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A-t-on besoin d'utopie ?

Publié le 07/08/2005

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Si l'homme peut prendre conscience de sa mortalité, la construction de fables et de récits eschatologiques (qui lui assurent la vie dans l'au-delà, par exemple) lui permet de conjurer cette angoisse. En ce sens, l'utopie apparaît vitale pour permettre à l'homme de continuer à vivre, à supporter l'existence.   III - Nietzsche et la critique de l'idéal ascétique  Pour Bergson, le besoin d'utopie apparaît donc, sous l'espèce de la fonction fabulatrice, comme un besoin vital, une manière d'assurer la perpétuation de la vie, malgré l'homme et ses réticences rationnelles. Cependant, ce point de vue va être mis en question par la critique nietzschéenne de l'idéal ascétique. Derrière la notion d'idéal ascétique transparaît bien la thèse d'un idéal, d'une utopie, d'une chimère qui agite l'esprit des hommes, dans le but de les détourner de l'essentiel. Nietzsche reconnaît bien, comme Bergson, qu'il y a derrière l'utopie un besoin de réconfort et de sécurité. Toutefois, il se refuse à faire de ce besoin le signe de toute vie ; précisément, Nietzsche considère que le besoin d'utopie est le signe d'une vie faible, d'une vie malade, qui ne supporte pas la vie telle qu'elle se présente. En effet, pour Nietzsche, l'idéal, l'utopie revient à bâtir un monde en contradiction avec le nôtre : alors que tout est changeant et en devenir, l'utopie présente un monde stable et sans cesse reconnaissable ; tandis que nous luttons, l'utopie nous propose une vie collective où tous les hommes vivent dans l'amour mutuel ; tandis que nous souffrons, l'utopie nous promet le bonheur. Bref, l'utopie n'exprime que le besoin de réconfort qu'une vie déclinante éprouve pour survivre. De ce point de vue, la vie collective qu'elle est propose en est un symptôme.

Avant d’être un nom commun, synonyme de chimère, de rêve ou de projet irréalisables, l’utopie est d’abord le nom d’une œuvre et, par glissement de sens, celui d’un genre littéraire ; on parle ainsi des utopies de Saint-Simon, d’Owen, de Fourier, etc. Or, d’une manière générale, les utopies possèdent une teneur sociopolitique, critiquant les maux de la société et proposant une alternative dans un nouveau modèle de société. Cependant, s’il faut nous interroger sur la teneur de l’utopie comprise en ce sens, la présence du terme « besoin « dans notre libellé nous invite à prendre en considération l’utopie en un sens large, comme structure de l’imaginaire. L’utopie n’est alors pas très éloignée de l’idéal, c’est-à-dire de la perfection rêvée aussi bien de ce qui masque ou voile la réalité, pour rependre les mots de Nietzsche. De ce point de vue, si l’utopie politique se veut réformatrice et progressiste, l’utopie-idéal pourrait renvoyer à un mécanisme de défense, une manière instinctive de fuir le réel, car qu’évoque le besoin si ce n’est une exigence vitale.

« III – Nietzsche et la critique de l'idéal ascétique Pour Bergson, le besoin d'utopie apparaît donc, sous l'espèce de la fonction fabulatrice, comme un besoin vital, une manière d'assurer laperpétuation de la vie, malgré l'homme et ses réticences rationnelles.Cependant, ce point de vue va être mis en question par la critiquenietzschéenne de l'idéal ascétique.

Derrière la notion d'idéal ascétiquetransparaît bien la thèse d'un idéal, d'une utopie, d'une chimère qui agitel'esprit des hommes, dans le but de les détourner de l'essentiel.

Nietzschereconnaît bien, comme Bergson, qu'il y a derrière l'utopie un besoin deréconfort et de sécurité.

Toutefois, il se refuse à faire de ce besoin le signede toute vie ; précisément, Nietzsche considère que le besoin d'utopie est lesigne d'une vie faible, d'une vie malade, qui ne supporte pas la vie telle qu'ellese présente. En effet, pour Nietzsche, l'idéal, l'utopie revient à bâtir un monde en contradiction avec le nôtre : alors que tout est changeant et en devenir,l'utopie présente un monde stable et sans cesse reconnaissable ; tandis quenous luttons, l'utopie nous propose une vie collective où tous les hommesvivent dans l'amour mutuel ; tandis que nous souffrons, l'utopie nous prometle bonheur.

Bref, l'utopie n'exprime que le besoin de réconfort qu'une viedéclinante éprouve pour survivre.

De ce point de vue, la vie collective qu'elleest propose en est un symptôme. De fait, qu'il s'agisse des utopies de Platon, de More et de Saint-Simon ou du christianisme, comme religion pourvoyeuse de mythes, il en ressort lapromesse constante d'une vie collective harmonieuse, d'une vie heureuse qui s'adresserait à tous.

Or, pourNietzsche, tel est le signe d'une vie faible, prête à accepter des valeurs applicables à tous, au lieu de créer elle-même ses propres valeurs.

L'utopie, sous l'espèce d'une croyance de masse (Nietzsche parle de « troupeau »),répond donc au besoin d'une vie essoufflée de se reposer sur les autres et de trouver dans un récit qu'elle reçoitl'espérance de conditions plus favorables.

Conclusion : Ainsi, l'utopie possède primitivement un sens politique et elle correspond à la proposition d'un gouvernement idéal,d'une réorganisation de la société sur des bases plus justes et rationnelles.

De ce point de vue-là, elle peut exprimerle désir de changer les choses, dans une visée réformiste, plus que le besoin d'idéaliser le monde.

Cependant, nousavons vu avec Bergson, qu'en tant que structure de l'imaginaire, l'utopie pouvait correspondre à la fonctionfabulatrice, c'est-à-dire à un besoin de la vie d'assurer par la ruse sa propre pérennité.

Avec Nietzsche, enfin, nousavons examiné ce besoin sous l'angle d'une vie faible ; en effet, l'acquiescement aux conditions terrestres etactuelles de l'existence, n'excite en rien la nécessité de se bercer d'illusions, autrement dit de forger des idéaux etdes utopies pour rendre la vie plus vivable.. »

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