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Mythologie - Schelling

Mythologie

• Religion immémoriale du genre humain (Chine exceptée). La mythologie est foncièrement théogonie, ou histoire des dieux, plutôt que doctrine des dieux, dont les représentations nécessaires se sont imposées à la conscience humaine.

•• La mythologie fait partie aux yeux de Schelling des « grandes questions décisives pour l’humanité ». L’univers de la mythologie n’est autre que l’univers tel qu’il se découvre, en sa « vérité objective », à la conscience originaire, frappée de stupéfaction. Ce n’est pas l’histoire d’un peuple qui en détermine la mythologie, c’est, à l’inverse, sa mythologie qui le fait lui, qui en préfigure l’histoire et en tisse le destin, le rôle que ce peuple est appelé à jouer sur la scène du monde, de même que sa langue le fait naître à lui-même. Schelling, on l’a dit à juste titre, s’intéresse moins aux mythes qu’à la mythologie, laquelle est au moins autant construite que donnée. La mythologie contient en elle-même les conditions de sa propre intelligibilité, elle est à elle-même sa propre explication, à condition que l’on sache en repérer le fil conducteur. Homère, Hésiode, Plutarque ont donc en quelque sorte déjà fait le travail, la mythologie grecque jouissant d’une situation privilégiée, en tant qu’elle-même interprète des autres mythologies. Les mythologies des différents peuples ne sont que divers moments de la mythologie universelle. La philosophie de la mythologie annexe bien en quelque façon la mythologie à la philosophie, fût-ce en s’effaçant devant elle, c’est-à-dire au prix d’un singulier « élargissement » de la philosophie, comme philosophie de la mythologie. Autant dire que le mythologue n’est pas un simple mythographe (XII, 663). Schelling peut dès lors se flatter d’avoir démêlé, dans l’écheveau des mythologies, un fil directeur et des principes, par un nemo ante me dont il est à vrai dire coutumier : « Il n’existe aucune théorie à ce jour qui explique aussi nettement la mythologie, non pas seulement en général, mais en toutes ses ramifications et en tous ses traits » (XII, 670).

••• Intermédiaire et médiatrice entre la philosophie et l’art, la mythologie apparaît comme un procès exotérique. La philosophie de la Mythologie — sur laquelle « se fonde » la philosophie de la Révélation — apparaît tout d’abord comme une enclave au sein de la philosophie de l’Art, où les dieux sont à l’art ce que les idées sont à la pensée, et inversement (§ 28). Si la mythologie se présente comme la quête incessante d’un dieu perdu, elle s’accomplit et s’intériorise dans les Mystères (de Déméter et de Dionysos) sous les voiles d’Eleusis, qui concluent l’odyssée de la conscience dont Perséphone, clef du procès théogonique, est le nom propre. Les figures de la mythologie se laissent démasquer comme autant de puissances qui en scandent le procès. Schelling mythologue a eu des précurseurs, tels que Creuzer, Görres, Karl Philipp Moritz, mais aussi des épigones, comme Walter Friedrich Otto et, dans une moindre mesure, Ernst Cassirer.

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