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Biographie de CONSTANT DE REBECQUE (Benjamin).

Publié le 03/07/2009

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Né à Lausanne en 1767, mort à Paris en 1830. Il fit ses études à Oxford et à Édimbourg, et suivit Mme de Staël à Paris en 1794, où il fit partie du cercle constitutionnel de l'hôtel de Salm. Il s'opposa très tôt à l'Empire, se rallia aux Bourbons en 1814, mais fut chargé par Napoléon, pendant les Cent-Jours, de rédiger l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire. Député sous la Restauration, il se fit le défenseur infatigable du libéralisme dans ses discours politiques. Profondément individualiste, il travailla surtout à un ouvrage sur la religion, qu'il n'acheva pas, et où il montre que les formes de la religion passent par trois étapes, qui vont du fétichisme au théisme, idée reprise par A. Comte.

Œuvres principales : De l'esprit de conquête (1814), Cours de politique constitutionnelle (1821), Mélanges politiques et littéraires (1829), De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements (1824-1831).

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« BENJAMIN CONSTANT 1767-1830 A VINGT ET UN ANS, Constant écrit à Mme de Charrière qu'il a quittée quinze jours avant pour retourner à Brunswick, après avoir.

évoqué les détails domestiques de leurs dernières journées : •..

Nous étions heureux, du moins moi.

Il_y a une espèce de plaisir à prévoir l'instant d'une séparation qui nous est pénible.

Cette idée, toute cruelle qu'elle est, donne du prix à tous les instants; chacun de ceux dont nous Jouis­ sons est autant d'arraché au sort, et on éprouve une sorte de frémissement et d'agitation physique et morale qu'il serait Jaux d'appeler un plaisir sans peine ou une peine sans plaisir...

On reconnaît là, exprimée sur le mode positif et le plaisir l'emportant tout de même sur la peine, la démarche qui sera celle, perma­ nente, du héros de Cécile ou d'Adolphe, tous deux ne se sentant jamais si épris de la femme aimée, qu'elle soit Ellénore, Cécile ou Mme de Malbée, que lorsqu'elle va à tout jamais leur échapper par le mauvais sort, sa propre décision ou la leur.

Mais, dans les deux transpositions que fait Constant de sa propre histoire, la démarche essen­ tielle, cette anticipation de l'avenir qui, par ricochet, rend seule supportable, délectable le moment présent, se trouve masquée, brouillée par une situation qui la justifie sans l'avoir créée : despotisme de Mme de Malbée, douceur angélique vite ennuyeuse de Cécile, exigence sentimentale et position déclassée pour Ellénore.

Or le débat profond de Constant a toujours été entre lui et lui; sa propre vie, tout comme Adolphe et malgré l'intrusion de la véhémente personnalité staëlienne, est un roman à un seul personnage.

Derrière les difficultés qu'il croit voir renaître perpétuellement entre lui et telle ou telle femme, se retrouve toujours la même dialectique subjective, que la lettre à Mme de Charrière résume fort sèchement.

Jamais il n'aime tant une femme que lorsqu'il sait devoir très prochainement la quitter : cas particulier, ou corollaire du fait que l'avenir et le présent sont tous deux intolérables pour lui (à tout le moins sans charme) s'ils ne sont d'avance irréalisés, vécus comme s'ils étaient déjà passés.

D'où l'attrait qu'exercent sur lui le jeu ou la perspective de la mort.

Le joueur qui relève ses cartes, scrute les visages des partenaires ou regarde tourner la boule sur le tapis vert ne vit pas dans l'instant présent.

II en est délivré.

Son « temps >> intérieur est tout entier suspendu à l'instant où la partie, quelle qu'elle soit, sera décidée; instant qui, lui, n'est pas encore, pas plus que le moment de quitter Mme de Charrière n'était réel pour Benjamin tandis qu'il bavardait avec elle dans la cuisine de Colombier.

Ainsi des instants vécus avant l'un quelconque de ses multiples duels; ou lorsque, assis à l'Opéra aux côtés de M.

et Mme Pourrat et courtisant sans espoir leur fille, il a déjà avalé le contenu d'une fiole d'opium; ou, la même« scène» sc répétant dans un autre décor, à Coppet, quand il attend que Mme de Staël, la cruelle, l'inexorable, accoure à son lit de mort.

Dans tous les cas l'attitude profonde est la même : le présent ne devient actuel que vécu sur le mode de la rétrospective, en tant qu'il est happé par un événement futur, escompté sinon certain, comme il est dans le jeu, les duels, les suicides à demi simulés, ou dans les séparations et ruptures toujours aléatoires qui l'abolit dans son actualité même.

MuJit A1agnin.

Dijon.

Photo Rémy, Dijon.. »

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