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Biographie de Tacite ?

Publié le 22/02/2012

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Cornelius Tacitus naquit sans doute dans le sud de la Gaule. S'il porte un nom aristocratique, aucun document ne permet d'affirmer la noblesse de ses origines. Il arriva sans doute à Rome dans sa jeunesse, où il apprit l'éloquence en vue d'une carrière dans la vie publique romaine. Formé à la rhétorique par deux des principaux orateurs romains, Tacite gravit classiquement les échelons de l'administration, en obtenant d'abord un vingitivirat (l'un des vingt postes de la petite magistrature), puis un tribunat militaire. En 77, Tacite améliora sa position sociale en épousant la fille de Julius Agricola, membre d'une famille sénatoriale éminente. Les années suivantes, il monta dans les rangs de l'administration, où il tint des charges d'importance croissante dans plusieurs provinces, avant de s'établir à Rome sous l'empereur tyrannique Domitien. En 97, sous le règne éphémère de Nerva, il obtint un consulat. C'est à cette époque de son ascension politique qu'il entreprit de rédiger la biographie de son beau-père, intitulée Vie d'Agricola  (98). Vers 109, il avait achevé ses deux grands ouvrages historiques, les Annales qui couvrent le règne des Julio-Claudiens et les Histoires, récit de la dynastie des Flaviens. La carrière administrative de Tacite atteignit son apogée en 112-113 par sa nomination au poste de proconsul d'Asie. Son oeuvre historique, vaste essai sur le déclin des sociétés sous dynastie tyrannique, fut longtemps admirée pour l'éloquence et la concision de son style.

« TACITE 55?- 120? apr.

]-C « UNE nuit brillante d'étoiles, et dont la paix s'unissait au calme de la mer, semblait pré­ parée par les dieux pour mettre le crime dans toute son évidence.

» La trirème d'Agrippine vogue, en suivant les côtes, vers Baïes, où Néron a invité sa mère en vue d'une feinte réconciliation.

En réalité, le navire est truqué et dans un instant va fonctionner le mécanisme qui doit provoquer la noyade.

A la poupe, trois personnes se reposent, sous une sorte de dais : Agrippine, un de ses cour­ tisans et une suivante.

Tous trois mourront au cours de cette même nuit sans qu'aucun d'eux, à coup sûr, ait eu le temps de faire des confidences à qui que ce soit.

Cependant, nous saurons ce que disait à l'impératrice sa fidèle Acerronie : « Appuyée sur le pied du lit où reposait sa maîtresse, elle exaltait, avec l'effusion de la joie, le repentir du fils et le crédit recouvré par la mère.

» (Tacite Annales, XIV, 5.) Tel est l'art de Tacite : une marine nocturne, une morale religieuse où inter­ viendraient des divinités justicières, tout un chapitre de roman noir tiennent dans ces quelques lignes.

Quand on les a lues dans leur contexte, non seulement on a le sentiment qu'on ne les oubliera plus, mais encore, emporté qu'on est par la pathétique sobriété du récit, on ne songe pas un instant à demander à Tacite d'où il tient ses informations sur les derniers propos qu'entendra Agrippine.

Au contraire, lorsque Tite-Live retrace, en son beau latin oratoire, une harangue de Coriolan ou d'Annibal, nous admirons, mais nous ne croyons guère, pas plus que nous ne faisons confiance au bon Dumas s'il nous fait assister aux entretiens secrets d'Anne d'Autriche avec Richelieu.

Pourtant, Tite-Live aussi est grave, à sa façon, mais il montre trop de rhétorique dans sa manière d'écrire l'histoire, trop de chauvinisme dans son amour pour Rome et, enfin, trop de crédulité à l'égard de ses sources.

Seul parmi les grands historiens romains, Tacite défie la critique moderne.

A la fin du xvme siècle, le pamphlétaire Linguet s'était permis de formuler quelques doutes relativement au désintéressement de Tacite : «Les satiriques les plus outrés sont souvent les flatteurs les plus adroits.

Qui peut assurer que le censeur implacable de Tibère n'a pas voulu faire servir à sa fortune auprès des successeurs de Domitien le mal qu'il disait des successeurs d'Auguste? » La question risquait d'être périlleuse pour la mémoire de Tacite; il eût fallu, pour y répondre avec pertinence, scruter profondément sa biographie, et nous verrons que cette tâche n'est pas aisée.

Mirabeau se contenta d'écraser Linguet de son mépris, en l'appelant « avocat de Néron », ct la cause fut entendue.

En effet, chacun sait que Néron fut un tel monstre qu'un écrivain se discréditerait en pré­ tendant plaider pour lui, en n'admettant pas comme définitif le portrait que nous en a tracé « le plus grand peintre de l'antiquité ».

Et qui est le plus grand peintre de l'antiquité? C'est Tacite, et nous n'avons plus le droit d'en douter depuis que Racine l'a assuré dans la préface de Britannicus.. »

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