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Devons nous travailler pour accomplir notre humanité ?

Publié le 24/08/2005

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A la question -apparemment provocatrice- de savoir si nous avons réellement besoin de travailler, Nietzsche répond par l'image d'un cercle vicieux qui nous mène indéfiniment, selon une régression à l'infini, du travail au besoin et du besoin au travail. C'est ce qu'exprime le premier temps du texte, qui est implicitement centré autour d'une mise en cause de la notion de besoin. Dénonçant l'illusion abstraite du besoin naturel qu'il faut bien combler par le travail, Nietzsche soupçonne le besoin d'être un résultat : l'habitude du travail produit le besoin du travail, qui répond donc à un besoin culturel (« nouveau », « adventice ») et non plus naturel. C'est culturellement que nous avons besoin de travailler, besoin qui envahit même ce qui n'est pas le travail. Aussi, dans un second temps, Nietzsche repère-t-il jusque dans nôtre attitude de « loisir » des traces d'une attitude qu'on croirait réservé au travail. Sans travail, nous nous ennuyons, de cet ennui métaphysique (et dont l'accent est assez pascalien) qui témoigne de ce que le travail est rentabilisation, organisation machinale porteuse de repères. L'exemple du jeu, ce travail sans travail, est bien significatif : il n'y a finalement rien de plus sérieux qu'un jeu aux règles duquel nous sommes souvent plus attachés qu'aux lois elles-mêmes. Bref : le travail social exporte son « esprit de sérieux ».   « Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre.

« bien au-dessus du règne animal. (Explication et commentaire) « Il est de la plus grande importance d'apprendre aux enfants à travailler.

L'homme est le seul animal quisoit voué au travail.

Il lui faut d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui estnécessaire à sa conservation.

» Dans l'opposition qui sépare la nature humaine de la nature animale, les notions de travail et d'éducation occupentune place essentielle : de tous les animaux, l'homme est le seul pour qui ces deux notions ont un sens et unenécessité.

Aucun animal n'a besoin de travailler pour survivre et se conserver : il vit selon les règles de la nature,c'est-à-dire qu'il est soumis au bon « vouloir » de celle-ci quant à la profusion ou à la disette de ce qui estnécessaire à sa conservation.

Au contraire, l'homme entretient un rapport différent avec la nature et ne saurait secontenter d'attendre de celle-ci qu'elle lui offre (ou non) les conditions de sa survie.

C'est l'homme lui-même qui doitproduire, par son travail, les éléments nécessaires à sa conservation et cela implique qu'avant de jouir de ceux-ci, illes ait préparés, transformés, travaillés.

Alors que l'animal consomme immédiatement les produits fournis par lanature et satisfait ainsi ses besoins, l'homme, a cause de la richesse et de la diversité de ses besoins, ne peut secontenter de vivre passivement au sein de la nature, mais doit transformer celle-ci, l'exploiter à son profit, en unmot travailler.

Pour autant cette nécessité d'un travail de l'homme n'est pas innée à l'espèce humaine : l'enfant nesait pas, en naissant, qu'il doit travailler, qu'il va lui falloir travailler.

Par sa seule nature, l'enfant sait manger, boire,sentir, se mouvoir : mais le travail et la nécessité de travailler pour assurer sa conservation ne peuvent lui venir quede l'éducation, c'est-a-dire de l'intervention d'autres hommes lui apprenant cette nécessité.« La question de savoir si le Ciel ne se serait pas montré beaucoup plus bienveillant à notre égard...

L'oisiveté eûtfait leur tourment tout aussi bien que celui des autres hommes.

» En face de cette nécessité imposée aux hommesde travailler à leur conservation, bien des penseurs et des poètes, surtout dans l'Antiquité, furent tentés dereprocher au Ciel, c'est-a-dire aux Dieux ou a la Nature elle-même, d'avoir été injuste envers l'espèce humaine enl'obligeant a produire elle-même ses propres ressources plutôt que de lui fournir gratuitement tous les moyensnécessaires à son bien-être.

