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Comment doit-on définir la monnaie ?

Publié le 05/08/2012

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L’approche théorique de la monnaie, par ses états, semble mieux élucider la nature même de celle-ci. Son premier mérite est qu’elle englobe tout ce qui peut exprimer une réalité monétaire : les fonctions, les pratiques, les instruments et les politiques. En effet, dans les trois états de la monnaie, toutes les fonctions monétaires sont reprises avec une dominance d’une d’entre elles dans chaque état : fonction de compte dans l’état incorporé, fonction de paiement dans l’état objectivé et fonction de monnayage dans l’état institutionnalisé. Mais seulement le compte et paiement ne sont pas considérés ici comme des fonctions de la monnaie mais ses propriétés génériques. A cela s’ajoute une troisième propriété qui est le monnayage, entendu comme le processus par lequel la monnaie « est créée, distribuée, et détruite selon les règles «.    Le deuxième mérite de cette approche est qu’elle prend en considération tant les relations horizontales que verticales qu’implique tout ordre monétaire aussi bien entre les personnes utilisatrices de la monnaie qu’entre celles-ci et l’autorité émettrice de la monnaie ou la mettant en circulation. La monnaie est ainsi perçue comme un lien social mettant simultanément en relation les individus entre eux et avec des entités collectives représentatives d’une communauté.    Son troisième mérite, enfin, est qu’elle sort du carcan économiciste que l’on attribue à la monnaie et la restitue dans une perspective pluridisciplinaire. En effet, l’approche par les « trois états «de la monnaie  prend en considération aussi bien la définition de la monnaie dominante chez les économistes – moyen de l’échange marchand – que chez les sociologues – objet de communication – et chez des institutionnalistes – une institution. Et dans ce sens l’objet monétaire ne peut être abordé que dans une approche multidisciplinaire.    Selon cette approche, la monnaie est donc un fait social total ou une totalité sociale. Elle est « à la fois un langage spécifique – le système de compte –, un objet – les instruments de paiement, et une institution – les règles de monnayage –«. Elle exprime à la fois l’autorité de l’Etat, le fonctionnement des institutions, les croyances collectives et des comportements individuels.

« paléomonétaire, ainsi que la remise en cause de la théorie de la valeur, imposent une préférence du terme unité de compte à celui de mesure ou étalon de valeurs.

Eneffet, l'étalon ou mesure de valeurs faisait référence à un système monétaire métallique où les objets monétaires comportaient une valeur intrinsèque ; valeur quicorrespondait à celle des biens qu'ils étaient appelés à mesurer. 2.2.

Intermédiaire des échanges ou moyen de paiement La monnaie est considérée comme un intermédiaire qui s'interpose dans l'échange entre deux biens, contournant ainsi une des difficultés du troc, à savoir : la doublecoïncidence des besoins de coéchangistes.

Elle constitue un élément indispensable au fonctionnement de l'économie marchande parce qu'elle permet de rendre comptede la combinaison particulière des principes de décentralisation et d'interdépendance qui caractérisent cette économie. En remettant en cause la « fable du troc », la monnaie n'est plus considérée comme un simple intermédiaire des échanges mais plutôt un moyen de paiement, « leterme de chaque échange » .

En éteignant les dettes, elle achève la relation entre créancier et débiteur. 2.3.

Réserve de valeurs En tant que réserve de valeurs, la monnaie est considérée comme une richesse au même titre que d'autres biens ou actifs financiers ; dans le sens où elle est porteused'une valeur qui peut-être transférée dans le temps.

Autrement dit, elle peut être conservée pour décaler dans le temps les paiements de biens et services.

Mais à ladifférence d'autres biens et actifs financiers, la monnaie possède une autonomie absolue par rapport au marché parce qu'elle permet d'obtenir des moyens de paiementsans être soumise au marché alors que d'autres biens ne peuvent se transformer en monnaie que par une vente ou un achat.

En tant que telle, elle est donc la liquiditépar excellence. Il importe d'émettre une certaine réserve quant aux terminologies utilisées pour définir la monnaie par ses fonctions, car elles conduisent souvent à une confusionentre la fonction et l'instrument monétaire.

La monnaie n'est pas une unité de compte, un moyen de paiement et une réserve de valeurs, elle exerce plutôt les fonctionsde compte, paiement et réserve de valeurs ; les trois fonctions principales qui lui sont traditionnellement dévolues. Aborder la monnaie au travers de ses fonctions présente certes quelques avantages.

Comme l'a si bien souligné Jean-Michel SERVET, « l'approche fonctionnelle estune étape nécessaire de repérage des pratiques monétaires.

Elle distingue dans une société des usages et des instruments de paiement et de compte ».

De plus ellepermet de capter les propriétés génériques de la monnaie ; des concepts premiers dans une théorie de la monnaie. Cependant, cette approche de la monnaie s'avère limitée à plus d'un titre :D'abord, il y a lieu de faire remarquer qu'elle conduit nécessairement à un raisonnement tautologique et circulaire : « si la monnaie est définie par ses fonctions, cesfonctions sont elles-mêmes définies par la monnaie ».

