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Dans Actuelles qui réunit les réflexions et les éditoriaux d'Albert Camus, on trouve un article extrait de Combat de 1948 où il dit : « Notre siècle sera le siècle de la peur. » En vous fondant sur l'analyse d'exemples précis, vous direz si vous partagez son opinion.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Après le siècle des Lumières et celui du « mal de vivre «, il y aurait, selon Albert Camus, le siècle de la peur : notre époque. Le célèbre écrivain, conscient des grands bouleversements que connaîtrait notre XXe siècle, semble avoir trouvé la juste formule pour désigner le climat morose dans lequel nous vivons, et résumer l'ensemble de nos inquiétudes concernant l'avenir de la planète et de l'humanité. L'angoisse de l'homme moderne est bien réelle quand il se trouve confronté aux progrès de la science, à ceux des machines de guerre, aux problèmes de la pollution ou encore de la faim dans le monde. Jusqu'où les technologies modernes iront-elles? Bouleverseront-elles encore nos valeurs morales et la définition même de l'homme?

« voire surinformés? Nos arrière-grands-parents ne redoutaient ni la surpopulation, ni la pollution, car ils ignoraient cesphénomènes.

Comment pouvons-nous, de nos jours, garder notre sang-froid et continuer à espérer, alorsque la télévision, avide de sensationnel, nous montre la guerre, la faim et la misère, et que les journalistespassent leur temps à nous inquiéter et à soulever les questions les plus alarmantes? Trop informé, trop habitué au confort moral et matériel, incapable de s'adapter à un monde qui change très vite,l'homme moderne a peur et rien ne peut plus le rassurer, pas même la foi en un dieu bienveillant qui le guideraitinfailliblement vers le bien.

La religion, contestée, délaissée par nos contemporains, ne peut plus leur apporter leréconfort qu'elle donna aux générations précédentes.

Désormais seul au monde et terriblement libre, l'homme du XXesiècle doit faire son chemin, trouver sans aucune aide la solution à ses problèmes.

Il est convaincu de jouer lesapprentis sorciers, de surpasser ses droits, d'aller trop loin, et de devoir un jour être puni de son audace.

Voilàpourquoi il tremble à chacun de ses pas et s'interroge désespérément sur son avenir.S'il considérait avec calme et lucidité sa situation et sa condition, s'il abandonnait ses fantasmes, il s'apercevraitque tous les espoirs lui sont permis, aujourd'hui plus qu'hier.

Il craint la guerre, une guerre « totale » qui anéantiraitla planète; or, depuis l'invention de la bombe atomique, la paix n'a jamais été aussi durable.

Celle-ci est une terriblemenace, mais, jusqu'à présent, elle est surtout un excellent moyen de dissuasion, contraignant les États les plusbelliqueux à négocier et à être raisonnables.

Depuis que l'homme s'est doté de l'arme suprême, le pacifisme ne cessede progresser.

Le monde devient plus juste et plus fraternel.Maîtrisée, la peur que nous ressentons tous est très bénéfique.

Jamais, en effet, nous n'avons été plus conscientsdes erreurs que nous avons commises, des risques que nous prenons et des problèmes que posent les découvertesscientifique et technique.

Ici et là, sur notre chemin, nous construisons de solides garde-fous : des comitésd'éthique pour nous défendre des abus des manipulations génétiques, des commissions visant à nous protéger des «dangers » de l'informatique, des organismes favorisant une meilleure compréhension entre les peuples...Toutes ces institutions, tous ces faits devraient nous rassurer et nous permettre de profiter pleinement d'uneexistence rendue plus agréable que celle de nos ancêtres grâce au progrès.

Si nous avons quelques raisonsd'envisager le pire, nous en avons beaucoup plus d'espérer une vie encore meilleure pour nos enfants.Ce qui est passionnant à notre époque, c'est que nous avons notre avenir entre nos mains.

Si nous savons utiliserau mieux toutes nos*découvertes, nous serons très heureux demain.

Le progrès nous a fait cadeau de la liberté, ànous qui, au siècle dernier, étions encore prisonniers de notre environnement, de la maladie, d'un régime politiquetrop autoritaire.

Ce généreux présent, nous n'étions peut-être pas prêts à le recevoir.

Nous nous demandons s'iln'est pas empoisonné et nous en avons peur.

Cette angoisse qui s'empare de nous est une réaction psychologiquenormale, mais rien, dans la réalité, ne la justifie.

Veillons à ce qu'elle ne nous paralyse pas, mais à ce qu'au contraireelle nous stimule et nous aide à mieux profiter de notre liberté nouvelle, en nous incitant à être prudents.

« Le sièclede la peur » sera ainsi une étape nécessaire vers lesiècle du bonheur.. »

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