Devoir de Philosophie

BERGSON : «Il y a deux passés : le passé qui a été et qui est aboli, le passé qui dure encore pour nous comme partie intégrante de notre présent. »

Publié le 04/09/2015

Extrait du document

bergson

a) Sous sa forme cognitive, le passé se conserve souvent de façon très pure. Nous revoyons très nettement les lieux dont nous nous souvenons. Nous les reconnaîtrions très bien si nous y revenions. De même une idée, si elle a été clairement conçue, revient très distincte à la mémoire : toute sa réalité est d’ailleurs dans sa clarté. Si je ne concevais plus de façon claire ce que j’ai voulu dire par les mots «subjectif« et «objectif«, je pourrais dire que pour moi ces deux idées sont pratiquement du passé aboli.

 

Mais peut-être à cause de ces exigences de pureté, le passé-souvenir semble-t-il s’abolir facilement sous sa forme cognitive. En tout cas, il n’est pas une constituante vraiment efficace de notre présent. Nous utilisons le contenu représentatif comme un matériel plutôt que nous n’en subissons l'action.

 

b) Sous sa forme mécanique, le passé semble plus tenace. L’homme qui se convertit et répudie son passé ne se heurte que trop souvent, en dépit de sa bonne volonté, à une habitude enracinée qui défie 6a résolution. Or, l’habitude est un souvenir à l’état inconscient. Lorsque, tout enfant, j’ai tracé mes premières lettres, chaque fois je me reportais à un modèle que mon imagination me rappelait; aujourd’hui, j écris et ma mémoire ne me présente plus aucune lettre. Voici donc que du passé non cognitif manifeste une solidité plus grande que le passé cognitif.

 

c) Sous sa forme affective, le passé se survit le plus souvent sinon intégralement du moins dans une grande mesure. La psychanalyse nous enseigne que survit tout ce qu’a recueilli l’élan constitutif des tendances. La tendance doit être redoutée lorsqu’elle n’a pu affleurer à la conscience. Elle est responsable en bien des cas de comportements pathologiques. La censure qui s’exerce contre certains chocs affectifs que notre intérêt nous poussait à oublier peut être cause de névroses. Faire prendre conscience au malade de cette tendance refoulée, lui faire expliciter sous forme de souvenir le choc dont elle est née, c’est généralement le guérir.

bergson

« LA MÉ~IOIRE J'ai aussi doo connaissances intellectuelles.

Je parcours les trois textes.

Un mot rn 'arrête dans le second énoncé.

Ne serait-ce pas le titre d'un des chapitres du manuel? Précisément.

Et voici que ma mérrioire me présente les •sept ou huit page·s avec les grands titres de leur division.

~Ion plan est tout prêt.

Il est fort probable que ce souvenir interviendra dans ma décision.

~fais poursuivons notre lecture.

Intéressant, le troü:ième sujet : « Quels sont les rapports de l'imagination et de 1 'affectivité P " Imaginatif et affectif, mais je le sui·s moi-même ! Le problème me touche de prè·s.

Je n'entrevois que très confusément comment j'organiserai mon plan; mais déjà j'ai la conviction que je mènerai à bien le sujet.

Voici mon choix sollicité par une préférence, un goût, qui tient à mon caractère.

Au goût et au som·enir, il faut ajouter l'habitude.

Ce n'est pas la pre­ mière fois qu'il m'arrive de compo•ser.

Autrefois, je n'arrivais pas à choisir.

On m'avait souvent conseillé de choi·sir la question de cours; mai" la pente de mon cœur voulait être suivie.

De cruelles expériences m'ont heureu­ sement instruit et c'est sans hésitation qu'aujourd'hui je choisis le second sujet.

Ainsi, par l'intermédiaire de la mémoire, par l'élan affectif et par l'auto­ matisme p·sychologique, c'est une large tranche de mon passé qui pèse de son triple poids sur l'orientation de ma déciaion.

Mais quelle est l'unité qui rend compte de cette influence, sinon moi-même P J'ai fait miennes les connaissances soit pa,r la répétition, soit par le simple intérêt; j'ai acquis mes habitudes à force d'efforts; quant à mon caractère, ;;i je suis parfois la victime de se·s ·saiHies, je suis aussi par toute mon histoire l'auteur de ses pos·sibilités.

Le passé orbjectif dont je n'étais que le spec­ tateur est aboli; le passé subjectif, dont je suis l'acteur tient à moi par toutes ses fibres.

II.

Discussion.

- L'exemple précédent n'offre qu'une première approxi­ mation.

Des objections sérieuses se p·résentent contre chacun de.s membres de notre thèse.

Examinons-les tour à tour.

A On peut douter qu'il y ait un passé a ho li.

Car enfin, ce n'est pas parce que je n'ai plus conscience du passé objectif que je peux me vanter d 'échap,per à son influence.

Il arrive que dans le•s rêves nous reviennent des circ·onstances de notre vie que nous avions cru oubliées à jamais.

On cite le cas de gens qui se mettent soudain à parler des langue·s qu'ils avaient entendues dans leur enfance, mais n 'avaie,nt jamais app·ri.ses, ou celui de cette fille de pasteur qui, un beau jour, se mit à réciter des pages entières de la Rible hébraïque qu'elle n'avait entendues lire qu'une seule fois durant son enfance par •son père.

A cela, l'on répondra que si ce passé ressuscite, c'e.st qu'il n'était pas purement objectif, c·omme sa disparition prolongée tendait à le faire croire.

Tl s'agit de circonstances de la vie dont on n'a pas été ·simplement spec­ tateur, mais, dans une certaine mesure, acteur.

l\laia comment, dès lors, faire le départ entre les deux zones du passé quand l 'évocabilité, qui est la seule pierre de touche de la 13nbjectivité du passé, devient si faible? N'est-il pas plus simple d'admettre que toute perception comme toute idée et tout sentiment que nous avons ena ·sont au moins imperceptiblement teintés de subjectivité P Les méthodes d'exploration de l'inconscient ;;ont encore trop peu avan-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles