Dans quelle mesure a-t-on besoin des autres pour s'accomplir ?
Publié le 27/02/2008
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Le langage courant désigne par l'autre tout ce qui est étranger, différent ou distinct, en l'opposant ainsi au même comme ce qui reste identique à soi ou permanent. C'est donc dans une opposition au même que se comprend l'autre, comme ce qui lui est irréductible. Mais lorsque l'autre désigne autrui, il semble alors excéder cette logique d'opposition. En effet, il se comprend à la fois comme l'autre que moi, irréductible à ce que je suis, et l'autre moi, c'est-à-dire l'alter ego. Tel est le paradoxe de l'Autre : il désigne aussi bien l'altérité du Non-moi que sa ressemblance avec le Moi. L'autre n'est pas moi, mais il est aussi mon semblable. Par conséquent, il ne se réduit pas à un simple rapport d'opposition avec le Moi, mais est aussi compris dans un rapport de similitude.
En outre, si le Moi se définit par l'identité et la permanence, il n'en est pas moins pris dans une altérité constitutive. En effet, il n'est pas replié en son centre, immobile, mais se projette dans le monde et s'ouvre aux autres, afin de réaliser une part de lui-même. L'altérité apparaît donc comme la condition de notre changement. Aussi avons-nous toujours besoin des autres pour nous accomplir, c'est-à-dire évoluer, changer et nous réaliser. Cependant, si la réalisation de soi suppose autrui, elle ne saurait entièrement reposer sur lui, sous peine de rendre le Moi étranger à lui-même. Les autres nous permettent de nous réaliser, mais ils peuvent aussi constituer un danger en ce qu'ils nous dérobent à notre propre identité. Dès lors, notre problème consistera à établir les limites précises du besoin des autres pour notre accomplissement.
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