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Comprendre l'art ?

Publié le 27/02/2011

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   DIRECTIONS DE RECHERCHE    • Réfléchir sur ce que peuvent signifier les termes « comprendre « et « expliquer «.    — Expliquer (du verbe latin « explicare « : déplier) c'est rendre compte d'une réalité de façon qu'on puisse la comprendre (en un certain sens).    La compréhension qui passe par l'explication utilise les voies de l'analyse et de la synthèse.    Elle passe par la recherche des causes (pourquoi, par quoi) et la recherche des fins (pourquoi : en vue de quoi).    — Les recherches d'inspiration phénoménologique opposent « l'explication « à « la compréhension « comme un mode de connaissance analytique et discursif qui sépare un tout en ses éléments pour le reconstruire (du moins intellectuellement) à un mode de connaissance d'ordre intuitif, synthétique.  Cette compréhension n'est pas autre chose que la saisie d'un sens, une appréhension globale du mode d'apparaître propre à un « objet «.

« On peut prendre ici un exemple simple, celui de Jackson Pollock ; pour mieux comprendre son œuvre, ondira que Jackson Pollock (1912-1956) est américain, qu'il revendiquait l' « Action painting », technique propre àl'expressionnisme abstrait, courant dont il faisait partie.

Sa technique personnelle consistait notamment à fairecouler de la peinture (dripping) le long d'un bâton sur une toile blanche posée à même le sol, la peinture se pliantalors aux exigences du corps et de ses mouvements.

Rajoutons encore que Pollock a permis à la fois l'unification etle dépassement de traditions picturales telles que le cubisme, le surréalisme ou l'expressionnisme. En ce sens, comprendre relève d'un acte global de saisie de l'œuvre, dont l'explication et la compréhensionsémantique ne sont plus que des moments.

Comprendre, c'est prendre ensemble, rassembler tous les élémentsnécessaires à une bonne intelligence de l'œuvre.

III – Comprendre et interpréter Comme l'indique ce que nous venons de dire, comprendre c'est accéder à une certaine intelligence de l'œuvre.

Il nes'agit donc pas d'aimer ou de ne pas aimer l'œuvre en question.

Au demeurant, aimer ou ne pas aimer ne rend pasjustice à l'œuvre, en ce que cela consiste à la recouvrir de nos sentiments ou affects.

Comprendre reviendrait plutôttirer profit de tous les éléments rassemblés autour de l'œuvre, cela dans le but de l'interpréter.

Or, que doit-onentendre par interprétation ? Depuis les travaux de la phénoménologie, il faut comprendre par là qu'il n'y a pas de séparation au sein del'interprétation entre d'un côté l'œuvre et de l'autre son interprétation.

Pour Husserl, en effet, il n'y a pas de rapportaux objets qui ne soit déjà médiatisé, c'est-à-dire interprété.

Ainsi, l'œuvre n'existe en tant que telle que lorsqu'elleest perçue par une conscience, c'est-à-dire interprétée.

Dès lors, interpréter ne peut plus se comprendre commeune manière de manquer l'œuvre ; il s'agit bien plutôt de l'atteindre et de la constituer dans l'interprétation. Comprendre, c'est donc se préparer à interpréter.

Umberto Eco rend sensible cette idée lorsqu'il établit unedifférence entre Lecteur empirique et Lecteur Modèle.

En effet, le lecteur empirique, c'est n'importe qui, quand il litun texte.

Celui-ci peut être alors lu de mille manières, aucune loi impose une façon de lire et, souvent, le texte faitoffice de réceptacle des passions du lecteur, qui proviennent de l'extérieur du texte et que le texte suscitefortuitement.

Or, à ce moment-là, le lecteur n'interprète pas le texte, mais il l'utilise ; il le prend pour le miroir de sessentiments, alors que l'œuvre est destinée à tous. Au contraire, le lecteur modèle est celui qui prend acte de l'ouverture de l'œuvre et de son appel àl'interprétation ; pour ce faire, il s'appuie sur des éléments objectifs présents dans l'œuvre et autour d'elle. Conclusion : Ainsi, comprendre une œuvre, c'est chercher à en déterminer le sens, au détriment d'une simple explication qui en expose les éléments.

Cela signifie qu'il faut aller chercher dans l'œuvre elle-même et dans son entourage lesrenseignements permettant de la saisir dans sa globalité, c'est-à-dire de la com-prendre (cum-prendere).

Endéfinitive, il s'agit de s'acheminer vers une interprétation de l'œuvre ; or, à ce niveau-là, comprendre, ce n'est plusavoir saisi le sens de l'œuvre (au sens où je pourrais dire « ça y est, j'ai compris et vous non »), mais contribuer àson interprétation – à l'enrichissement de sa signification – par une saisie toujours plus compréhensive (pluscomplète) de l'œuvre.. »

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