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Beckett : Fin de partie - Première didascalie de FIN DE PARTIE

Publié le 17/01/2011

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UN DÉBUT D’APPARENCE CLASSIQUE        (1): une scène d’exposition avant l’heure.    a) un souci de précision dans le dénuement (qu’il faudra interroger): on découvre    -les éléments du décor (plutôt pauvre : intérieur sans meubles) sont nommés (fenêtres, rideaux, porte);    -les emplacements (droite, gauche, avant-scène, centre) - nettement indiqués.    -les choses (tableau, poubelles, escabeau, draps, mouchoir, voiture à roulettes), les personnages (deux pour l’instant)sont désignés;    - on doit même compter les pas de Clov (6 pas+ 3+ un pas + le cube de la cuisine p14). Dimension maniaque bien connue chez SB (que certains croient devoir interpréter de façon ésotérique).   

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« c) une mise en mouvement donc progressive (cf.

le plan de la didascalie (supra)) : immobilisme de tous, mouvementde l'un, sons. -déplacements, gestes: un corps s'agite, beaucoup même: on parle souvent de pantomime [art qui intéressatoujours SB: *définition du TLF = Jeu, art du pantomime; technique d'expression dramatique suivant laquelle les situations, lessentiments, les idées sont rendus par des attitudes, des gestes, des jeux de physionomie, sans recours à la parole.]Seulement ici on se demande quels sont vraiment les sentiments, les idées rendues..

Un point de mise en scène :Beckett en Allemagne voulait que Clov se traîne quasiment. -en outre le silence est maintenant interrompu par des rires fréquents. - on va vers (la prise de) la parole et incontestablement un personnage semble central et ainsi attire l'attention.Tout ce qu'a fait Clov ramène à Hamm. Symboliquement les rideaux ont été ouverts, les draps enlevés.

Les rideaux sont tirés comme on lève des rideaux dethéâtre (pratique assez courante).

Tout peut commencer.

Et en effet Clov prend la parole au moment de retournervers la porte. 2/DES ÉLÉMENTS ÉTONNANTS TOUT DE MÊME : a) étonnante la longueur de la didascalie tout d'abord pour un nombre d'éléments en fait limités par les répétitions,entre autres: -elle en annonce bien d'autres (elles occupent une grande partie du texte écrit= entre 1/3 et 1/4), moins longuesmais nombreuses dont une obsédante : UN TEMPS.

(Autre cours).

Plus le texte approchera de sa "fin", plus lesdidascalies redeviendront envahissantes. -didascalie sidérante par un autre point : longue, on vient de le dire, elle suggère moins ce qu'il y a que ce qui n'yest pas : dans une pièce traditionnelle on s'efforce de nous dire avec le décor l'époque ou le milieu social.

Rien ici deprécis. -sur ce point, étonnante encore, observons l'inégalité de traitement entre les personnages: beaucoup de mobilité unpeu vaine et très contrariée (raide et vacillante) de Clov qui n'est pas décrit (fait forcément significatif chez SB)sinon dans son action et, pour finir, une description beaucoup plus précise des apparences de Hamm (objets (sifflet,plaid, mouchoir), matière (feutre)).

Deux attitudes semblent s‘opposer et annoncent peut-être d'autres oppositions. b)surprenante omniprésence de la répétition, mécanique ou pas : -mêmes gestes ( à vous), même rire bref (4 fois) pour des éléments différents (choses et personnes) ; - “même jeu” dit le texte qui lui - même se répète ("le plie soigneusement et le met sous le bras"(13) ou avec larépétition pour VIEUX..

drap ou encore "il descend de l'escabeau"...etc.). - répétition encore ce retour au point de départ de la didascalie.

Avant d'aller dans la cuisine pour seulementattendre le coup de sifflet, Clov est allé de l'immobilité à l'immobilité : il regarde Hamm (cf la photo de CharlesBerling, courbé, respectueux...). c) curieuse aussi la présence de deux poubelles qu'on inspecte avec un rire bref et qu'on recouvre d'un drap commeon fait dans les maisons bourgeoises pour protéger des meubles..Des poubelles qui sont recouvertes comme l'hommequi est au centre.

Des poubelles à l'avant-scène, encore une fois ce fait étonna forcément à l'époque Et même si lespectateur d'aujourd'hui en a vu d'autres et s'il connaît l'univers de SB, tout de même il reste frappé par cessymboles du déchet qui envahissent à l'avant-scène un espace par ailleurs réduit et vide.

Que peut-on jeter dansdes poubelles dans ce monde vide, dépouillé? [ mais (si on intègre la première réplique de Clov) le plus sidérant est dans la déclaration initiale : -il annonce, de façon blanche, neutre mais péremptoire que “ c'est fini “ : on ne sait quoi et pour finir par dire dansla même phrase qu'il y a comme un doute : “çA VA PEUT-ÊTRE FINIR”.

Un lecteur habitué à SB est formé à ce genred'énoncés qui s'annulent de l'intérieur (cf.

la dernière page de l'INNOMMABLE).

Voir le cours spécial sur cette phrase. -il faut aussi compter avec la composition du passage que nous commentons: la didascalie initiale est prise dans un. »

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