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Commentaire de texte sur Britannicus - Comment, au travers du noeud que forment les trois premières scènes de l'acte III, se manifeste la transformation rapide de l'Empereur en monstre naissant ?

Publié le 11/05/2011

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Le commentaire suivant porte sur les trois premières scènes de l’acte III de Britannicus. Ecrit par Racine et présenté en 1669, après le triomphe de sa tragédie Andromaque en 1667 et le relatif échec de sa comédie Les Plaideurs en 1668, la pièce Britannicus reçoit un accueil partagé mais tout de même retentissant. La pièce raconte l’histoire de Néron, cinquième et dernier empereur romain de la dynastie Julio-claudienne, tristement célèbre pour sa folie (réelle ou mise en scène). Cette évolution progressive, constatable au niveau historique grâce aux différents crimes de plus en plus fréquents commis par l’empereur, est résumée dans la pièce en une seule journée. Au niveau politique, la pièce prend place en pleine monarchie absolue de droit divin. D’autre part, Britannicus est une pièce emblématique du classicisme, d’abord de par son contexte antique et ensuite de par son respect des règles fondamentales de la tragédie classique. L’extrait étudié comprend les trois premières scènes de l’acte III. C’est donc le centre de la pièce, tant au niveau des vers qu’au niveau de l’intrigue. L’histoire commence avec le rapt de Junie par Néron, compagne du demi-frère Britannicus de l’Empereur. En réaction à cet enlèvement, la mère de l‘Empereur Agrippine souhaite s’entretenir avec son fils. Dans le premier Acte, Néron est totalement absent, et son portrait est dressé par d’autres personnages, en particulier par sa mère. Dans le deuxième acte, on découvre la douceur de Néron, douceur qui se manifeste par l’amour qu’il éprouve envers Junie.   

« caractérisé par l'antithèse mal/remède, qui confirme que Néron ne compte pas remettre en question ses sentimentsenvers Junie.

Dans le vers 778, on assiste à une personnification du cœur de Néron, associée à une polyptote dumot dire avec « s'en est plus dit » et « vous ne m'en direz ».

Cette association de procédés stylistiques met encoreplus en valeur le refus catégorique de Néron de discuter de son choix à propos de Junie.

On peut donc en déduireque l'Empereur est réellement épris de la femme de son demi-frère. Par ailleurs, la douceur de Néron s'était déjà manifestée dans les scènes précédentes, avec sa mère pour êtreexact.

En effet, avant d'écarter Agrippine du trône, Néron lui vouait beaucoup d'estime, estime illustré dans les vers91 et 92 de la scène I : « Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore, ; Me renvoyait les vœux d'unecour qui l'adore, ».

Le manque d'équilibre quant à la césure dans le vers 91 se rapporte au désespoir et aux regretsla mère, qui autrefois, était bienaimé par son fils.

Ces deux vers nous montrent au final une nouvelle facette de lasensibilité de l'Empereur. Cette passion de Néron envers Junie étant devenue sa nouvelle priorité, il profite alors de son statue d'Empereurpour la satisfaire.

Comprenant que Burrhus est en désaccord avec lui, il n'hésite pas à lui faire comprendre quel'Empereur n'as pas besoin de ses conseils.

Le respect de Néron envers son précepteur s'effrite alors.

Les vers 796,797 et 798 représentent l'impatience grandissante de Néron : « Mais, croyez-moi, l'amour est une autre science, ;Burrhus ; et je ferais quelque difficulté ; D'abaisser jusque là votre sévérité.

» Pour les vers 797 et 798 on peutremarquer un rejet avec le nom « Burrhus ».

On peut par ailleurs remarque une possible assonance avec le Phonème/e/, au travers des mots « difficulté », « abaisser » et « sévérité ».

En conclusion, on remarque au travers de cestrois vers que Néron n'hésite plus à désobéir à Burrhus, conscient de son pouvoir d'Empereur. Agrippine, au début de la pièce, se sent et écartée du Pouvoir par son fils.

Cette sensation est illustrée dans le vers88 de l'acte I « Un peu moins de respect, et plus de confiance.

» ainsi que dans le vers 90 « Je vois mes honneurscroître, et tomber mon crédit.

».

