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Dans ses Témoignages sur le Théâtre (1952), Louis Jouvet écrit : « Le but du ne peut pas être une recherche d'ordre intellectuel, mais plutôt, une révélation d'ordre sentimental. » Vous commenterez et vous discuterez cette affirmation en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à vos lectures ou à vos diverses expériences théâtrales

Publié le 28/02/2011

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jouvet

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« participants.

C'est un peu la disposition du cérémonial d'une messe.

Des principes magiques sont d'ailleurs utilisés quiconditionnent en quelque sorte sensoriellement les participants-spectateurs : ainsi dans l'église, la synagogue...certains éléments adjoints aident à la création du mystère : encens, autres parfums entêtants, véritables jeux descène (particulièrement nets dans les cérémonies orthodoxes), grand déploiement de décorum (voir Rappel deconnaissances : vocabulaire). Or le théâtre avec ses lumières, mouvements, effets de surprise et intérêt ménagé (coups de théâtre, quiproquos,retournements de situation...), l'extériorisation et le grossissement, les costumes, le maquillage, « complémentindispensable [qui] prend la place que la description tient dans le roman » (Antoine), emprunte aux cérémoniesreligieuses des moyens supplémentaires extérieurs pour entraîner le public, le saisir émotionnellement ou mêmesimplement : sensoriellement. De fait le théâtre parle d'abord aux sens avant de parler à l'esprit.

Ainsi les comédies villageoises (sens étymologiqued'ailleurs = village), les jeux sur tréteaux de Scaramouche ou Tabarin, la Comedia dell arte (voir Scaramouche :Précisions littéraires). B.

C'est pourquoi le théâtre est avant tout « révélation d'ordre sentimental ».

Ce n'est pas la pensée qui conçoit aumoment même ou La Mouette (Tchékov) est saisie d'une insurmontable nostalgie de ce qu'elle a perdu.

La jeuneactrice qui jouait, lors d'un spectacle où je me trouvais, était elle-même saisie par l'émotion au point de pleurer surscène ; le sentiment douloureux se communiquait au public et une véritable communion sentimentale s'établissaitentre scène et salle.

J'ai assisté au même phénomène lors de la représentation de Port-Royal de Montherlant, demême à un passage de l'École des Femmes de Molière.

Ce sont pourtant pièces psychologiques, « de caractères »que ces trois exemples, mais c'est d'abord l'émotion qui a empoigné la salle.

« Terreur et Pitié », demandait Aristote. Cependant toutes les ressources extérieures de la cérémonie sont en plus mises en œuvre.

Bien sûr une pièce dethéâtre peut être jouée dans une grange et la force sentimentale étreindre quand même le spectateur, qui peut allerjusqu'à pleurer lui-même.

Même force révélatrice dans le rire d'ailleurs.

Molière comme Racine voulait avant tout «toucher » le public.

Mais ce n'est pas céder à la facilité qu'utiliser au mieux tous les éléments propres à développerun climat réceptif au sentiment.

Car le théâtre est un véritable art symphonique et si la pièce passe la rampe « il selève alors dans cet univers spécial, des vies merveilleuses, des destins uniques et complets qui croisent ets'achèvent entre les murs et pour quelques heures » (A.

Camus). C.

« Le théâtre est l'art suprême, celui qui permet la matérialisation la plus complète de notre profond besoin decréer des mondes », pense Ionesco.

Comme le lecteur, le spectateur est en effet à moitié dans la « révélationsentimentale », il est comme le fidèle primitif, saisi d'une transe sacrée et par la révélation d'une situationsentimentalement intense (Phèdre se traînant sous ses voiles qui lui pèsent et se laissant aller à révéler son « crime» à OEnone par exemple), il perçoit la vérité humaine profonde. Quand l'illusion théâtrale a emporté, frappé, touché le spectateur, tout le public est entraîné en une cérémonie depensées.

Il en fut ainsi pour Caligula (Camus), sans compter la séduction, l'impact de tel acteur (Gérard Philipealors).

Même lorsque l'auteur s'est, comme Ionesco, toujours défendu d'exprimer un message, le sentiment del'absurde a été révélé par la cérémonie théâtrale et le public a ressenti les pièges du destin (Le Roi se meurt).Ensuite en lecteur, tout à loisir, il les comprend. 4.

Conclusion Ainsi Giraudoux affirme à juste titre : « Le mot comprendre n'existe pas au théâtre.

Le vrai public ne comprend pas,il ressent.

» Le théâtre est un des plus anciens moyens de communication et d'expression de l'homme, mais créé à l'origineparallèlement à de grandes célébrations religieuses, c'est par la « révélation » qu'il atteint d'abord ses fidèles, lepublic.

Or une révélation est ressentie, non rationnellement comprise. Cependant si la fonction originelle du théâtre est de transmission, elle est aussi d'éclaircissement des sentimentsde l'homme.

La communion magique du public avec la pièce, les personnages - donc les acteurs -, le texte - donc lelangage -, ouvre ensuite la voie à une atteinte plus profonde.

Si ce n'est au moment même - car le spectacleemporte, comme les paroles sont aussi emportées (le mouvement est l'essence même du théâtre) - , l'impact duthéâtre, d'abord tout de sentiments, pénètre l'âme, puis l'esprit humain.. »

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