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Dans une de ses pensées célèbres sur le Divertissement 139), Pascal écrit : « Les hommes qui sentent naturellement leur condition n'évitent rien tant que le repos; il n'y a rien qu'ils ne fassent pour chercher le trouble... Ils croient chercher sincèrement le repos, et ne cherchent en effet que l'agitation. ». Baudelaire dira plus tard dans Le Voyage : "Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule / Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils / La Curiosité nous tourmente

Publié le 17/02/2011

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pascal

L'agitation humaine est-elle un caractère de notre temps? Sans doute. Mais de Sénèque à Montaigne, de  Pascal à Voltaire, de Chateaubriand à Baudelaire, de Flaubert aux écrivains contemporains, moralistes, poètes, romanciers nous ont montré les hommes cherchant dans cette agitation un remède à l'insupportable ennui. « Ils croient chercher sincèrement le repos, et ne cherchent en effet que l'agitation «, déclare Pascal et Baudelaire semble lui faire écho, évoquant dans Le Voyage l'Homme qui « pour trouver le repos court toujours comme un fou «. Nous pouvons, certes, observer à notre tour l'agitation du monde qui nous entoure; nous n'en sentirons que mieux ce que la vision métaphysique de l'un et la vision poétique de l'autre ajoutent à la banalité de nos observations.

pascal

« 1.

A la suite de Montaigne?Pascal peut sembler s'être, comme souvent, inspiré de Montaigne qui, dans sa peinture de l'humaine conditionn'avait pu manquer de peindre la vaine agitation des hommes qui « sont sans vie quand ils sont sans agitationtumultuaire.

Ils ne cherchent la besogne que pour embesognement.

Ce n'est pas qu'ils veuillent aller, tant comme ilsne se peuvent tenir.

Ni plus ni moins qu'une pierre ébranlée en sa chute, qui ne s'arrête jusqu'à tant qu'elle secouche.

Leur esprit cherche son repos au branle, comme les enfants au berceau » (iii, x).

C'était pour se justifier dusoin de « ménager sa volonté » que l'auteur des Essais observait ce besoin d'agitation.

Il avait déjà noté aussi (I,19) que « de tous les plaisirs que nous connaissons, la poursuite même nous est plaisante », ce qui fait dire à Pascalque « ce n'est que la chasse, et non pas la prise qu'ils recherchent » (Br.

139) parce « qu'ils ne recherchent en celaqu'une occupation violente et impétueuse qui les détourne de penser à soi ». 2.

L'originalité de Pascal.A.

Le paradoxe indiqué par Montaigne (« leur esprit cherche son repos au branle ») se retrouve chez Pascal : « Ilscroient chercher sincèrement le repos, et ne recherchent en effet que l'agitation.

» Mais il prend une importancetoute particulière.

L'auteur des Pensées ne se contente pas de le décrire plus longuement : « Ils s'imaginent que,s'ils avaient obtenu cette charge, ils se reposeraient ensuite avec plaisir, et ne sentent pas la nature insatiable deleur cupidité...

Ainsi s'écoule toute la vie.

On cherche le repos en combattant quelques obstacles; et si on les asurmontés, le repos devient insupportable; car, ou l'on pense aux misères qu'on a, ou à celles qui nous menacent.

Etquand on se verrait même assez à l'abri de toutes parts, l'ennui...

ne laisserait pas de sortir au fond du coeur.

»Mais le paradoxe n'est pas un effet de style; il est dans la nature même de l'homme « Leur faute n'est pas en cequ'ils cherchent le tumulte », mais de ne pas entendre la véritable nature de l'homme.

« Ils ont un instinct secret quiles porte à chercher le divertissement et l'occupation au dehors, qui vient du ressentiment de leurs misèrescontinuelles; et ils ont un autre instinct secret, qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur faitconnaître que le bonheur n'est en effet que dans le repos, et non pas dans le tumulte; et de ces deux instinctscontraires, il se forme en eux un projet confus, qui les porte à tendre au repos par l'agitation, et à se figurertoujours que la satisfaction qu'ils n'ont point leur arrivera si, en surmontant quelques difficultés qu'ils envisagent, ilspeuvent s'ouvrir par là la porte au repos.

» B.

La vision pascalienne du divertissement n'est pas une simple observation psychologique de moraliste; c'est uneconception métaphysique de l'existence.

Sans doute il observe le divertissement qui nous détourne d'un maloccasionnel.

« D'où vient que cet homme, qui a perdu depuis peu de mois son fils unique, et qui, accablé de procèset de querelles, était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant? Ne vous en étonnez point : il est tout occupéà voir par où passera ce sanglier que les chiens poursuivent avec tant d'ardeur depuis six heures...

Sansdivertissement il n'y a point de joie, avec le divertissement il n'y a point de tristesse.

»Mais le divertissement tient plus profondément à notre nature.

« Les hommes qui sentent naturellement leurcondition n'évitent rien tant que le repos.

» Ayant considéré les diverses agitations des hommes, Pascal découvreque « tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans unechambre.

» Et il ajoute : « Mais quand j'ai pensé de plus près, et qu'après avoir trouvé la cause de tous nosmalheurs, j'ai voulu en découvrir la raison, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheurnaturel de notre condition faible et mortelle et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensonsde près.

» Un roi lui-même, s'il est sans divertissement et s'il fait réflexion sur ce qu'il est sera malheureux « et plusmalheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit ».On doit donc parler d'un divertissement existentiel, aussi bien parce qu'il résulte de l'impossibilité de supporter l'idéedu néant de notre existence, que parce qu'aucune condition n'échappe à ce besoin et qu'ainsi toutes les formes del'activité humaine ne sont que des divertissements.« Prenez-y garde.

Qu'est-ce autre chose que d'être surintendant, chancelier, premier président, sinon d'être en unecondition où l'on a dès le matin un grand nombre de gens qui viennent de tout côté pour ne leur laisser pas uneheure en la journée où ils puissent penser à eux-mêmes ? ...

les autres suent dans leur cabinet pour montrer auxsavants qu'ils ont résolu une question d'algèbre qu'on n'aurait pu trouver jusqu'ici; et tant d'autres s'exposent auxderniers périls pour se vanter ensuite d'une place qu'ils auront prise, et aussi sottement à mon gré; et enfin lesautres se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais pour montrerseulement qu'ils les savent, et ceux-là sont les plus sots de la bande.

» C.

C'est dans la mesure où elle se rattache à cette vision pessimiste de la nature humaine et s'étend à toutes lesformes de l'activité humaine que la conception de Pascal est originale.

C'est en cela qu'elle soulève la réprobation deVoltaire pour qui l'homme est né pour l'action et qui pense que le travail éloigne de nous l'ennui, et n'est passeulement le moyen de rendre la vie supportable en empêchant de penser, mais aussi la condition de la vie socialeet du bonheur individuel. III.

L'ENNUI BAUDELAIRIEN 1.

Le thème du voyage.Si le rapprochement s'impose entre le poème de Baudelaire et la pensée de Pascal (ou de Sénèque et deChateaubriand, voir même de Boileau, Épître V), le thème du Voyage se rattache pourtant à un thème. »

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