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Apollinaire: Alcools

Publié le 08/01/2020

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avoir opté pour un jeu d’analogies et d’oppositions : par exemple, les poèmes longs alternent avec les poèmes courts, les poèmes simples avec les poèmes énigmatiques.
En outre, plusieurs ensembles sont clairement perceptibles : '
- le long poème de «La Chanson du mal-aimé», qui constitue un pôle à lui seul;
- les trois poèmes qui constituent le sous-ensemble titré «Le Brasier», liés par le thème commun du feu, et à propos duquel Apollinaire indique qu’il avait cherché «un lyrisme neuf et humaniste à la fois»;
- les neuf poèmes qui constituent le sous-ensemble titré «Les Fiançailles», qu’Apollinaire rapprochait du «Brasier», liés par des images étranges, parfois atroces, et marqués par un sentiment de dénuement et d’échec ;
- les neuf poèmes groupés sous le titre «Rhénanes» (parmi les plus connus d’Apollinaire), qui appartiennent à l’une des strates les plus anciennes, même si tous les poèmes traitant ce thème poétique du Rhin légendaire ne sont pas tous réunis dans cette partie;
- les cinq poèmes «À la Santé», qui évoquent les cinq jours d’emprisonnement d’Apollinaire dans cette prison (sous l’inculpation de recel d’œuvres d’art volées au Louvre).
Ces sous-ensembles totalisent vingt-sept poèmes. Les trente-sept autres marquent les étapes tantôt évidentes, tantôt voilées d’un itinéraire au cours duquel le poète cherche son identité en égrenant des souvenirs nostalgiques, en évoquant les fantômes de celles qu’il a aimées, des rencontres de hasard au gré de la route, ou encore des instants mystérieux, chargés de présages. Des liens subtils rapprochent entre eux des poèmes éloignés dans l’espace du recueil : l’automne, la vocation poétique, le surnaturel, l’errance dans les villes. «Zone» et «Vendémiaire», enfin, se répondent : dans le poème liminaire se découvre une nouvelle écriture poétique dans la ville moderne, tandis que dans le poème final Paris en septembre devient le creuset où fermente, comme le raisin vendangé dans les cuves, la chanson du monde et où s’unissent, par la grâce de la voix poétique, les villes du Nord et celles du Midi, le paganisme et le christianisme, les paysans et. les ouvriers : «Écoutez-moi je suis le gosier de Paris / Et je boirai encore s’il me plaît l’univers / Écoutez mes chants d’universelle ivrognerie».
3 - Les principales données poétiques
a - Le choix des formes
Leur extrême variété témoigne de la liberté avec laquelle Apollinaire traite l’héritage poétique, celui du XIXe siècle en particulier. Il recourt au vers libre («Zone»,


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« APOLLINAIRE, ALCOOLS b -La question du genre et celle du titre Alcools appartient évidemment au genre de la poésie, mais les formes les plus diverses y sont représentées : du poème en prose («Zone»), à la chanson en quintils d'octosyllabes («La Chanson du mal aimé»); du faux sonnet («Les Col­ chiques») au poème dramatique («Le Larron»).

Parfois les vers s'organisent en strophes (quatrains, tercets, sizains), parfois non; tantôt ce sont des vers pairs, tantôt impairs, ou les deux se mêlent; Apollinaire pratique la rime, mais aussi fré­ quemment la simple assonance.

Une grande liberté souffle sur ce recueil, à juste titre considéré comme un manifeste de la poésie moderne, ce qui ne l'empêche pas de résonner des échos du grand lyrisme occidental.

Les hésitations sur le titre s'expliquent par le changement de nature du projet : Le Vent du Rhin convenait aux poèmes «rhénans», ceux que le poète avait tirés de son séjour d'un an (août 1901-août 1902) en Allemagne; Eau-de-vie tient compte de l'intégration d'autres poèmes à ce premier ensemble.

Alcools évoque le même imaginaire : l'ivresse, lieu commun de la poésie (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, à leur façon, l'avaient traité), qui vient aussi bien du vin, de la bière, des étoiles (que le poète «boit»), que de l'amour qui enivre, donne une unité puissante au recueil.

Le pluriel suggère directement qu'un homme consomme bien des sortes d'alcools au long de sa vie, parce qu'ils sont les seuls moyens de supporter la mélancolie du «mal-aimé».

Le premier poème, «Zone» inscrit directement les titres envisagés dans le texte : Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie.

Le dernier poème,« Vendémiaire» atteste que c'est bien vers les vendanges et vers l'ivresse que le lecteur est conduit (Vendé­ miaire, premier mois du calendrier révolutionnaire, correspond à la période du 22 septembre au 21 octobre du calendrier grégorien, soit le mois des vendanges) par le poète qui proclame: «Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers».

c -Liens avec l'ensemble de l'œuvre d'Apollinaire L'œuvre d'Apollinaire est très diverse: s'il a écrit beaucoup de textes poétiques, il a été aussi un conteur fécond (I.:Hérésiarque et Cie, Le Poète assassiné), un dramaturge original (Les Mamelles de Tirésias sont un drame surréaliste, Couleur du Temps une pièce lyrique qui parle de guerre, d'amour, d'avenir et de mort), un journaliste et un critique d'art (l'un des premiers à avoir écrit sur les peintres cubistes).

Il ne s'agit pas de chercher à tout prix une unité dans une œuvre qui a été, aussi, alimentaire et toujours tentée par l'accumulation, le fatras mythologi­ que et religieux.

Mais, outre les rapprochements qu'on peut faire entre certaines techniques picturales et plusieurs poèmes d'Alcools, on voit passer dans le recueil des figures légendaires, des mythes, des obsessions profondes qui circulent d'œu­ vre en œuvre et dessinent un monde personnel puissant : le goût du surnaturel et 205. »

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