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Article de presse: Ben Gourion, le prophète armé de la renaissance juive

Publié le 22/02/2012

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14 mai 1948 - Le fondateur de l'Etat d'Israël était d'abord un lutteur. Polémiste (sa carte d'identité portait sous la rubrique " profession " : journaliste), il écrivait contre ses ennemis politiques des articles corrosifs, et ses discours à la Knesset ont souvent soulevé de véritables tempêtes. Lutteur-né, Ben Gourion ne tolérait aucun compromis. Il poursuivait ses ennemis de l'intérieur-Begin, Sharett, Lavon, Eskol-avec autant d'ardeur que ses ennemis de l'extérieur. Il apportait autant d'assiduité pour des occupations secondaires que pour les grandes causes. Philologue, il écrivait toujours lui-même ses discours à la main sans l'aide d'aucune secrétaire. Comme on lui proposait un jour de rédiger un discours pour lui, il s'écria avec colère : " Quoi ! Ne suis-je donc plus capable de le faire moi-même ? " Sa soif de lecture et son amour des livres n'avaient pas de limites. En revanche, il n'était guère ouvert à l'art. Ni la musique, ni la peinture, ni la sculpture n'éveillaient en lui le moindre écho. Son indifférence à l'art se doublait d'une grande méfiance à l'égard du cinéma, de la télévision. A cause de cette attitude hostile, la télévision ne fut introduite finalement en Israël que quelques années après sa démission de la présidence du conseil. Sa seule distraction était le jeu d'échecs. Il n'a jamais fumé ni bu une goutte d'alcool, et les plaisirs de la table n'ont jamais eu d'attrait pour lui : " On mange pour subsister ", avait-il coutume de dire. Il menait une vie très austère, évitant tout luxe, s'habillant même dans les occasions les plus solennelles de la façon la plus simple, ne portant même presque jamais de cravate. Sa silhouette et son visage étaient bien connus. De petite taille, il avait une tête de lion couronnée d'une crinière de cheveux blancs. Très énergique, c'était un adepte de la culture physique et il faisait de longues marches à pied. Il entretenait une correspondance personnelle avec des milliers de personnes, connues ou inconnues, avec lesquelles il aimait débattre des questions liées à l'histoire du peuple juif, à la philosophie grecque, aux études bibliques, aux différentes idéologies ou aux affaires quotidiennes de l'Etat. Ses articles se comptent par milliers et ses livres par dizaines. Ils ont été traduits en plusieurs langues. Né le 16 octobre 1886 à Plonsk, en Pologne, dans une famille nombreuse, David Grin-qui rendra plus tard célèbre le nom de Ben Gourion, un des défenseurs du Temple de Jérusalem-reçoit dès son jeune âge une éducation juive au Héder, école religieuse traditionnelle où l'on enseignait l'hébreu, la Bible et le Talmud. Son père, un avocat célèbre, l'incite à prendre part aux activités du mouvement sioniste naissant. Le jeune David est parmi les fondateurs du mouvement de jeunesse sioniste Ezra, dont les membres avaient fait le serment de ne parler entre eux que l'hébreu, et d'ignorer le yiddish, qui était alors la langue communément répandue dans les communautés juives de Pologne. Lui-même, il aime répéter : " Vous verrez, je deviendrai un chef du peuple juif. " A dix-sept ans, il prend part à la création du parti Poalé Zion (les ouvriers de Sion). Deux ans plus tard, le jeune David s'engage dans les comités de défense juive constitués pour lutter contre les pogroms. Il se distingue par son enthousiasme juvénile, ce qui lui vaut d'être placé sur la liste noire de la police secrète du tsar. En août 1906, il s'embarque pour le pays de ses rêves, la Palestine. Pour lui le retour à Sion ne peut se concevoir que