Britten Benjamin

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)~ ~ 1 23 février 1966 Série B-19 Fiche N• 1007 Britten (Benjamin) 1.

Avec Britten, la musique anglaise retrouve, à notre époque, un éclat et un rayon­ nement perdus depuis la mort de Purcell, en 1695.

Par-delà deux siècles et demi, l'auteur de " Peter Grimes " prend directement la succession du maitre de cc Didon et Enée "· Cette filiation donne à l'œuvre de Britten sa marque particulière: bien que résolument engagée dans la voie ouverte par les modernistes, elle garde quelque chose de la clarté et de la rigueur classiques.

2.

Benjamin Britten est né le 22 novembre 1913 à Lowestoft, dans le Suffolk.

Ses dons se révèlent de bonne heure: une de ses pièces orchestrales les plus jouées, "Simple Symphonie "• développe des idées esquissées entre 9 et 12 ans.

A cet âge, il a pour professeur Frank Bridge, l'un des meilleurs compositeurs de Grande-Bre­ tagne.

C'est en 1937 que la première exécution de ses "Variations sur un Thème de Frank Bridge" au Festival de Salzbourg le fait connaitre à l'étranger.

En 1945, son " Peter Grimes » remporte à Londres un succès immédiat et conquiert aussitôt la scène internationale.

A 35 ans, Britten s'est déjà essayé à presque toutes les formes de la composition.

3.

C'est sans doute par l'opéra que son apport à la mus'que contemporaine restera le plus considérable.

Ce genre, que beaucoup déclaraient enterré depuis Puccini et Strauss, Britten aura contribué au premier rang à lui insuffler une v'e nouvelle, s'efforçant de rendre à la musicalité de la langue la plus poétique d'Occident sa liberté et sa vitalité.

" Peter Grimes " a été représenté plus de cent cinquante fois dans le monde, en particulier en France, lors du "Mai musical" de 1954, à Bordeaux.

Le compositeur s'y exprime dans le langage mi-modal, ml-polytonal qui lui est propre, avec la force joyeuse, la virtuosité aérienne, le lyrisme convaincant que l'on retrouve dans ses autres opéras: "Le Viol de Lucrèce" (1946), "Albert Herring" (1947), "Billy Budd" (1951), et surtout "Le Tour d'Ecrou " (1954) que la critique a salué avec enthousiasme.

4.

On a dit de Britten que son imagination avait besoin des mots et qu'elle ne coulait pas de source purement musicale.

Il est vrai qu'il a beaucoup enrichi la littéra­ ture anglaise du chant («The Holy Sonnets "• d'après John Donne, "A Charm of Lulla­ bies ..

et " Winter Words "• d'après Thomas Hardy).

Mais c'est sur les poèmes d'Arthur Rimbaud qu'il a composé ses cc Illuminations "• et le fait que le livret de cc Peter Grimes » ait pu être traduit en neuf langues sans que la partition perde de son efficacité prouve que l'art de Britten assouplit, transforme et transcende les rythmes parlés pour créer une harmonie originale entièrement dominée par la musique.

5.

Malgré son extrême habileté à manier le grand orchestre (par exemple la " Sinfo­ nia da Requiem "• avec solistes et chœurs), Britten préfère les formations plus réduites, et par-dessus tout l'orchestre à cordes, pour la variété infinie des traits et des couleurs qu'il autorise.

La vivacité, l'alacrité du maitre y font merveille.

A la limite, son génie si divers sait épancher· un lyrisme expressif par le truchement d'un seul instrument: le hautbois des cc Six Métamorphoses " d'après Ovide.. »