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Accomplir tous ses désirs est - ce une bonne règle de vie?

Publié le 12/01/2005

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Et par voie de conséquence, accomplir tous ses désirs serait le secret du bonheur. Une vie heureuse serait celle où l'on a su satisfaire tous ses désirs, ou au moins une proportion acceptable d'entre eux. En ce sens, accomplir tous ses désirs est la règle de vie la plus spontanée, la plus évidente, la plus naturelle (au sens fort du terme), que l'homme puisse adopter! En quel sens s'agit-il d'une règle de vie, et en quoi consiste-t-elle? Il s'agirait en quelque sorte de toujours garder en tête le but poursuivi, de bien savoir ce qu'on veut (le plus grand nombre de plaisirs possible), et de tout mettre en oeuvre, aussi bien sa volonté que son intelligence, pour y parvenir sans faiblir. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: de disposer d'un critère, d'un repère qui me permette, en toute circonstance, de ne pas perdre mon but de vue, de ne pas se disperser. Faire de la satisfaction de ses désirs une règle de vie ne fait qu'ériger en but volontaire et conscient ce qui pourrait rester à l'état de simple tendance inconsciente, de projet vague, de velléité. Savoir ce que je veux dans la vie me permet de toujours agir en conséquence sans rien sacrifier. Par exemple, à l'existence des autres autour de moi. Toute faiblesse en ce domaine ne serait qu'une hypocrisie: renoncer à satisfaire un désir, sacrifier un plaisir proche à l'opinion des autres ou à leur confort m'apparaît désormais pour ce que c'est, pour une soumission à la morale régnante.   On voit donc que prendre comme règle de vie de toujours accomplir ses désirs est tout à fait naturel: c'est le moyen le plus sûr d'arriver à ce que je veux à travers tout ce que je fais: le bonheur.

« En effet, si cette règle de vie n'était pas toujours applicable, si elle admet des exceptions dans sa mise en oeuvre,elle ne vaudrait plus grand chose comme règle.

Par sa nature de règle, elle doit être toujours applicable. Et il y a plusieurs reproches qu'on peut lui faire à ce titre. Tout d'abord, il semble bien que le désir peut être impossible à satisfaire.

Par exemple, je peux désirer deux chosescontradictoires, être à la fois grand et petit, blond et brun...

Contrairement à la volonté, le désir n'a pas de règle.

Etsurtout, on peut très bien désirer quelque chose sans vouloir se donner les moyens de l'obtenir: je peux désirer êtreimmensément riche, mais sans travailler! A partir de là, il apparaît que si satisfaire tout ses désirs est la clé du bonheur, cette clé ouvre aussi celle dumalheur.

Avoir des désirs, c'est aussi, éventuellement ne pas pouvoir les satisfaire tous, il y en aura toujours un queje ne pourrai pas satisfaire en fin de compte qui va enlever leur éclat à tous ceux qui seront à ma portée. Tout désir comporte quelque part une portion d'imaginaire: il est plus proche de l'imaginaire que du réel où je doispourtant l'accomplir. Mais ce n'est peut-être, après tout, qu'une critique de mauvaise foi? Au fond, ce qui compte, c'est de pouvoir detemps en temps arriver à éprouver du plaisir, ce qui n'est possible qu'en accomplissant un ou des désirs! Mais même ce lien du désir au plaisir peut être retourné comme une critique contre le désir.

Comme le fait remarquerSchopenhauer dans le monde comme volonté et comme représentation , "Il n'y a pas de satisfaction qui d'elle-même et comme de son propre mouvementvienne à nous; il faut qu'elle soit la satisfaction d'un désir.

Le désir, en effet,est la condition préliminaire de toute jouissance.

Or avec la satisfaction cessele désir, et par conséquent la jouissance aussi".

Le désir est donc en unpremier temps la condition pour qu'il y ait plaisir, mais ensuite, arrivé à cettejouissance, sa disparition ôte au plaisir ce qui en faisait le prix.

Le désir estune promesse de plaisir, mais ce plaisir est toujours reporté à plus tard, lapromesse n'est jamais tenue.

C'est pourquoi l'homme ne fait que passer de désir en désir, à l'infini . Il semblerait donc qu'il serait vain d'attendre de la satisfaction de tous sesdésirs une forme quelconque de bonheur. A moins qu'il ne faille, avec Epicure, distinguer parmi les désirs ceux qu'onpeut satisfaire et ce qui ne peuvent en aucun cas obtenir satisfaction. En effet, dans la Lettre à Ménécée , Epicure conseille, pour arriver à la vieheureuse, de ne pas satisfaire tous ses désirs, mais seulement certainsd'entre eux , de satisfaire tous les désirs mais d'une classe particulière dedésirs.

Il faut éviter les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires, comme ledésir de gloire ou d'immortalité.

Ce désir est un désir vain par excellence, undésir vide.

A fuir également, les désirs naturels mais non nécessaires: il estnaturel de désirer manger quand on a faim, boire quand on a soif, mais peuimporte ce qu'on mange pourvu que le désir soit satisfait.

Le désir portenaturellement sur un besoin, pas sur un objet particulier pour satisfaire cebesoin.

Les désirs naturels et non nécessaire sont ceux où l'imagination faitde l'objet du désir une fin en soi, et dès lors on n'en aura jamais assez.

Sibien que ce désir ne s'éteint jamais, il renaît de ses cendres, toujours plusfort, plus pressant.

On peut le comparer à un trou qui se creuse au fur et àmesure qu'on le remplit.

Ce désir naturel et non nécessaire est en fait laperversion du seul bon désir, le désir naturel et nécessaire: il consiste à nepas se rassasier du plaisir que nous donne la satisfaction du désir naturel etnécessaire.

Comme on prend plaisir à manger, on va exiger une nourrituretoujours plus élaborée, alourdie par les épices et les sauces, et en mangerjusqu'à l'écoeurement, où le plaisir devient une souffrance (maux de ventre). De sorte que l'on voit que ce qui fait la perfection de certains désirs parmi d'autres, c'est d'avoir une limite naturelle: manger jusqu'à un certain point et pas plus loin.

Savoir distinguer entreles désirs qu'on peut satisfaire et ceux qui ne peuvent pas être satisfait, voilà l'acte fondateur de la vie heureuse. Nous avons donc vu que vouloir satisfaire tous ses désirs est le plus sûr moyen de ne jamais arriver au bonheur.

Parcontre n'en satisfaire que quelques uns, savoir discerner parmi ses désirs, c'est sans doute là la meilleure règle devie possible.

Mais n'y en a t il pas d'autres possibles? Est-ce nécessairement la seule bonne ? Une "bonne" règle de. »

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