comme un retour à la terre, et il part pour Petah-Tikva, le premier village juif créé en Palestine à la fin du dix-neuvième siècle. Après Petah-Tikva, il travaille dans les vignobles de Richon-le-Zion, puis à Séjéra où il participe à la création d'une organisation juive de défense, Hashomer (le Gardien), qui devait par la suite donner naissance à la fameuse Haganah. Le séjour à Séjéra n'est qu'un intermède. Il retourne bientôt à la ville et à ses préoccupations politiques. En 1907, il préside le congrès inaugural de la Confédération nationale du Poalé Zion, en Palestine, dont il est élu chef. Dès 1910, il fait partie du comité de rédaction de l'organe de son parti, Haakhdouth (l'Unité). Il commence à écrire dans ce journal sous le pseudonyme de Ben Gourion et abandonne définitivement son nom de famille Grin. La Palestine appartient à cette époque à l'Empire ottoman, et il part en 1912 pour Istanbul avec son camarade et ami Ben Zvi-qui devait par la suite devenir le deuxième président de l'Etat d'Israël-pour mieux connaître les maîtres de la Terre promise. La première guerre mondiale interrompt les " études " des deux militants sionistes, qui s'empressent de retourner en Palestine pour aider la communauté juive, qui traverse des moments difficiles. Arrêté par les autorités turques et emprisonné avec d'autres leaders sionistes, il est finalement expulsé du pays par le gouverneur Djamal Pacha, et part pour les Etats-Unis après un bref séjour à Alexandrie, en Egypte. Sur le Nouveau Continent, Ben Gourion poursuivit ses activités au sein du parti Poalé Zion. Il organise en outre le volontariat pour les régiments juifs qui, aux côtés des Anglais, participent aux combats de la première guerre mondiale. C'est aux Etats-Unis qu'il rencontre et épouse sa femme Paula, qui devait être sa compagne dévouée jusqu'à sa mort, en 1968. De retour en Palestine, en 1918, il fonde l'année suivante, le parti Ahdout Haavoda (Union du travail). Deux ans plus tard, on le voit à Londres, où il est chargé d'établir des liens politiques avec le Labour Party. Dès lors, il devient l'une des figures les plus familières des congrès sionistes qui se tiennent un peu partout en Europe. Ce n'est qu'après la création de l'Etat d'Israël que ses relations avec le mouvement sioniste international vont se dégrader. Pour lui, un sioniste est avant tout un juif qui " monte " en Israël, et il a peu d'égards pour ceux qui restent dans la Diaspora et envoient les autres en Terre promise. A partir de 1921, Ben Gourion se consacre à la lutte syndicale sans pour autant abandonner son activité politique. Il est élu secrétaire général de la Histadrouth, la confédération générale des travailleurs juifs en Palestine. En 1933, il quitte le secrétariat de la Histadrouth pour oeuvrer au sein de l'exécutif sioniste et de la direction de l'Agence juive. Il est élu au comité national de la communauté juive en Palestine, et fait partie du département politique de l'Agence juive à Jérusalem. Devenu président de l'Agence juive au cours du XIXe Congrès sioniste, il concentre tous ses efforts, à partir de mai 1939, à la lutte contre la politique britannique telle qu'elle est formulée dans le Livre blanc publié après l'échec de la conférence de la " table ronde " qui réduisait de façon draconienne l'immigration juive en Palestine, et interdisait aux juifs d'acheter des terres dans presque toutes les parties du pays. Cependant, la seconde guerre mondiale modifie les données du problème, et Ben Gourion se voit contraint d'assouplir son hostilité à la Grande-Bretagne. Le mot d'ordre qu'il lance- " Nous devons aider les Anglais dans leur effort de guerre comme si le Livre blanc n'existait pas et lutter contre le Livre blanc comme