait dormir (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 30 ). — Au figuré. À l'eau (de) rose. Mièvre, sans consistance. Artistes à l'eau rose (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1813-18, page 233 ). Leurs phrases précieuses et leurs sentiments à l'eau de rose (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 66 ). b) Liquide résultant d'une préparation chimique, destiné à un usage industriel ou domestique. Un mélange d'eau et d'eau de Javel (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 96 ). De l'eau oxygénée et des compresses (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 251 ). SYNTAXE : Eau ammoniacale, blanche. « Mélange d'eau et d'extrait de saturne » (Dictionnaire de l'Académie Française 1932). Eau carminative*, régale*, seconde*, sédative*. — CHIMIE. Eau lourde. Corps composé dans lequel l'hydrogène de l'eau est remplacé par du deutérium, de formule chimique D2 O. L'eau lourde est extrêmement difficile à séparer de l'eau ordinaire (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 28 ). B.— [Analogie de propriétés] Limpidité, transparence des diamants, perles ou pierres précieuses. Une rivière à pendeloques, d'une eau admirable (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 336 ). — Par extension. Des yeux d'une eau profonde et douce (LÉON DAUDET, Salons et journaux, 1917, page 16 ). — Au figuré, par antiphrase. Des piétistes de la plus belle eau (ERNEST RENAN, Histoire du peuple d'Israël, tome 5, 1892, page 63 ). Remarque : On rencontre dans quelques dictionnaires eaux-vannes, substantif féminin pluriel Partie liquide des fosses d'aisances et des bassins de vidange. Attesté dans le Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), au mot vanne1, Nouveau Larousse illustré Supplément 1907, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert) et Grand Larousse de la langue française en six volumes. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 27 732. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 34 175, b) 46 091; XXe. siècle : a) 45 652, b) 36 625.

« Synonyme : prendre l'eau.

Faire eau de toutes parts.

Une barque qui fait eau (VALÉRY LARBAUD, Journal, 1934, page 311 ).

Au figuré.

Aller à sa ruine, être en déconfiture. Elle faisait eau de partout, cette pauvre maison Fromont (ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 359 ). · Eaux d'un navire.

Trace qu'il laisse derrière lui à mesure qu'il avance.

Synonyme : sillage.

Prendre, suivre, se mettre dans, se tenir dans les eaux (d'un bâtiment).

Entrer ou gouverner dans son sillage.

Un dauphin avait nagé dans les eaux du yacht (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 363 ).

Au figuré.

Être, nager dans les mêmes eaux.

Partager les mêmes opinions, être en relations étroites avec quelqu'un.

Nous ne nageons pas dans ses eaux (HENRY BATAILLE, Maman Colibri, 1904, page 5 ). · DROIT MARITIME.

Eaux territoriales.

Zone maritime, délimitée par le droit international, bordant le littoral d'un pays et sur lequel celui-ci exerce divers droits de police. Les navires alliés (...) s'arrêteront à la limite des eaux territoriales françaises (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 186 ). b) [L'eau envisagée comme eau de pluie] Eau du ciel; il tombe de l'eau; le ciel, le temps, le vent est à l'eau.

— Nous allons avoir de l'eau, dit le cocher.

En effet, (...); la moitié du ciel derrière nous était envahie par un gros nuage noir (VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 29 ).

Une pluie d'hiver (...) rien que de l'eau qui tombe (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 383) : Ø 4.

Jésus change l'eau en vin aux noces de Cana, et tout le monde s'étonne; l'eau de pluie se change tous les ans en vin dans nos vignes, et cela ne surprend personne. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 172. — Par analogie.

Rosée.

Le soleil buvait (...) l'eau de l'aurore (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1930, page 300 ). — Au pluriel.

[Par calque du pluriel hébraïque] Déluge (Confer infra A 2 c). c) [L'eau est envisagée comme provenant d'une source, comme résultat de précipitations atmosphériques] À vau l'eau (voir à vau A).

Torrent dont l'eau provient des neiges fondues (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 24) : Ø 5.

C'était plaisant aussi, cette eau de roche dévalant à bouillons de la montagne, la belle et claire eau courante, trépidante, jasante, qui semble vous tenir compagnie. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 123. Ø 6....

il y a de l'eau [au chenal] que j'aime à regarder passer, de l'eau qui vient de pays que j'ai déjà vus...

de l'eau qui s'en va vers des pays que je verrai, un jour... GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 210. — Au singulier à valeur collective.

Vaste paysage d'eau, de prés et de bois (JULIEN GREEN, Journal, 1941, page 126 ). — Au pluriel. · [Avec l'idée de puissance, de majesté] Fleuve jaune qui roulait ses eaux lourdes entre deux rives basses (PIERRE MILLE, Barnavaux et quelques femmes..., 1908, page 2 ).

Les eaux magnifiques du Rhin (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, La 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles