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CHÉNIER Marie-Joseph de : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

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CHÉNIER Marie-Joseph de, dit Marie-Joseph (1764-1811). Frère cadet d’André, Marie-Joseph Chénier fut le poète officiel de la Révolution à ses débuts. Parolier du Chant du départ, il incarne à la perfection le « réalisme républicain » des années 1790, tel que David l’illustre en peinture. Ses tragédies associent un manichéisme simpliste à l’emphase rhétorique pour dénoncer les tyrans, les aristocrates et les prêtres : quelques bonheurs d’expression, beaucoup de tirades d’une raideur toute romaine et l’un des plus grands succès dramatiques du siècle, Charles IX. « Charles IX tuera la royauté », s’écrie Danton. Ils n’ont en fait guère survécu l’un à l’autre. C’est dire pourtant l’importance historique de ce théâtre.

 

La haine du despotisme

 

Les jeunes années de Marie-Joseph Chénier se confondent avec celles de son frère [voir Chénier André] : Constantinople où il naît, Carcassonne, le collège de Navarre et le même groupe d’amis choisis. Deux ans avant son frère, et avec autant d’ennui, il fait l’expérience de la vie militaire (1781-1783). Rien de plus différent toutefois que leurs caractères et leurs ambitions : turbulent, extraverti, grand amateur de Voltaire, Marie-Joseph a le goût du théâtre et des succès tapageurs. Ses premières pièces, Edgar ou le Page supposé (1785), Azé-mire (1786) sont hélas des échecs cuisants. La revanche viendra en 1789 avec le coup de tonnerre de Charles IX (édité en 1790, et largement remanié en 1797). Pour faire jouer sa tragédie, l’auteur doit, pendant un an, batailler contre la cour et la censure. La première a lieu le 4 novembre 1789 avec Talma dans le rôle-titre : succès prodigieux, dû à la vigueur des attaques politiques et à la transparence des masques. Chacun reconnaît Louis XVI dans le faible Charles IX, Necker dans le chancelier de L’Hôpital, voire la reine dans la sanguinaire Catherine de Médicis; Coligny, chef huguenot, est un philosophe avant la lettre, prêchant la tolérance et le libre examen. Enthousiasmés, les districts parisiens décernent à Chénier une couronne civique. Talma, en 1791, fonde avec la « gauche » de la Comédie-Française le Théâtre de la Nation où triomphent encore Henri VIII, Jean Calas (en hommage à Voltaire, « illustre vieillard, fléau des fanatiques »), Caius Gracchus (1792), tribun du peuple luttant contre les patriciens, Fénelon (1793), dénonçant les vocations forcées. Au sommet de la gloire, Marie-Joseph Chénier siège à la Convention, au comité de l’instruction, et vole la mort du roi. Toutefois sa haine du tyran ne va pas sans un attachement profond à la légalité, l’horreur de tout « assassinat commis au nom des lois ». Si bien que le gouvernement montagnard s’irrite de formules telles que le « Des lois, et non du sang! » de Caius Gracchus; Robespierre se croit visé dans Timoléon (1794) et la pièce est interdite. Brouillé avec les modérés, avec son frère André, Marie-Joseph Chénier est désormais mal vu par le pouvoir et contraint de louvoyer : déjà, en 1793, il avait composé le Chant du départ mais refusé de s’associer à l’hommage rendu à Marat...

 

Après Thermidor, son déclin s’accélère. On l’attaque comme régicide; il doit même se défendre d’avoir laissé tuer son frère {Discours sur la calomnie, 1797). Député aux Cinq-Cents, puis membre du Tribunat, alors que tant d’autres renient leurs idéaux passés, Chénier fait front courageusement, luttant à la fois contre l’absolutisme renaissant et la réaction chrétienne (1802 : Chateaubriand publie le Génie du christianisme). Dans les Nouveaux Saints, il brocarde La Harpe et Mme de Genlis; la Petite Épître à Jacques Delille (1802) attaque un opportuniste qui « brave les tyrans abattus » tout en se mettant « aux gages des autres ». Aussi ne tarde-t-il pas, sous

 

l’Empire, à connaître des difficultés; après un Cyrus (1804) écrit pourtant à la demande de Napoléon, il se tait. Académicien depuis 1803, inspecteur général de l’Université (1803-1806), il est destitué après une violente Épître à Voltaire : « Un Corse a des Français dévoré l’héritage»; Tibère, sa dernière tragédie (1811), est interdit. Il meurt la même année, laissant un testament littéraire, le Tableau historique de l'état et du progrès de la littérature française depuis 1789 jusqu'à 1808, où il prend à partie le romantisme tout en défendant les Lumières et les idéaux de l’an II. Fidélité qui, malgré de passagères compromissions, donne son unité et sa valeur à l’homme, sinon à l’œuvre. Ironie du sort, il est remplacé à l'Académie par Chateaubriand, dont l’éloge — non prononcé — sera un des plus mitigés de l’histoire des Quarante : « Il devra à cette religion qui lui parut si méprisable... la paix que je souhaite à sa tombe ».

« la signification profonde, voire la valeur pédagogique de cette écriture.

Comme l'écrivait Marie-Joseph Chénier : «La tragédie est plus philosophique et plus instructive que l'Histoire.

» BffiLIOGRAPHJE Œuvres.

-On trouv era Charles IX (vers io n de 1797) dan s le Théâtre du xvut' si�cle, présenté par J.

Truchet, Paris, Gallimard.

Bibl.

de la Pléiade.

1972, 1.

li.

La meilleure édition des Œuvres complètes est celle de ..

.

1821, Paris, Baudouin frères, avec une « analyse rais o nn ée >> de s pièces par Né pom ucène Lemercier.

A consulter.

-A.

L ié by, Études sur le théâtre de Marie­ Joseph Chénier, Pa ris , 1901, Slatkine Repr ints, 1971; J.

Gaul­ mier.. »

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