s'il n'y avait pas de guerre " -allie les impératifs de la lutte contre l'hitlérisme à la poursuite tenace des efforts en vue d'établir un Etat juif en terre palestinienne. C'est cependant en mai 1942, sous le coup de l'émotion provoquée par le massacre des juifs en Europe, qu'il définit, au cours d'une conférence sioniste réunie à l'hôtel Biltmore à New-York, son objectif politique, en faisant adopter une motion sur la nécessité de créer " une entité politique juive en Palestine " destinée à remplacer le mandat britannique. Le " plan Biltmore " sera approuvé deux ans et demi plus tard à une majorité écrasante par l'assemblée des élus juifs de Palestine. Prévoyant des difficultés avec les populations arabes de Palestine, Ben Gourion consacre toute son énergie au renforcement du potentiel de la Haganah. Il déclare sans ambages que s'il a à choisir entre les " idéaux les plus élevés " et la sécurité d'Israël, il optera pour cette dernière. Les événements se précipitent: après le vote par l'Assemblée générale des Nations unies du plan de partage de la Palestine, c'est le début de l'exode arabe en décembre 1947, et les premiers combats en mars 1948. En avril, Ben Gourion est nommé à la tête de la " direction du peuple ", véritable gouvernement en gestation. Sa lutte porte sur deux fronts: contre les Arabes sur le champ de bataille, et contre ceux qui, dans le monde entier, et en Palestine même, essaient de le persuader de ne pas instituer un Etat après le départ des Anglais le 15 mai 1948. Passant outre à ces objections, Ben Gourion proclame, le 14 mai, la naissance de l'Etat d'Israël, et annonce la formation d'un gouvernement provisoire dont il devient le président et le ministre de la défense. Dès lors, le " vieux lion " se transforme en fidèle serviteur de l'intérêt de l'Etat, et combat impitoyablement tout ce qu'il juge nuisible à la nouvelle nation israélienne. C'est ainsi qu'il n'hésite pas, un mois après la création d'Israël, à donner l'ordre de tirer sur l'Altena, un bateau chargé d'armes que l'Irgoun avait réussi à amener près des côtes de Tel-Aviv. Devant l'indignation de ses adversaires, qui invoquent les nombreux morts et blessés victimes de cet incident, il déclare que le canon qui a tiré est " sacré ". Quelques mois après, il frappe à gauche en ordonnant le démantèlement du Palmach-unité de commandos de choc placés pour la plupart sous le commandement d'officiers Mapam, et qui avaient alors une orientation prosoviétique très prononcée. Dans son désir de renforcer à tout prix Israël, Bon Gourion provoque, trois ans et demi après la proclamation de l'Etat et sept ans après la fin de la tragédie du judaïsme européen, une crise qui suscite de profonds remous dans l'opinion publique. Il annonce à la Knesset l'intention de son gouvernement de signer avec l'Allemagne fédérale l'accord sur les réparations. Là aussi, il prouve que rien ne peut l'arrêter lorsqu'il estime que l'intérêt supérieur de la nation est en jeu. Devant ses adversaires, qui affirment que l'Allemagne achetait à bon compte la réhabilitation qu'elle voulait obtenir de l'Etat juif, constitué en grande partie par les rescapés des massacres hitlériens, il invoque la nécessité de renforcer précisément le pays qui est devenu le refuge de ces rescapés. En novembre 1953, arrivé au faîte de la gloire, Ben Gourion, abandonnant toutes ses fonctions officielles, se retire, en fait provisoirement, au kibboutz de Sdé-Boker, dans le Néguev. Tout au long des années de combat, l'idée du retour à la terre n'a pas quitté l'esprit du pionnier qu'est resté le fondateur de l'Etat d'Israël, et il entend donner à sa retraite valeur d'exemple pour le peuple tout entier. AMNON KAPELIOUK Le Monde du 2-3 décembre 1973