La référence au mythe de Prométhée, raconté par Platon, est ici explicite puisquePlaton évoque une soi-disant injustice des Dieux qui auraient si mal loti l'homme, l'obligeant par là à travailler.

Mais,selon Kant, aucun reproche ne peut être adressé au Ciel sur ce point, car c'est la nature humaine elle-même quiexige des occupations, fussent-elles contraignantes.

Si la nature se montrait prodigue envers l'humanité, si elle luipermettait de vivre dans une totale oisiveté, non seulement elle desservirait la destination finale de l'homme mais,pire, elle le plongerait dans de profonds tourments.

On a donc tort de rêver a un hypothétique état de nature oùl'homme sauvage vivrait heureux, dispensé de tout effort grâce à la générosité bienfaisante de la nature : Rousseau avait déjà affirmé que la perfectibilité et l'intelligence de l'homme ne prennent de consistance qu'avecl'amorce d'un état civil.

L'idée d'un paradis perdu que l'humanité aurait à regretter et que la Bible évoque parl'histoire d'Adam et Éve permet à Kant de justifier sa thèse : finalement, la punition infligée en réparation du péchéoriginel est un bienfait pour l'humanité et va dans le sens de la perfection de l'espèce humaine.

Dans l'oisiveté duparadis, l'humanité aurait disparu car elle n'aurait engendré qu'ennui et tourments. « Il faut que l'homme soit occupé de telle sorte que, tout rempli du but qu'il a devant les yeux, il ne sesente pas lui-même et le meilleur repos pour lui est celui qui suit le travail.

» La nécessité de s'occuper, l'exigence d'avoir un but a accomplir ne ressortent pas seulement de raisons sociales etéconomiques; le travail a aussi pour l'homme une fonction psychologique dans la mesure où l'oisiveté le condamne àse replier sur lui-même et à ne vivre, selon l'expression familière, qu'en regardant son « nombril ».

L'homme qui n'ad'autre préoccupation que de se « sentir lui-même », que de s'introspecter a longueur de temps, finit par êtreobsédé par sa seule personne et sombre inexorablement dans la dépression et la mélancolie.

Il faut que la vie del'homme se déroule dans l'alternance du travail et du repos, celui-ci n'ayant de sens et de valeur que dans la mesureoù il s'établit en rapport avec le travail.

Le repos sans le travail n'est rien d'autre que le signe d'une vie végétative,indigne de l'homme et incompatible avec sa nature. « On doit donc accoutumer l'enfant à travailler...

Il faut sans doute qu'il ait ses moments de récréation,mais il faut aussi qu'il ait ses moments de travail.

» Si l'homme est voué, par sa nature, au travail, il n'a pas pourtant un penchant inné pour celui-ci.

Un enfant, laissé alui-même, ne décide pas de travailler : certes, la nécessité du travail lui apparaîtra certainement au moment où sesbesoins vitaux ne pourront plus être satisfaits autrement qu'en travaillant, mais il ne sait pas travailler.

Le travail nerépondant à aucun instinct ni aucun penchant naturel doit être acquis et appris : voilà pourquoi le sens du travail,l'idée de sa nécessité et les conditions de son exercice doivent être enseignés aux enfants par une accoutumanceprogressive.

La famille a pour mission de subvenir aux besoins les plus pressants de l'enfant, assurer sa surviejusqu'au moment où lui-même pourra la prendre en charge.

Certes, elle a pour tâche de préparer l'avenir de l'enfant,mais surtout du point de vue moral et affectif.

C'est à la société qu'incombe la responsabilité d'apprendre auxenfants a travailler et l'instrument idéal pour assurer cette mission, c'est l'école : l'école apprend aux enfants qu'à ladifférence de la vie familiale où tout lui est dispensé gratuitement, il a l'obligation de faire lui-même des efforts poursubvenir un jour à ses propres besoins.

C'est par là qu'elle lui enseigne le sens du travail.

La famille donne a l'enfantune certaine culture mais elle la lui livre sans effort, sans qu'il soit obligé de l'acquérir : au contraire l'école doitforcer l'enfant à se cultiver.

Cela ne veut pas dire que l'école doit être arbitraire : elle a au contraire pour mission. »

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