Ces deux vers, divisés en hémistiches parfaitement équilibrés, projettent uneopposition entre le respect et les honneurs par rapport à la confiance et au crédit ; ce contraste est accentué parles antithèses croître/tomber et moins de/plus de.

On donc facilement comprendre la colère d'Agrippine, rejetée parl'Empereur et par son fils. Dans l'acte III, Agrippine comprend qu'elle a échoué dans son rôle de « balance » entre les débordements de Néronet l'innocence de Britannicus.

Seulement, son caractère la pousse à rejeté la responsabilité sur Burrhus.

Cesreproches que fait Agrippine au précepteur de son fils sont parfaitement résumés par les vers 819 et 820 : « De lesflatter lui-même, et nourri dans son âme, Le mépris de sa mère et l'oubli de sa femme ! ».

Dans le premier vers, lepronom personnel complément « les » désigne les « jeunes ardeurs » de l'Empereur, ardeurs dont le rapt de Junie estle résultat, et on peut également, en associant ce vers 819 au vers 817, retrouver une polyptote sur les mots« flatteur » et « flatter ».

Cette polyptote représente le manque de franchise dont font preuve de nombreusespersonnes envers l'empereur, et en l'occurrence Burrhus, d'après Agrippine.

Le vers 820, pour finir, représenteidéalement le reproche qu'Agrippine fait à l'empereur.

La fille de Germanicus, qui n'a pas hésité quelques tempsauparavant à écarter purement et simplement sa belle-fille du trône en lui prenant sa place, rallie cette fois lemalheur d'Octavie au sien pour mieux argumenter sa colère.

Les mots « mépris » et « oubli » font l'objet d'unedouble association : d'abord un rapprochement entre la haine vouée à la mère et l'inintérêt consacré à la femme, etensuite une rime interne.

C'est ainsi que Racine fait ressortir la colère d'Agrippine envers Burrhus et enversl'Empereur. Plus loin dans la scène, cette colère dont Agrippine est l'hôte se manifeste par des menaces.

Par exemple, dans lesvers 849 et 850 « De nos crimes communs je veux qu'on soit instruit ; On saura les chemins par ou je l'aiconduit.

» : l'absence de césure marquée montre la volonté avec la quelle Agrippine prononce ces paroles ; D'autrepart, on peut remarquer une rime interne avec les mots « communs » et « chemins ».

Par ailleurs, la menaceproférée aux vers 853 et 854 « Je confesserai tout, exil, assassinats, ; Poison même … » se caractérise par unprocédé d'instance, une accumulation de mots («… exil , assassinats, poison … ») qui se rapportent aux crimescommis par la mère et le fils.

Ainsi, les menaces d'Agrippine de dévoiler les secrets qui ont permis que Néron soitEmpereur prennent une ampleur décuplée par ces procédés stylistiques.

Finalement, la colère d'Agrippine, quiparaissait terrible et justifiée dans l'acte I, devient ici une colère pathétique.

En effet, Agrippine ne semble avoiraucun impact sur son fils, malgré ses grandes menaces. Outre le personnage d'Agrippine, Burrhus fait également ressortir l'évolution de Néron au travers de soncomportement.

Dans la scène I de l'acte III, Burrhus, en bon représentant de la morale Janséniste, compte couteque coute dissuader Néron d'essayer de s'approprier Junie.

En effet, Le jansénisme prône l'austérité et une moraleassez rigide.

A l'époque de Racine, il influence une partie de la bourgeoisie parisienne et la noblesse de robe etdevient un instrument d'opposition politique au pouvoir royal, opposition au pouvoir incarnée par Burrhus enl'occurrence.

Cette volonté janséniste se retrouve en particulier dans le vers 790 : « On n'aime point, Seigneur, sil'on ne veut aimer.

».

On retrouve dans ce vers une polyptote avec le verbe aimer, une fois conjugué et une fois àl'infinitif, polyptote que se rapproche étonnement de celle du vers 778, quelques ligne au-dessus.

Par ailleurs, le mot« on » se réfère dans ce cas à tout un ensemble de personne, au sens de "les gens", ce qui signifie clairement queBurrhus fait la morale à Néron.

Racine a voulu, faire ressortir au travers de ce vers l'intention de Burrhus de résonner. »

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