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Accomplir tous ses désirs est ce une bonne règle de vie ?

Publié le 11/08/2005

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Vivre en société, c'est, en effet, apprendre à renoncer à certains de ses désirs. Par exemple si je désire ce que l'autre possède, et que je ne tiens pas à y renoncer, alors j'entrerai avec lui dans une relation conflictuelle: il sera mon rival voir mon ennemi.             b)         Etre moral c'est aller contre mes premiers désirs. La morale est en contradiction avec le principe de plaisir. Paul Valéry écrit: " La morale est une sorte d'art de l'insatisfaction des désirs de faire ce qui ne plaît pas et de ne pas faire ce qui plaît. Si le bien plaisait, si le mal déplaisait, il n'y aurait ni morale, ni bien, ni mal."             c)         On peut penser aussi aux exercices d'ascèse qui consiste à se retirer d'une vie de plaisirs futiles pour une vie plus spirituelle et plus profonde. Satisfaire tous ses désir est une règle de conduite incompatible avec la vie juste. Mais cela signifie-t-il que la vie juste soit synonyme d'absence de désirs? Est-ce que le bonheur consiste vraiment à une satisfaction sans condition de tous les désirs?

Analyse du sujet:              Il faut commencer par bien distinguer deux façons de concevoir l'expression "règle de vie".            D'un premier point de vue, une règle de vie peut signifier une règle que l'on adopte pour être heureux. L'expression possède dans ce cas une forte connotation pragmatique. Est-ce que si je vise le bonheur, accomplir tous mes désirs est la bonne règle à adopter?                         D'un second point de vue, il s'agit d'une règle adopter pour  bien me conduire. Cela relève d'un impératif moral. Bien me conduire est, dans ce sens, obéir à des règles morales.             Ainsi peut-on constater que le sens de règle de vie dépend de ce que l'on considère comme le plus important entre une vie de plaisir et une vie morale. Est-ce que la fin (le but) de vie d'un homme consiste dans la satisfaction de ses désirs ou dans un devenir vertueux. A priori, il y aurait un conflit entre les deux.

            De plus, il ne faut pas manquer de remarquer le caractère antithètique entre "règle de vie" et "accomplir tous ses désirs". En effet, se donner pour règle de vie d'accomplir tous ses désirs signifie que je ne donne justement pas de règles à mes désirs. Il faut ensuite bien comprendre le terme de "désir" : est-ce que le désir c'est je que veux? Ou est-ce que le désir ne peut pas me pousser parfois à faire ce que je ne veux pas? Ne suis-je pas parfois prisonnier de mes désirs? Accomplir tous ses désirs revient d'une part à ne pas prendre en considération les conséquences que cela peut avoir sur autrui mais également, d'autre part, sur moi-même. Problématisation:               Ainsi, il faut se mettre d'accord sur la fin que l'on se donne et plus généralement, sur la finalité de l'existence. En philosophie, on considère classiquement que le bonheur est la recherche universelle de l'homme. Or, satisfaire ses désirs procurent un plaisir certain. Mais, cependant les satisfaire tous sans condition, est-ce une bonne règle de vie pour atteindre le bonheur ? Y a-t-il réellement contradiction entre le bonheur et la satisfaction des désirs? 

 

« Satisfaire tous ses désir est une règle de conduite incompatible avec la vie juste.Mais cela signifie-t-il que la vie juste soit synonyme d'absence de désirs? Est-ceque le bonheur consiste vraiment à une satisfaction sans condition de tous lesdésirs? 3.Accomplir tous ses désirs ne peutêtre une règle de vie même si on nevise que le bonheur.

a) Hobbes décrit l'état denature comme un état où les hommessont en guerre les uns contre les autres,où ils s'entredéchirent.

Or, les hommesne sont pas heureux dans un tel état maisau contraire sont dans une insécurité etdonc dans une anxiété permanente.

Ilfaut bien renoncer à certaines choses sil'on veut pouvoir vivre en paix.

Donc, nonseulement l'existence d'autrui rendimmoral le fait de satisfaire tous sesdésirs mais, en outre, cette attitude n'estpar une solution judicieuse pour êtreheureux. Hobbes: L'état de nature 1.

L'égalité naturelle entre les hommesTous les hommes sont égaux par leur force et leur intelligence : si je suis moins fort, je puis m allier avec d'autres faibles, ou bienruser pour l'emporter contre celui qui est apparemment plus fort que moi ; je suis également persuadé d'être plus malin que monvoisin, mais lui aussi est persuadé de la même chose.

Or il n'y a pas de meilleur signe d'égalité que lorsque chacun est satisfait de sapart. 2.

Les conséquences néfastes de cette égalité naturelleL'état de nature est le règne des désirs et du droit de tous sur toutes choses : il n'y a pas de loi, il n'y a que des droits sans limitation,sinon la force de celui qui m'empêchera de prendre ce que je désire.

C'est pourquoi je vis sous la menace permanente de la mortviolente du fait d'autrui, pour peu qu'il désire le peu que j'ai réussi à m'accaparer.

Cette condition naturelle de l'humanité est rude, ence que chacun a un droit sur toutes les choses, puisque rien, sinon un état de fait, ne lui interdit de s'emparer de ce qu'il désire : c'estun état de menace permanente, une guerre de chacun contre chacun qui est peu propice au travail et au confort qui doit en résulter. b) Cependant, même si l'on met entre parenthèse autrui, satisfairetous ses désirs reste une perspective chimérique.

Le principe de plaisir chezFreud consiste à se laisser aller à tous ses désirs mais celui-ci se heurte auprincipe de réalité.

Il y a donc des barrières naturelles (et non pas seulementmorales) qui empêchent de se livrer à tous ses désirs.

Si le désir est vital, lalimite au désir l'est tout autant.

La prudence impose de sélectionner les désirs àsatisfaire.

c) Enfin le désir n'est jamais satisfait, me livrer à mes désirs,même si cela était possible, cela consiste selon une métaphore de Platon àremplir des vases percés.

Platon écrit: "L'autre homme (...) aurait le moyen de se procurer, non sans peine, des liquides divers, mais ses tonneaux seraient enmauvais état et fuiraient, de sorte qu'il serait forcé de travailler nuit et jour à lesremplir, sous peine des plus dures privations. " Il est de bon ton de condamner le plaisir.

Platon , dans le « Gorgias », affirme ainsi qu'une vie réglée contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte et préférable à une existence inassouvie et sans frein.

L'homme quientend mener une vie de plaisir est comparable à un tonneau percé qu'il faudrait constamment remplir : à peinesatisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.

Mais fixer son attention sur le plaisir, c'est, surtout, s'attarder surles objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nous mettre en contactavec l'éternité.

On retrouve cette idée chez Saint-Paul qui affirme que seul le renoncement aux appétits du corps et aux plaisirs suscités par la vie matérielle et sociale permet d'atteindre cette pureté intérieure qui rapproche lacréature de Dieu.

Un tel ascétisme repose sur une opposition absolue entre le corps et l'âme, le charnel et lespirituel, et peut parfois aller jusqu'à la mortification du corps.Hegel , de son côté, considère que la jouissance oisive ne peut donner à l'homme la satisfaction complète et définitive, car elle reste purement subjective et n'a pas de « vérité », de réalité objective, révélée à tous.

Vouer sa vie au plaisir, c'est aussi renoncer à créer quelque chose de stable, de durable en dehors de soi, et ne pouvoir doncsurmonter son angoisse de la mort.. »

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