Anne de Bretagne

Anne n'avait pas douze ans lorsque la mort de François II, son père, la fit duchesse de Bretagne, mais elle avait déjà le goût et le sens de l'autorité. Plus agréable que belle, avec un visage ovale, le nez fin, de grands yeux clairs, et une légère claudication, elle possédait une culture rare, aimait la poésie, et parlait avec la même aisance le français, l'anglais et le breton. Les prétendants ne manquaient ni à cette jeune souveraine ni à son bon duché. Elle choisit Maximilien de Bavière, héritier du Saint-Empire romain germanique et l'épousa par procuration. Mais les États de Vannes se déclarèrent mal satisfaits. De son côté, Charles VIII recevait de sa soeur la régente le conseil de ne pas laisser échapper la Bretagne. Rome annula le mariage et Anne devint reine de France. Elle eut de Charles VIII quatre enfants qui ne vécurent pas ­ et d'aucuns y virent une punition du ciel. Épouse docile d'un prince courageux mais difforme et ignare qui ne lui permit pas de participer au gouvernement de la Bretagne, Anne marqua, à la mort du roi, tous les signes d'un chagrin éternel. Puis elle se retira dans sa province, y battit monnaie et, neuf mois plus tard, épousa Louis XII qui n'avait cessé, duc d'Orléans, de lui témoigner un attachement profond. Rome avait dû encore une fois intervenir et autoriser le roi ­ non sans ignominie ­ à répudier, après vingt-deux ans de mariage, sa femme Jeanne de France.