Cela implique qu'il importe nécessairement d'avoir au préalable une idée précise sur ce qu'est la monnaie avantde définir ses fonctions. Ensuite, il se pose un problème de validité de ces trois fonctions considérées comme monétaires.

Il n'est pas non plus nécessaire qu'un objet puisse remplirsimultanément ces trois fonctions pour être considéré comme monnaie.

Des trois fonctions traditionnellement dévolues à la monnaie, à savoir : compte, paiement etréserve de valeurs, celles qui nous paraissent essentielles et capables d'expliquer le fait monétaire sont les deux premières ; les fonctions de compte et de paiement.Elles sont indépendamment susceptibles d'octroyer des qualités monétaires à un objet et, de ce fait, peuvent être séparées et matérialisées à travers des supportsdifférents. Dans l'histoire monétaire de différentes nations, il a existé des monnaies qui n'étaient utilisées que soit, comme instrument de compte, soit comme moyen de paiement.En RDC, les tissus imprimés appelés communément « wax » sont considérés comme monnaie dans certaines régions du pays parce qu'utilisés pour compter et payerdes produits agricoles comme le manioc, le maïs, le café, etc.

De même, dans le langage codé de certains réseaux, au lieu de compter la monnaie par millions, nousavons entendu l'utilisation d'autres unités de mesures non-monétaires telles que le Kilo, le litre, … pour compter les francs congolais.

En Europe, la livre-Tournois del'Ancien Régime n'apparaissait que dans les comptes alors que circulait l'écu, le denier, le sol… qui sont effectivement des pièces d'or ou d'argent frappées.

Il en est demême de la guinée anglaise, qui valait une livre et un schilling, qui s'est comptée jusqu'à l'introduction d'un système décimal.

Cette monnaie n'est qu'un mode decomptage.

Il n'existe aucun billet d'une guinée. Quant à la fonction de réserve de valeur, elle n'est qu'une fonction de la monnaie à titre subsidiaire parce qu'elle ne peut constituer à elle seule une conditionsuffisante pour faire d'un objet une monnaie.

Elle doit être nécessairement associée aux deux premières pour que l'on parle de monnaie.

La réserve de valeur n'est pasnon plus une fonction exclusivement monétaire parce qu'il existe une panoplie d'objets qui peuvent exercer cette fonction, voire mieux l'exercer, dans certainescirconstances – instabilité monétaire, crise politique etc.

Elle doit être considérée plutôt comme une fonction financière. Un autre point qui limite la définition fonctionnelle de la monnaie est le fait que cette approche, en instrumentalisant la monnaie, ne considère que les relationshorizontales que cette dernière établit entre les biens et passe outre celles qu'elle établit entre les parties contractantes.

Or dans ce dernier cas, ces relations sontclassées, hiérarchisées.

Cette façon d'appréhender la monnaie est purement descriptive et instrumentalise la monnaie comme intermédiaire et contrepartie et réduit lastructure monétaire à des relations contractuelles qui exigent un don et un contre don. Un dernier élément que nous pouvons avancer comme critique à l'approche fonctionnelle est le fait qu'elle ne fait que justifier l'utilisation de la monnaie sansvraiment la définir.

Or, si l'utilisation de la monnaie s'explique par des motivations d'ordre économique, la monnaie ne peut véritablement être définie qu'en prenantaussi en compte sa réalité sociale.

D'autre part, la grille de lecture fonctionnaliste ne vise qu'à cibler les comportements monétaires des agents économiques privés etlaisse de côté des dimensions institutionnelles de la monnaie. Il importe donc de dépasser la définition fonctionnelle de la monnaie, de la décentrer de l'échange marchand basé sur le principe d'équivalence, pour avoir unemeilleure idée de l'objet monétaire. 2.

Définition de la monnaie par ses pratiques Définir la monnaie par ses pratiques, c'est considérer ce qu'elle permet de faire, ou mieux, des actes qu'elle permet d'accomplir.

Jérôme BLANC est celui qui a suformaliser, avec force, cette approche.

Pour cet auteur « toute chose prend une qualité monétaire dès lors qu'elle est employée dans les pratiques monétaires, quelleque soit l'intentionnalité au moment de sa « production » – autrement dit, que cette chose soit pensée comme monnaie ou non et que cette chose ait été émise pourservir dans les pratiques monétaires ou non ».

En d'autres termes, c'est l'emploi de l'objet dans les pratiques monétaires qui détermine sa qualité monétaire.

Et ildéfinit les pratiques monétaires comme des « actes quotidiens qui impliqueraient la dimension monétaire ».

Dans cette perspective, la monnaie couvre un éventaild'instruments illimités et est considérée comme une réalité transhistorique qui n'est pas née avec les pièces et billets en circulation.. »

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