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AUTEUR: APOLLINAIRE Guillaume

Publié le 17/01/2022

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apollinaire

(1880-1918)

VIE Wilhelm Apollinaris de Kostrowitski (dit Guillaume Apollinaire), enfant naturel d'une Polonaise exilée et d'un officier italien, est né à Rome le 26 août 1880. Son enfance se passa sur la côte d'Azur, où il fréquenta les collèges de Monaco, Cannes et Nice. Après une année de préceptorat en Allemagne, qui le vit s'éprendre en vain d'une jeune gouvernante anglaise, il vint s'installer à Paris. Il participa alors, auprès de ses amis peintres (Picasso, Rousseau) et poètes (André Salmon, Max Jacob) à tous les mouvements nouveaux, collaborant, comme chroniqueur et critique d'art, à de nombreux périodiques. Pour « L'Hérésiarque et Cie «, ensemble de contes très original, le prix Goncourt lui échappa en 1910 ; « Alcools « réunit ses premiers grands poèmes en 1913. Un an plus tard, délaissé par son amie Marie Laurencin, amoureux d'une femme très coquette : Lou, G. Apollinaire était volontaire pour le front ; soldat puis officier, il fut blessé à la tête en mars 1916. Libéré après une trépanation, il devait redoubler de création poétique, mais, affaibli par sa blessure, il mourait d'une « grippe espagnole « le 9 novembre 1918. Quelques mois plus tôt, un second recueil de poésie, « Calligrammes «, l'avait consacré définitivement.

apollinaire

« ------------------------------------------------------- APOLLINAIRE 1880-1918 GUILLAUME APOLLINAIRE nous a enchantés, une fois pour toutes.

Je me souviens d'une époque où nous marchions dans ce Saint-Germain-des-Prés qui devait prendre la suite rle Montparnasse.

Il disait : « Nous sommes assis entre deux chaises.

>> Il en souffrait.

Il ne savait pas qu'entre ces deux chaises se préparait une chute vertigineuse qui le conduirait jusqu'à devenir une constellation.

J AMAisonn'aexigéd'Apollinaire ce qu'il ne pouvait pas ou ne voulait pas donner.

On lui a épargné le« faites ceci et faites cela »dont on accable les artistes.

On ne lui tenait pas à charge les livres qu'il écrivait de la main gauche et comme on secoue les cendres d'une cigarette.

On adore en lui le poète qui tache la page, la plie, et en obtient un de ces tests devenus à la mode.

Toutes ses taches sont précieuses, vivantes, expressives, exquises de grâce et de force.

Elles boitent et clignent à la manière des étoiles dont la lumière terrible nous semble soumise au moindre souffle.

Leur élégance est suprême.

Elle ne relève en rien de l'élégance, telle que la frivolité l'en­ visage.

Ces taches sont d'une élégance analogue à celle des animaux et des arbres.

En outre, elles échappent à l'analyse (en quoi elles diffèrent des tests) et à l'exégèse qui, par exemple, couvre Rimbaud de poux.

Leurs secrets sont avouables ou impénétrables et, lorsqu'ils sont impéné­ trables, ils forment des objets qui se suffisent à eux-mêmes, dont l'origine et l'usage nous échappent, bien qu'ils en tiennent leur air de nécessité, l'aspect équilibré de leur organisme.

La table ne sert plus qu'aux spirites, elle est prétexte aux mains d'ombre qui l'interrogent.

Un homme qui regarde la table en ébéniste et la touche avec un respect d'ébéniste fait table rase des mains d'ombre et nous rapproche des chiffres sous lesquels un poète se cache afin de pou­ voir vivre en société, jusqu'à ce que cette société le défenestre ou le dégoûte et le décide à rompre ses contacts avec elle.

La mort a rompu les contacts en ce qui concerne Apollinaire.

Mais je devine que ses secrets eussent été à l'abri de la haine et qu'il aurait évolué au milieu de nous sans que les polices qui pourchassent l'anarchie aristocratique intervinssent.

La France tue ses poètes.

La liste de ses victimes est longue.

Elle expulse l'insolite.

Apolli­ naire le savait et cherchait une étiquette qui rassurerait l'opinion, éprise d'écoles et d'affiches.

Il nous proposa l'orphisme.

Vint le surréalisme, qui l'adopta.

Ce massacre des poètes est sans doute une bonne chose, indispensable à leur efficace, puisque le poète est par-définition posthume, qu'il commence à vivre après sa mort et que, de son vi\'ant, il marche avec un pied dans la tombe.

Cela lui donne une manière de boiterie dont son allure tire un charme.

Apollinaire n'a pas été assassiné.

Cependant, et le titre d'un de ses livres en témoigne, il l'a été tout de même, par l'entremise de la guerre qui est un crime social et dont sa gentillesse ne voulait admettre que la grâce.

Jamais on ne trouve dans son œuvre les moindres invectives patriotiques.

S'il emploie le mot « boche », c'est avec le sourire.

Dans sa g~erre, les soldats bleu de ciel se meuvent sous des grappes d'étoiles, sous le joli feu d'artifice des bombes.

Il ne s'y préoccupe que de ses amours et de ses camarades.

En pleine époque où ses collègues s'agenouillent devant les machines, il herborise, et c'est à un herbier que l'on pense lorsqu'on ouvre un de ses livres où les calli­ grammes affectent la forme gracieuse des brins de muguet.. »

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