« séjour à Alexandrie, en Egypte. Sur le Nouveau Continent, Ben Gourion poursuivit ses activités au sein du parti Poalé Zion. Il organise en outre le volontariat pour les régiments juifs qui, aux côtés des Anglais, participent aux combats de la premièreguerre mondiale.

C'est aux Etats-Unis qu'il rencontre et épouse sa femme Paula, qui devait être sa compagne dévouée jusqu'à samort, en 1968. De retour en Palestine, en 1918, il fonde l'année suivante, le parti Ahdout Haavoda (Union du travail).

Deux ans plus tard, on levoit à Londres, où il est chargé d'établir des liens politiques avec le Labour Party.

Dès lors, il devient l'une des figures les plusfamilières des congrès sionistes qui se tiennent un peu partout en Europe.

Ce n'est qu'après la création de l'Etat d'Israël que sesrelations avec le mouvement sioniste international vont se dégrader. Pour lui, un sioniste est avant tout un juif qui " monte " en Israël, et il a peu d'égards pour ceux qui restent dans la Diaspora etenvoient les autres en Terre promise. A partir de 1921, Ben Gourion se consacre à la lutte syndicale sans pour autant abandonner son activité politique.

Il est élusecrétaire général de la Histadrouth, la confédération générale des travailleurs juifs en Palestine. En 1933, il quitte le secrétariat de la Histadrouth pour oeuvrer au sein de l'exécutif sioniste et de la direction de l'Agence juive.Il est élu au comité national de la communauté juive en Palestine, et fait partie du département politique de l'Agence juive àJérusalem. Devenu président de l'Agence juive au cours du XIX e Congrès sioniste, il concentre tous ses efforts, à partir de mai 1939, à la lutte contre la politique britannique telle qu'elle est formulée dans le Livre blanc publié après l'échec de la conférence de la " tableronde " qui réduisait de façon draconienne l'immigration juive en Palestine, et interdisait aux juifs d'acheter des terres danspresque toutes les parties du pays.

Cependant, la seconde guerre mondiale modifie les données du problème, et Ben Gourion sevoit contraint d'assouplir son hostilité à la Grande-Bretagne.

Le mot d'ordre qu'il lance- " Nous devons aider les Anglais dans leureffort de guerre comme si le Livre blanc n'existait pas et lutter contre le Livre blanc comme s'il n'y avait pas de guerre " -allie lesimpératifs de la lutte contre l'hitlérisme à la poursuite tenace des efforts en vue d'établir un Etat juif en terre palestinienne. C'est cependant en mai 1942, sous le coup de l'émotion provoquée par le massacre des juifs en Europe, qu'il définit, au coursd'une conférence sioniste réunie à l'hôtel Biltmore à New-York, son objectif politique, en faisant adopter une motion sur lanécessité de créer " une entité politique juive en Palestine " destinée à remplacer le mandat britannique.

Le " plan Biltmore " seraapprouvé deux ans et demi plus tard à une majorité écrasante par l'assemblée des élus juifs de Palestine. Prévoyant des difficultés avec les populations arabes de Palestine, Ben Gourion consacre toute son énergie au renforcement dupotentiel de la Haganah.

Il déclare sans ambages que s'il a à choisir entre les " idéaux les plus élevés " et la sécurité d'Israël, iloptera pour cette dernière.

Les événements se précipitent: après le vote par l'Assemblée générale des Nations unies du plan departage de la Palestine, c'est le début de l'exode arabe en décembre 1947, et les premiers combats en mars 1948.

En avril, BenGourion est nommé à la tête de la " direction du peuple ", véritable gouvernement en gestation.

Sa lutte porte sur deux fronts:contre les Arabes sur le champ de bataille, et contre ceux qui, dans le monde entier, et en Palestine même, essaient de lepersuader de ne pas instituer un Etat après le départ des Anglais le 15 mai 1948.

Passant outre à ces objections, Ben Gourionproclame, le 14 mai, la naissance de l'Etat d'Israël, et annonce la formation d'un gouvernement provisoire dont il devient leprésident et le ministre de la défense. Dès lors, le " vieux lion " se transforme en fidèle serviteur de l'intérêt de l'Etat, et combat impitoyablement tout ce qu'il jugenuisible à la nouvelle nation israélienne.

C'est ainsi qu'il n'hésite pas, un mois après la création d'Israël, à donner l'ordre de tirer surl'Altena, un bateau chargé d'armes que l'Irgoun avait réussi à amener près des côtes de Tel-Aviv.

Devant l'indignation de sesadversaires, qui invoquent les nombreux morts et blessés victimes de cet incident, il déclare que le canon qui a tiré est " sacré ".Quelques mois après, il frappe à gauche en ordonnant le démantèlement du Palmach-unité de commandos de choc placés pour laplupart sous le commandement d'officiers Mapam, et qui avaient alors une orientation prosoviétique très prononcée. Dans son désir de renforcer à tout prix Israël, Bon Gourion provoque, trois ans et demi après la proclamation de l'Etat et septans après la fin de la tragédie du judaïsme européen, une crise qui suscite de profonds remous dans l'opinion publique.

Il annonceà la Knesset l'intention de son gouvernement de signer avec l'Allemagne fédérale l'accord sur les réparations.

Là aussi, il prouveque rien ne peut l'arrêter lorsqu'il estime que l'intérêt supérieur de la nation est en jeu.

Devant ses adversaires, qui affirment quel'Allemagne achetait à bon compte la réhabilitation qu'elle voulait obtenir de l'Etat juif, constitué en grande partie par les rescapés. »

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