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COGNITIVES (SCIENCES)

Publié le 22/02/2012

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

Ensemble des sciences qui contribuent à éclaircir les mécanismes de la connaissance et de la pensée. Biologie, neurosciences, psychologie, linguistique, logique, modèles mathématiques, intelligence artificielle, anthropologie et philosophie, participent à cet effort interdisciplinaire. Il existe différentes écoles de pensée. L'une d'elle, le computationnisme est une variété de fonctionnalisme car elle ne s'intéresse pas à la constitution réelle du cerveau, mais à la manière dont il fonctionne. Elle prend naissance dans les années 1950. C'est un avatar du béhaviorisme qui envisage le cerveau comme un ordinateur, et ne s'intéresse qu'au niveau du software, c.a.d. aux règles de manipulations des symboles. Les fonctions mentales sont décrites comme des processus de traitement de l'information. La cognition consiste en états mentaux internes discrets, représentations ou symboles, manipulés selon des règles ou des algorithmes. Cette démarche est aussi désignée sous le nom de symbolisme. Ce paradigme s'inscrit parfaitement dans la tradition dualiste occidentale de la séparation entre l'esprit (res cogitans cartésienne) - ici la représentation mentale du monde extérieur- et le monde matériel dont le corps fait partie (res extensa). L'essor de l'intelligence artificielle des années 1950-1980 est une des conséquences de cette façon de voir. A partir de 1980 se développe le connexionnisme qui représente les fonctions mentales comme le résultat de l'activité de réseaux interconnectés d'éléments simples. L'exemple typique est constitué par les réseaux neuronaux, modèles des réseaux de neurones interconnectés par les axones et les synapses. L'activité mentale est une activité émergente dans un système cognitif qui n'est pas un calculateur mais plutôt un système avec auto organisation, produisant des structures nouvelles au contact de l'environnement. Le connexionnisme se tourne vers une représentation distribuée plutôt qu'une représentation symbolique. De nombreuses critiques ont été émises, en particulier soulignant l'absence de réalisme neurologique dans les réseaux connexionnistes. Ces réseaux sont trop peu récursifs, ont des inhibitions trop fortes, leurs algorithmes d'apprentissage ne sont pas réalistes, leurs fonctions de transfert trop simplistes, et on ne voit pas les correspondances possibles avec le grand nombre de neurotransmetteurs et d'hormones qui interviennent dans la physiologie cognitive. Une réflexion sur l'autonomie des systèmes vivants a mené à la définition de l'autopoièse dans les année 80. Maturana et Varela étendent considérablement le concept de cognition puisqu'ils identifient le processus de connaître au processus même de la vie. La cognition, comme la vie, consiste en l'auto génération et l'autoperpétuation de la vie. Les interactions d'un organisme avec son environnement sont toutes vues comme des interactions cognitives. La cognition n'est plus limitée au cerveau et à la raison mais recouvre l'ensemble des processus de la vie: perceptions, instincts, émotions, affects, comportements et implique tout le corps. Tous ces processus participent à l'autoproduction – l'autopoièse – du système. Les structures concrètes, somatiques aussi bien que mentales, se modifient en permanence tout en maintenant le pattern général d'autoproduction. La cognition n'est pas une représentation mais une production autonome de concepts qui vont jouer le rôle de symboles. ce qui est au fond la reprise de l'idée de Helmholtz qui imprègne une grande partie de la physique du XX ° Siècle (CF. Symbolisme en physique). Plus récemment on a pu défendre une conception de la cognition comme système dynamique. Les tenants de cette conception pensent que des systèmes d'équations différentielles peuvent modéliser le comportement humain. Ces équations représentent l'évolution des états mentaux dans un espace de phase de dimension élevée, espace des pensées et des comportements. On adopte alors la terminologie de la théorie des systèmes dynamiques pour parler de la cognition en termes de trajectoires, d'attracteurs ou de chaos déterministe. Les relations entre le dynamicisme et le connexionisme sont ambigües, car il n'est pas clair en quoi celui là doit remplacer celui-ci, le connexionnisme étant un dynamicisme particulier, à moins que celui-ci ne soit qu'une classe particulière de modèles connexionnistes. En fait la théorie des systèmes dynamiques exerce aujourd'hui une influence considérable sur les sciences cognitives, en particulier dans le domaine des neurosciences théoriques. L'approche dynamique revendique un lien essentiel avec l'idée que les propriétés cognitives émergent à partir de propriétés naturelles, ce qui est une affirmation de naturalisme cognitif. Elle repose par ailleurs le problème du représentationnalisme. Le développement des sciences cognitives fait appel à toutes les ressources intellectuelles des époques où il prend place. C'est ainsi que l'on voit se manifester massivement la cybernétique et la théorie des automates, la théorie des systèmes dynamiques et la modélisation mathématique en intelligence artificielle rendue possible par l'emploi de l'ordinateur. Les progrès des neurosciences pèsent lourd sur les sciences cognitives, en particulier les progrès de l'imagerie par RMN cérébrale. L'une des conséquences de ces interactions pluridisciplinaire au sein de ce qu'on appelle la cognition est de changer de façon importante la façon dont s'organisent les thématiques de recherche en sciences cognitives. Celles-ci ne se structurent donc non plus seulement par rapport aux différents objets d'étude traditionnels des disciplines constitutives de ce domaine de recherche (les neurones et le cerveau pour les neurosciences, les processus mentaux pour la psychologie, le comportement animal pour l'éthologie, l'algorithmique et la modélisation pour l'informatique, etc.) mais aussi souvent autour des fonctions cognitives que l'on cherche à isoler les unes des autres. Des chercheurs de plusieurs disciplines s'intéresseront collectivement, par exemple, à la mémoire ou au langage. Cette mutation se manifeste dans l'émergence du vocable : science de la cognition qui traduit, ou revendique, le fait que ce domaine pluridisciplinaire est en passe de se constituer comme une science, unifiée et à part entière.

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