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MIRACLE

MIRACLE, n.m. ♦ 1° Ce terme vient d’un mot qui signifie «admiration», «étonnement». Ces deux sentiments surgissent devant un phénomène dont la cause est inconnue. Mais une cause peut être inconnue par suite de l’ignorance. — Un fait est miraculeux, au sens strict du mot «miracle», si et seulement si l’action divine l’accomplit en dehors de toutes les causes naturelles : Dieu agit alors directement dans sa toute-puissance de Cause Première, sans nulle action des causes secondes (c’est-à-dire hors des lois naturelles, connues ou non, au sens 1°/ du terme «loi»). C’est un fait divin qui, montrant clairement la toute-puissance et la science infinie de Dieu, est un signe très sûr de la révélation divine, signe accommodé à l’intelligence de tous les hommes (Concile de Vatican I, Dentzinger 1790/3009). Autrement dit, le miracle n’est pas une sorte de prodige étourdissant, brutal - mais c’est un signe (saint Jean emploie le terme sêmeïon = signe) : un signe direct, donné par Dieu, dans un fait réel, pour nous révéler quelque chose en vue de notre salut. Ce n’est pas un prodige magique ; ce n’est pas non plus un fait subjectif, lié à la foi d’une conscience particulière (thèse moderniste), car il s’adresse en droit à tous les hommes : signe réellement donné par Dieu, le miracle est objectivement reconnu par l'Eglise. ♦ 2° C'est donc par impropriété que l'on emploie le terme «miracle» pour désigner un prodige, un événement surprenant, une sorte de hasard heureux (Il a échappé à la mort par miracle). Ce qui est en cause ici, c'est la conception de la Providence.
MIRACLE
Selon la théologie chrétienne, événement imprévisible et inexplicable ne relevant d’aucune loi connue de la nature dans la mesure où il manifeste l’action directe de Dieu. Le miracle appartient ainsi à un ordre supérieur, ce qui le distingue d’un phénomène simplement magique. L’explication déterministe est amenée à le réfuter.
miracle/mystère
Théâtre du Moyen Âge. Miracle : pièce courte qui met en scène le secours apporté par un saint à l'un de ses fidèles en péril. Mystère : représentation qui met en scène les épisodes principaux de la vie du Christ ou d'un saint.
Commentaire Genre religieux très en vogue au xive siècle, le miracle a été détrôné au XVe siècle par le mystère. Ces deux genres, proches par leur inspiration, soulignent l'importance des représentations religieuses dans Fimaginaire collectif de Fépoque. Mais le mystère satisfait davantage le public du XVe siècle par sa thématique (vie des saints sur terre et dans l'au-delà), par l'association de plus en plus marquée du sacré et du profane, enfin par la place très importante accordée à la mise en scène et aux effets spéciaux.
Citation Mystère. Le public attend d'abord un spectacle pour les yeux. Avant le jeu, les acteurs défilent dans la ville (c'est la monstre} et font admirer les riches costumes qu'ils ont généralement fournis. Parfois on promène pareillement des décors, qu'on installe au dernier moment sur le plateau : s'ils ont existé, les décors fixes ont été l'exception, les décors à étages relèvent de la légende. On recourt à des machines de plus en plus complexes et nombreuses : « voleries » pour faire monter et descendre des anges, trappes où disparaissent personnages et décors, d'où sortent les « corps feints » des martyrs qu'on torture, canons et autres engins à feu et à bruit pour l'enfer, instruments de musique, etc. (Jean-Pierre Bordier, « le Jeu dramatique », in Daniel Poirion, Précis de littérature française du Moyen Age.)
miracle (du lat. mirari, s'étonner), phénomène qui ne s'explique pas par des causes naturelles. — On n'expliquait pas, au temps de Descartes, le fait de l'arc-en-ciel, et on le tenait par là même pour un miracle, une manifestation divine; en ce sens, la sphère des miracles tend à se rétrécir avec les progrès de la science; la science atomique explique même la transmutation des corps. Mais le véritable miracle, du point de vue religieux, ce n'est pas le miracle extérieur, c'est le miracle intérieur de la grâce, du repentir, de la conversion spirituelle. En ce sens strict et rigoureux, l'existence ou la non-existence du miracle ne saurait avoir aucun rapport avec les progrès du déterminisme dans les sciences.


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