Définition: BRAILLARD, -ARDE, adjectif et substantif. A.— Adjectif et substantif, familier. 1. (Personne) qui braille, qui assourdit son entourage à force de parler ou de chanter trop fort. Synonymes : brailleur, gueulard (populaire) : Ø 1.... l'on rencontre des bandes, où des hommes chauves cherchent à exprimer avec des gestes épileptiques ce que ne peut plus crier leur voix enrouée, leur gosier aphone. Je ne sais pas, je n'ai pas confiance. Il ne me semble pas retrouver dans cette plèbe braillarde les premiers bonshommes de la Marseillaise. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 591. Ø 2.... pour faire l'éloge des Parisiens, il les représentait comme des espèces de toqués, paillards et braillards, qui passaient leur temps à faire la noce et des révolutions, sans jamais se prendre au sérieux;... ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 456. — En particulier (Enfant) qui ne cesse de pleurer, de hurler. Synonyme : pleurard : Ø 3.... l'enfant s'enrageait de mordre la peau et de n'en rien tirer. — Passe-la-moi, cria la mère, dès qu'elle se trouva débarrassée. Elle ne nous laissera pas dire un mot. Lorsqu'elle eut sorti de son corsage un sein lourd comme une outre, et que la braillarde se fut pendue au goulot, brusquement muette, on put enfin causer. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1215. · Braillard de + substantif : Ø 4. Dire (...) que je vis (...) les fenêtres fermées, tant ces braillards d'enfants de la maison d'en face de moi font de bruit, et un bruit qui commence avec le jour et finit avec la nuit! EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1886, page 590. · Par métaphore : Ø 5. Elle [Nana] commandait de sa voix aiguë, et les talons battaient les pavés, tandis que ces paroles chantées s'envolaient avec un tapage d'oiseaux braillards :... ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 657. — Au figuré, péjoratif. a) (Personne) qui manifeste ses convictions d'une manière tapageuse : Ø 6.... les braillards de l'antisémitisme se sont déchaînés dans la rue sous les yeux d'une police amie;... GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 281. b) (Personne) qui parle fort mais n'agit pas. Synonyme populaire : grande gueule : Ø 7.... Mme. Hennebeau expliqua de son air maternel qu'on l'avait effrayée, que les chemins étaient pleins de mauvaises figures, disait-on, et qu'elle préférait emmener un défenseur. Négrel riait, les rassurait : rien d'inquiétant, des menaces de braillards comme toujours. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1394. 2. Par métonymie, spécialement. MARINE. substantif. Petit porte-voix de bord : Ø 8. Galard jure encore, mais il n'est pas si mécontent; (...) ses artilleurs rechargent déjà. (...) Les deux galères suivent, mais sont trop loin; il réclame un braillard et, au porte-voix, il les engueule. (...) Le Commandeur jure toujours mais donne des ordres au braillard. JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Heureux les humbles, 1942, pages 154-155. B.— Adjectif. [En parlant d'une manière d'être] Qui se manifeste par des braillements, des cris, des bruits assourdissants : Ø 9. En ce moment, l'on entendit un bruit horrible... Le galop de deux pieds enragés... Deux voix aussi différentes que les deux galops lançaient des interjections braillardes. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 72. Ø 10. Il considérait que la vie était faite uniquement pour bambocher et plaisanter, et sitôt qu'il lui fallait mettre un frein à sa joie braillarde, il tombait dans une sorte de somnolence hébétée, étant même incapable de tristesse. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Bombard, 1884, page 969. Remarque : On rencontre dans la documentation braillarderie, substantif féminin, néologisme, familier, péjoratif. Propos d'une personne braillarde. Ni les braillarderies de Verhaeren — c'est entre nous car je ne voudrais pas offusquer sa vieillesse — ni l'économie politique et poétique de Régnier — ni les oeufs muets des vers solitaires de Griffin — ni les racines grecques de Moréas — ne me charment plus (Francis Jammes, Correspondance [avec André Gide] , 1893-1938, page 207). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 94.
