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Avoir un passé ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

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  • a) Il apparaît que l'homme s'intéresse à son passé, qu'il se penche sur lui, mais aussi sur celui de son espèce, comme sur celui de l'univers tout entier.
  •  b) Toutefois, le passé, par définition, n'est plus et la mémoire, comme l'observait Hegel, «est le tombeau, le réservoir de ce qui est mort. Ce qui est mort y repose comme mort«.
  •  c) C'est pourquoi l'on peut se demander s'il est bon d'avoir un passé. Certes, nous avons nécessairement un passé, mais devons-nous nous retourner sur lui, le conserver dans notre mémoire ? Car si le passé est ce qui est mort, ne sera-t-il pas une entrave à la vie ?

« mécanisme est lui-même inconscient.• Ainsi dans le refoulement, et ceci est particulièrement notable dans les amnésies névrotiques, il n'y a pasproprement perte de souvenirs : « Il y a seulement rupture d'un lien qui devrait amener la reproduction, laréapparition de l'événement dans la mémoire.

» (Introduction à la psychanalyse). b) Avoir un passé pour s'en libérerMais pour être refoulé, le passé traumatisant n'en continue pas moins à peser sur nous et à avoir des effetsmorbides.

Afin de mettre fin à ceux-ci, la psychanalyse nous invite à remonter vers ce passé pour le revivresymboliquement et l'extérioriser lors du phénomène du transfert.

Ainsi, paradoxalement, c'est en retrouvant notrepassé que nous nous en libérons. 3 le bon usage du passé • Nietzsche lui-même ne rejette pas toute mémoire.

L'histoire, nous dit-il, doit nous être familière.

Je puis en effetme pencher sur le passé, sur mon passé comme sur le passé des hommes en général, non pour y fuir mais pour ypuiser un enseignement et un appui pour ma vie, pour mon action présente :— le retour au passé peut me permettre de découvrir les lois qui régissent les actions humaines, celles des autreshommes comme les miennes, afin d'utiliser ces lois pour la réalisation de mes projets.

En ce sens l'examen du passérépond à une volonté de comprendre ma situation présente et les diverses décisions possibles à l'éclairage d'autressituations.— le passé peut être pour moi un principe de réalité qui m'assure que mon idéal de vie n'est pas chimérique ou quim'invite à le modifier.

Il constitue en quelque sorte la pierre de touche du bien-fondé de mon engagementexistentiel.• Dans ces conditions je me retourne sur le passé à partir et en fonction de ma situation actuelle pour revenir à masituation actuelle.

Ce retour au passé n'est pas une échappatoire se satisfaisant de vains regrets mais un détourfructueux.

Ainsi, observe E.

Weil, « en s'occupant du passé, on décide de soi-même.

» (Essais et conférences, I, p.210). conclusion En ayant un passé, en se retournant sur lui, l'homme ne se détourne pas nécessairement de la vie, puisque c'est ense penchant sur ce passé qu'il peut apprendre à mieux maîtriser cette dernière.

Et, paradoxalement, c'est enregardant lucidement son passé, en le comprenant, qu'il peut s'en décharger et l'oublier pour se tourner versl'avenir.

Car « il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais ilest impossible de vivre sans oublier.

» (NIETZSCHE). »

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